L'Arabie saoudite étend sa Vision 2030 avec la création d'une nouvelle compagnie de fret aérien
L'objectif est de faire de l'Arabie saoudite un centre logistique international capable de rivaliser avec Dubaï et Doha.

Le Fonds d'investissement public saoudien, dont les actifs s'élèvent à plus de 925 milliards de dollars, négocie avec les deux principaux constructeurs aéronautiques mondiaux, l'européen Airbus et l'américain Boeing, l'acquisition d'une flotte d'avions-cargos, dans le but de créer une nouvelle compagnie de fret aérien.
Cette démarche du fonds souverain saoudien, révélée par le journal Al-Arab, s'inscrit dans le cadre de Vision 2030, le plan stratégique lancé par le gouvernement saoudien et dirigé par le prince héritier Mohammed bin Salman pour diversifier son économie et réduire sa dépendance au pétrole, et vise à faire du pays un hub logistique international pour contester l'hégémonie de ses voisins Dubaï (Émirats arabes unis) et Doha (Qatar).
Renforcer le transport aérien
Les discussions du Fonds d'investissement public saoudien avec Airbus et Boeing n'en sont qu'à leur début et n'ont pas encore été confirmées par l'un ou l'autre des acteurs. Cependant, cette démarche commerciale est logique et s'inscrit dans la stratégie visant à faire de l'Arabie saoudite un acteur majeur du transport aérien international, rivalisant avec les compagnies aériennes des pays voisins comme le Qatar et les Émirats arabes unis.

Parmi les objectifs du plan Vision 2030 figure le développement du transport aérien de passagers et de fret, transformant l'Arabie saoudite en un centre logistique international, attirant les investissements, soutenant le commerce et favorisant le développement économique, procurant au pays des avantages économiques durables.
En ce sens, l'Arabie saoudite a déjà pris les premières mesures dans le secteur aérien, avec la création d'une nouvelle compagnie, Riyadh Air, qui serait desservie par cette nouvelle compagnie de fret aérien.
D'autres mesures visant à stimuler le secteur de l'aviation comprennent la création d'une société de location d'avions, d'une société d'hélicoptères, l'investissement dans une unité d'ingénierie saoudienne et le développement de l'un des plus grands aéroports du monde dans la capitale saoudienne, Riyad.

Un secteur en croissance
Selon les derniers chiffres publiés par l'Association internationale du transport aérien (IATA), le fret aérien a augmenté de 14 % en juin par rapport à l'année précédente, ce qui représente le septième mois consécutif de croissance à deux chiffres.
Les experts estiment que la croissance du transport aérien de passagers et de marchandises est en passe de dépasser les niveaux records atteints en 2021.
Il n'est pas surprenant que l'Arabie saoudite veuille sa part de ce marché, profitant de sa position géostratégique privilégiée, au carrefour de routes reliant trois continents : Europe, Afrique et Asie. D'où la création de la compagnie aérienne susmentionnée.

Riyadh Air est dirigée par Tony Douglas, un cadre britannique ayant une grande expérience du secteur, qui a dirigé Etihad Airways et l'aéroport de Londres Heathrow, et a été fondée dans le but de concurrencer Etihad, Emirates et Qatar Airways.
En mars 2023, la compagnie a présenté une première commande à Boeing, comprenant 39 avions 787-9 Dreamliner, avec la possibilité d'acquérir 33 avions supplémentaires.
Cette commande serait suivie par l'achat par Saudi Airlines de 39 autres appareils du même modèle, avec la possibilité d'en acquérir 10 de plus. La compagnie aérienne basée à Djeddah, fondée en 1945, sera bientôt détenue par le fonds souverain saoudien, qui a l'intention de se concentrer davantage sur le transport de passagers, en particulier dans le cadre du pèlerinage annuel musulman Hajj à La Mecque.

Focus sur la logistique
Cette stratégie visant à faire de l'Arabie saoudite un hub logistique mondial, annoncée par le prince héritier Mohammed bin Salman en juillet 2022, implique d'améliorer la capacité des aéroports, des ports et du réseau routier du pays.
L'objectif est que le secteur logistique saoudien atteigne une capacité de plus de 4,5 millions de tonnes de fret d'ici la fin de la décennie.
À cette fin, l'Autorité générale saoudienne de l'aviation civile met en place un système aéroportuaire moderne afin d'améliorer les services de transport de passagers et de marchandises. Le pays compte 22 aéroports, dont quatre sont internationaux, huit sont nationaux et dix sont régionaux.
L'aéroport international King Khalid de Riyad, par exemple, a lancé un modèle appelé Cargo Village, avec une plateforme logistique avancée, qui atteindra 1,6 million de passagers par an lorsqu'il commencera à fonctionner à pleine capacité, ou l'aéroport international King Fahd de la ville de Dammam, qui aura une capacité de fret de 650 000 tonnes par an.
Vision 2030
Cet engagement en faveur du transport aérien s'inscrit dans le cadre de la stratégie Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie saoudienne et à réduire sa dépendance à l'égard des revenus pétroliers en se concentrant sur des secteurs tels que le tourisme, la technologie, la logistique, l'exploitation minière et les sports.

À ce jour, le Fonds public d'investissement saoudien dispose d'un portefeuille d'investissement très diversifié, avec une présence dans de multiples secteurs. Dans le secteur technologique, par exemple, il a investi 3,5 milliards de dollars dans Uber, 45 milliards de dollars dans le Vision Fund de SoftBank, 60 % de Lucid, un concurrent de Tesla, et une participation majoritaire dans la startup de réalité augmentée Magic Leap.
Dans le domaine du sport, il a injecté des milliards dans la création de LIV Golf, une structure qui rivalise avec la PGA, et a mené l'acquisition de Newcastle United, une équipe de Premier League anglaise, pour 415 millions de dollars.
Dans le domaine des infrastructures et des transports, il a investi 20 milliards de dollars dans un fonds d'infrastructure de Blackstone, a pris une participation dans Carnival, le plus grand organisateur de croisières au monde, et a augmenté sa participation dans l'aéroport londonien d'Heathrow.