Les émissions de sukuk islamiques vont croître à un rythme accéléré en 2024

Les principaux contributeurs à cette augmentation sont les émetteurs d'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, d'Oman, de Malaisie et du Koweït 
Un intercambiador saudí cuenta billetes de rial saudí en una tienda de cambio de moneda en Riad, Arabia Saudí - REUTERS/AHMED YOSRI
Un changeur saoudien compte les billets en rial saoudien dans une boutique de change à Riyad, en Arabie saoudite - REUTERS/AHMED YOSRI

Depuis le début de l'année, on observe une accélération du rythme d'émission des Sukuk islamiques - obligations islamiques - car de nombreuses agences gouvernementales et le secteur privé comptent sur ces outils pour fournir les liquidités nécessaires à la réalisation de leurs projets.   

Les statistiques publiées par l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) montrent que le montant total des émissions de sukuk s'est élevé à 91,9 milliards de dollars au cours du premier semestre de cette année. 

Bien que la valeur des sukuks ait légèrement augmenté par rapport à la même période de l'année dernière, lorsque la valeur des émissions avait atteint 91,3 milliards de dollars, les experts pensent qu'ils assisteront à une nouvelle augmentation au cours du reste de l'année.  

S&P a indiqué dans un rapport publié par l'agence de presse officielle des Émirats arabes unis une augmentation significative de 23,8 % des émissions en devises étrangères. Ces émissions ont atteint 32,7 milliards de dollars à la fin du premier semestre de cette année, contre 26,4 milliards de dollars à la même période en 2023. 

Selon l'agence de notation, les principaux contributeurs à cette augmentation ont été les émetteurs d'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, d'Oman, de Malaisie et du Koweït.

Les données publiées par Fitch Ratings au début de l'année 2024 montrent que la valeur des émissions de Sukuk - qui est un outil de financement important sur les principaux marchés des États arabes du Golfe, de la Malaisie, de l'Indonésie, de la Turquie et du Pakistan - s'est élevée à environ 850 milliards de dollars l'année dernière.  

Bourse d'Abu Dhabi - PHOTO/FILE

"L'agence maintient ses prévisions pour l'émission mondiale de sukuk en 2024 entre 160 et 170 milliards de dollars, y compris les émissions libellées en devises étrangères de 45 à 50 milliards de dollars", a déclaré Mohammed Damak, responsable mondial de la finance islamique chez S&P, cité par Al-Arab.  

L'agence estime que l'amélioration de la trajectoire des taux d'intérêt à moyen terme contribue à soutenir l'émission de sukuk, car elle s'attend à ce que la Réserve fédérale américaine commence à réduire ses taux d'intérêt en décembre 2024. S&P explique que les besoins de financement élevés dans les pays de la finance islamique contribuent à la poursuite du dénouement. 

Les experts des marchés financiers et les analystes économiques sont unanimes pour dire que les sukuks souverains sont devenus la meilleure option de financement alors que les gouvernements arabes font face à des conditions économiques difficiles causées par le ralentissement de la croissance mondiale. 

Dirhams - PHOTO/FILE
Dirhams marocains - PHOTO/FILE

Cependant, l'impact des crises financières varie d'un pays à l'autre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Alors que les pays du Golfe jouissent d'une solidité de crédit qui les aide à attirer des financements par l'émission de sukuk, les pays qui ont connu l'instabilité politique, comme la Tunisie et le Liban, ont du mal à s'engager dans cette voie.  

Quant à l'Égypte et au Maroc, grâce à leur stabilité politique, ils ont la possibilité de tirer parti de cette option, qui pourrait être l'un de leurs principaux outils dans les années à venir.  

D'autre part, les experts de S&P ont abordé l'adoption des lignes directrices de la norme 62 publiée par l'Organisation de comptabilité et d'audit pour les institutions financières islamiques (AAOFI), car elle n'affectera pas les émissions de 2024. 

Banque centrale de Turquie - PHOTO/FILE

Le rapport de l'agence fait également référence aux sukuk durables, dont le volume total d'émission a atteint 5,2 milliards de dollars au cours de la période janvier-juin, tandis que le volume des sukuk durables devrait se situer entre 10 et 12 milliards de dollars cette année.  

L'agence a noté que "80 % des émissions durables au cours des six premiers mois de 2024 provenaient de banques des pays du Golfe, dans le cadre de leur démarche de lutte contre le changement climatique".