Sharjah et ses efforts pour récupérer et préserver la langue arabe

- 14 millions de mots arabes
- Une étape importante pour le monde arabe
- L'utilisation de l'intelligence artificielle
- Un héritage incontestable
L'arabe est la cinquième langue la plus parlée au monde, derrière l'anglais, le chinois mandarin, l'hindi et l'espagnol. Elle passerait à la troisième place si l'on considère le nombre de pays dont elle est la langue officielle, une liste qui serait complétée par l'anglais.
La langue est un grand trésor, un patrimoine dont il faut prendre soin et qu'il faut protéger, pour éviter qu'au fil du temps les mots les plus galvaudés ne finissent par se perdre ou, en d'autres termes, pour préserver toute la richesse linguistique et tout ce qu'elle implique. Dans l'Émirat de Sharjah, dont les efforts pour se positionner à l'avant-garde de la défense de la culture ne cessent, il était clair pour eux, et avec le soutien personnel et institutionnel du gouverneur Dr. Sultan bin Mohammed al-Qasimi, en décembre 2016 par décret, un projet ambitieux a été lancé : le Dictionnaire historique de la langue arabe.

14 millions de mots arabes
La Foire internationale du livre, qui se tient jusqu'au 17 novembre au Parc des expositions de l'Émirat, a été le lieu de présentation de ce magnifique ouvrage, où il a été possible de constater que ce projet est désormais devenu réalité. Le résultat : 127 volumes contenant quelque 14 millions de mots arabes documentés au cours de 17 siècles.

La compilation, l'élaboration, la documentation et la publication de cette grande œuvre a duré de 2017 à 2024 et a nécessité le travail de 780 personnes, ainsi que la collaboration de différentes institutions arabes, une vingtaine au total, des instituts spécialisés aux universités, académies ou centres de recherche, le tout sous la coordination de l'Académie de la langue arabe à Sharjah. Un véritable défi, aujourd'hui relevé, qui est célébré avec une grande fierté en raison de l'importance de sauvegarder la langue et d'offrir un héritage non seulement linguistique mais aussi culturel aux générations actuelles et futures.

Une étape importante pour le monde arabe
C'est ce qu'ont affirmé Mohammed Hassan Khalaf, membre du conseil d'administration de l'Académie de la langue arabe (ALA), le Dr Mohammed Safi al-Mosteghanemi, secrétaire général de cette institution et directeur exécutif du dictionnaire, et le professeur Mohammad al-Saoudi, rapporteur général de l'équipe jordanienne, qui ont tous contribué à ce « jalon pour le monde arabe » et qui ont partagé les données exprimées.

Lors de la présentation du Dictionnaire historique de la langue arabe dans l'un des halls du Centre d'exposition, les participants n'ont pas tari d'éloges à l'égard du gouverneur émirati, qu'ils ont qualifié de « visionnaire », pour l'intérêt personnel qu'il a porté à ce projet et pour lequel, afin de sauvegarder et de protéger le passé, il a été fait appel à de grandes avancées technologiques, ce qui a permis de le mener à bien plus rapidement et plus efficacement, ont-ils déclaré.
L'utilisation de l'intelligence artificielle
Grâce à cette technologie, les utilisateurs pourront accéder à ce travail par le biais d'une application et sur le site web de l'Académie de la langue arabe de Sharjah. Lors de cette réunion de présentation, il a également été question du « Projet GPT » qui, grâce à l'intelligence artificielle, permet, entre autres avantages, d'établir une plus grande interactivité.
Mohammed Hassan Khalaf a expliqué la grandeur de ce dictionnaire, qui couvre les premiers mots de l'époque préislamique à nos jours, et les avantages obtenus en investissant dans la technologie. Les 127 volumes contiennent 348 400 citations tirées de sources importantes, tant en poésie qu'en prose, et du Livre du Coran et des Hadiths.

Dans le même ordre d'idées, le directeur exécutif du dictionnaire a rappelé que si d'autres tentatives de récupération de la langue avaient échoué auparavant, outre la complexité de l'initiative, c'était également dû au fait que les avancées technologiques nécessaires n'étaient pas disponibles. Mohammed Safi al-Mosteghanemi a souligné que, contrairement aux dictionnaires généraux qui se contentent de refléter le sens des mots, ce dictionnaire historique de la langue arabe « développe les termes arabes depuis leurs premières apparitions dans les inscriptions et les manuscrits à travers les siècles ».
Mohammed al-Saoudi a également pris la parole, qui, à l'instar de ses collègues, a souligné l'ampleur du travail accompli et le soutien reçu de la part de la plus haute autorité de Sharjah. D'autre part, il a précisé que le travail n'était pas terminé, dans le sens où il sera mis à jour et s'enrichira au fur et à mesure de l'évolution ou des changements de la langue arabe.

Un héritage incontestable
C'est ainsi que l'événement s'est achevé, avec la satisfaction non seulement d'un travail bien fait, mais aussi d'avoir contribué à une grande réalisation pour la culture arabe, comme la récupération et la protection de la langue elle-même. Ces 127 volumes constituent sans aucun doute un grand trésor linguistique dont on peut profiter aujourd'hui, même s'il sera certainement encore plus apprécié avec le temps, dans cet avenir où les générations futures prendront conscience du travail méticuleux réalisé par les savants et tous ceux qui ont parié sur ce projet, qui constitue un héritage important et indiscutable. Sharjah le sait et le célèbre.