La baisse des prix des légumes dans le royaume marocain a été conditionnée par la réduction de ses exportations continentales ; une décision qui pourrait coûter cher au pays qui tente de rétablir l'équilibre du marché intérieur et de maintenir sa position de fournisseur important

Baisse des prix des légumes au Maroc suite à la réduction de ses exportations vers l'Afrique

Mercado de verduras en las afueras de Casablanca - REUTERS/YOUSSEF BOUDDAL
Marché aux légumes à la périphérie de Casablanca - REUTERS/YOUSSEF BOUDDAL

Dans le cadre des mesures prises par le gouvernement d'Aziz Akhannouch pour équilibrer le marché intérieur et endiguer la vague de hausse des prix que connaît le pays, le Maroc a décidé de stopper les exportations de certains légumes vers les pays africains afin d'assurer l'autosuffisance du marché en denrées alimentaires essentielles. 

  1. La réduction des exportations fait baisser les prix des légumes  
  2. Augmentation des prix tarifaires  
  3. Le dilemme des exportations et de la demande intérieure  
  4. Mesures de protection et décisions préventives 

La réduction des exportations fait baisser les prix des légumes  

Suite à la réduction des exportations, les marchés hebdomadaires et populaires ont enregistré cette semaine une baisse significative des prix des légumes, notamment la tomate (de 15 à 6 dirhams/kg), la pomme de terre (de 10 à 4 ou 3 dirhams/kg) et l'oignon.

Outre cette baisse significative des prix, la réduction des exportations vers la Mauritanie et les pays africains a permis d'offrir des légumes de qualité dans toutes les villes marocaines.

Augmentation des prix tarifaires  

La suspension des exportations de légumes est due non seulement à la nécessité d'équilibrer le marché intérieur, mais aussi à l'imposition de tarifs douaniers très élevés sur les produits marocains destinés à l'Afrique par les douanes mauritaniennes, en réponse immédiate à la réduction des exportations marocaines vers le marché mauritanien.

Avec cette réduction des exportations, le Maroc cherche, d'une part, à répondre à la demande intérieure en légumes et, d'autre part, à protéger le pouvoir d'achat des citoyens marocains en baissant les prix.

Étant donné que tous les camions passent par la Mauritanie, via le poste frontière de Guerguerat, avant d'achever leur voyage vers le pays africain importateur, les autorités mauritaniennes ont décidé, en fait, d'augmenter les droits de douane sur chaque camion de 28 000 dirhams à environ 60 000 dirhams.

Cette décision a suscité la colère de nombreux importateurs mauritaniens et africains, qui ont demandé l'arrêt temporaire des exportations dans l'attente d'une clarification de la situation globale de ces opérations vitales pour la Mauritanie. 

Los argelinos compran verduras en un mercado abierto en la capital, Argel, el 15 de septiembre de 2022 - PHOTO/AFP
Des Algériens achètent des légumes sur un marché ouvert dans la capitale Alger, le 15 septembre 2022 - PHOTO/AFP

Le dilemme des exportations et de la demande intérieure  

La réduction des exportations n'est pas une mesure nouvelle, mais a été prise par le gouvernement marocain l'année dernière, en février 2023, dans le but de rééquilibrer le marché intérieur. Pour cette raison, le Maroc avait interdit l'exportation de certains légumes pour assurer les besoins du marché intérieur, face à la vague de hausse des prix de la plupart des produits alimentaires.

Comme mesure ferme, l'Etat marocain oblige les exportateurs à privilégier le marché intérieur, ce qui permettra de stabiliser les prix des produits alimentaires, surtout avant le Ramadan.

À cet égard, le gouvernement a également décidé d'assouplir les droits d'importation sur les vaches afin d'encourager les importateurs à approvisionner le marché intérieur en viandes rouges, dans le but de contrecarrer une hausse des prix dépassant les 100 dirhams par kilogramme. 

Imagen de supermercado - PHOTO/FILE
Supermarché image - PHOTO/FILE

Mesures de protection et décisions préventives 

Selon les experts économiques, l'arrêt des exportations de légumes et de fruits vers l'Afrique contribue à la normalisation des prix, car les exportations vers l'Afrique concurrencent la demande intérieure du pays.

En revanche, les exportations vers l'Europe n'affectent pas le marché intérieur car elles répondent à un certain nombre de critères et contribuent à l'apport de devises au Maroc. Elles répondent aux normes requises, dans la mesure où tous les légumes et fruits ne sont pas exportés vers l'Europe. Ce n'est pas le cas des exportations vers l'Afrique, qui entrent en concurrence avec le marché intérieur, notamment en ce qui concerne les tomates, les pommes de terre et les autres légumes de base.

Il est à noter que seulement 18% des légumes et fruits sont destinés à l'exportation, 78% à la consommation intérieure et 4% aux industries alimentaires.

Afin de préserver les intérêts du Maroc, les spécialistes économiques considèrent qu'il ne doit pas perdre sa position sur le marché mauritanien, qui a besoin de l'approvisionnement de certains produits agricoles pour répondre à sa demande intérieure avec des denrées importées essentielles et pour contrôler la hausse des prix.

Le pays nord-africain est confronté à un véritable dilemme s'il ne veut pas perdre sa position sur le marché africain en tant que fournisseur important, tout en ne nuisant pas au pouvoir d'achat des Marocains.

Face à ce problème, il est recommandé d'augmenter la production nationale pour répondre aux besoins des consommateurs marocains, d'une part, et d'avoir une proportion destinée à l'exportation à l'étranger afin de maintenir la durabilité et la présence continue du produit marocain sur le marché africain, d'autre part.

Ce n'est qu'ainsi que le Maroc pourra maintenir sa présence économique sur le continent et renforcer sa vision de pays ambitieux à la recherche de la durabilité et du bien-être de ses citoyens.