Les violences sexuelles, des crimes qui ne sont pas toujours condamnés

PHOTO/MARGARITA ARREDONDAS - Kibbutz Kfar Aza tras el ataque de Hamás
Le kibboutz Kfar Aza après l'attaque du Hamas - PHOTO/MARGARITA ARREDONDAS
La bataille de l'histoire est déjà consubstantielle à chaque guerre, au point de transformer les victoires militaires en défaites de l'opinion publique, avec des conséquences très durables dans le temps dans les relations entre les peuples

À l'approche du 300e anniversaire de la guerre de Gaza, les images choquantes de l'énorme destruction de la Bande, de l'exode de ses plus de deux millions d'habitants vers des zones moins dangereuses s'accumulent lorsque les forces israéliennes entreprennent des opérations successives pour capturer ou éliminer des dirigeants ou combattants du Hamas, systématiquement classés terroristes par Israël, tout en étant salués comme des victimes ou des héros dans les médias plus enclins à la cause palestinienne.

La guerre actuelle à Gaza commence le 7 octobre, lorsque le Hamas lance son opération commando la plus spectaculaire, attaquant un festival de musique en plein air et deux kibboutzim. En termes purement statistiques, l'offensive a fait 1 200 morts, plus de 3 000 blessés et 250 citoyens pris en otage par les assaillants à leur retour à Gaza.

Israël lance dès le lendemain l'opération de représailles planifiée par le cerveau de celle-ci, Yahya Sinwar, avec l'assentiment de son chef, Ismail Haniyeh, et évidemment bénie par le régime iranien, mentor de toute organisation ou milice anti-israélienne qui souscrit à la volonté du fondateur de la République islamique, l'Ayatollah Ruhola Khomeiny, de faire disparaître l'État d'Israël. Les objectifs déclarés par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, au début de la contre-attaque sont : la libération des otages et l'anéantissement total du Hamas. Près de 300 jours plus tard, aucun de ces objectifs n'a été pleinement atteint, alors que la prolongation de la guerre a entraîné la réduction en ruines d'au moins 60% des bâtiments, installations et infrastructures de Gaza, mais surtout, dans la création d'un récit clairement défavorable à Israël, qui a vu son soft power considérablement affaibli, c'est-à-dire le prestige mondial acquis pour ses indéniables avancées dans tous les domaines de la science et de la technologie, au sein d'un État de droit démocratique. Le grand nombre de victimes palestiniennes publié quotidiennement par les autorités du Hamas qui gouvernent Gaza-38 000 morts et 88 000 blessés à ce jour-contribue de manière décisive à qualifier les représailles des Isareli de grossièrement disproportionnées.     

En remontant au 7 octobre, à l'origine du déclenchement de cette guerre, il y avait sans doute des crimes qui semblent avoir disparu des partis, chroniques et reportages traitant de ce conflit : ceux commis contre des femmes israéliennes ou des femmes d'autres nationalités, toutes réunies sous le dénominateur commun d'être juives.   

 

Profesora Ruth Halperin-Kaddari, la investigadora de los crímenes sexuales cometidos por Hamás el 7 de octubre - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ
Le professeur Ruth Halperin-Kaddari, l'enquêtrice des crimes sexuels du Hamas, le 7 octobre - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ

Nous avons eu l'occasion d'en parler avec la professeure Ruth Halperin-Kaddari, experte reconnue en droit de la famille, critique féministe du droit juif et des droits internationaux des femmes. Cette fondatrice du Centre Rackman pour l'Avancement de la Condition féminine à l'Université Bar-Ilan, s'est arrêtée à Madrid, pour se souvenir “des crimes sexuels commis par le Hamas. "Des crimes qui, à son avis, n'ont aucune condamnation, du moins de la part des multiples organisations internationales qui devraient les poursuivre et qui gardent un silence strident.   

Sans hausser le ton, mais avec une fermeté extraordinaire, Ruth Halperin-Kaddari procède à une collecte approfondie de données et de preuves des crimes sexuels commis par le Hamas. Sans s'étendre sur les aspects les plus durs et les plus sombres, il dit qu'il a déjà suffisamment de preuves pour conclure que cette violence sexuelle était un élément fondamental de la stratégie d'attaque : des corps mutilés, des tirs à bout portant sur les organes génitaux féminins, en plus des corps de nombreuses femmes retrouvées dans des positions sans équivoque d'avoir subi une agression sexuelle avant de se faire égorger ou décapiter, constituent l'arsenal de preuves de tels crimes. Sa réponse à la question de savoir pourquoi, pourrait être commune à celle de tant d'épisodes similaires dans toutes les guerres : "Les femmes étaient une cible fondamentale car elles représentent la création de la vie, ce qui pour le Hamas se traduit par de nouveaux citoyens ennemis à l'avenir." 

Le chercheur craint que les femmes kidnappées qui sont encore aux mains du Hamas soient également soumises à des agressions sexuelles constantes pendant leur captivité, une souffrance que leurs proches jugent insupportable et qui marquera leur vie à jamais.    

Alors que des droits déjà reconnus et plus que consolidés sont revendiqués dans cet Occident, sans doute pour que pas mal de bars de plage et de prétendus observatoires féministes restent debout, le silence des organisations internationales qui n'élèvent pas la voix contre ces agressions, véritables crimes de guerre, est en effet très frappant.   

Dans l'une de ses meilleures phrases, le camarade Staline a déclaré “qu'un crime est une tragédie, mais un million de meurtres n'est qu'une statistique. "Il semble que des personnes comme la professeure Ruth Halperin-Kaddari ne souhaitent pas que les crimes sexuels en tant qu'arme de guerre ne restent pas sans condamnation, à commencer par celle de l'opinion publique.