Leïla Fadil : « Le Maroc dispose de jeunes talents qu'il faut développer avec des stratégies d'accompagnement »

Les entreprises qui souhaitent s'implanter dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ou celles qui développent leurs activités ont besoin des conseils et de l'appui de spécialistes en ressources humaines et en organisation.
C'est ce que fait le cabinet de conseil Grow HR, dont la directrice, Leïla Fadil, explique à Atalayar les services qu'il propose.
Que fait votre entreprise et depuis combien de temps existe-t-elle ?
Grow HR, dont je suis la fondatrice et la directrice, est un cabinet de conseil stratégique qui offre également un soutien et des services en matière de ressources humaines.
La société a été créée il y a environ trois ans, après une longue carrière professionnelle en tant que responsable des ressources humaines. Notre objectif est de soutenir le développement économique que connaît la région.
Quel type d'entreprises fait appel à vos services : des entreprises marocaines ou des entreprises d'autres pays comme l'Espagne qui s'installent au Maroc ?
Nous avons un large éventail d'entreprises parmi nos partenaires et dans notre portefeuille de clients. Certaines sont des PME, mais il est vrai que la plupart d'entre elles ont tendance à être de grandes entreprises, qu'elles soient marocaines ou multinationales. Et lorsque nous parlons de multinationales, il peut s'agir d'entreprises espagnoles ou d'autres pays.
Quels types de services offrez-vous à vos clients ?
Grow HR est là pour apporter des solutions. Nous sommes spécialisés dans les ressources humaines et l'organisation en général, et nous travaillons donc avec des entreprises qui s'installent ici ou avec des entreprises qui sont déjà présentes et qui se développent de différentes manières.
Lorsqu'une entreprise vient s'installer dans la région, nous offrons des solutions, des conseils et un soutien dans la gestion du projet d'implantation, du point de vue des ressources humaines et de l'organisation. Nous proposons également des services de recrutement, pour tous les types d'emplois, manuels et techniques, ainsi que des services de chasseurs de têtes. Nous savons en effet qu'aujourd'hui, le recrutement est de plus en plus axé sur les talents.
Outre la dotation en personnel de leurs organisations, nous nous occupons de la formation et du développement, à la fois pendant la phase du projet et après celle-ci, afin de développer davantage les compétences et les capacités de leur organisation. Par exemple, certaines entreprises ont des besoins à très court terme, comme le soutien administratif aux expatriés pour l'obtention de leur contrat de travail ou de leur permis de séjour. Nous proposons donc des solutions pour faciliter l'installation des nouveaux investisseurs au Maroc et, surtout, leur réussite.
L'économie marocaine en général et celle de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima en particulier ont connu un développement important ces dernières années, quelle influence cela a-t-il sur votre domaine : les ressources humaines ?
L'économie de la région s'est beaucoup développée et cela se reflète sur le marché du travail et donc sur notre façon de faire et d'accompagner nos partenaires. Il y a une vingtaine d'années, il était difficile de recruter dans cette région. Aujourd'hui, elle attire les talents, qu'ils soient marocains ou étrangers.
Il y a de nombreuses possibilités de créer des emplois et c'est aussi un endroit où il fait bon vivre, si bien que les gens viennent ici pour faire carrière. Nous savons que la génération actuelle a besoin d'un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. C'est un objectif que nous sommes en train d'atteindre. Il fut un temps où les entreprises venaient dans la région à la recherche d'une main-d'œuvre bon marché et peu qualifiée. Aujourd'hui, le Maroc reste compétitif en termes de coût de la main-d'œuvre, mais il se positionne aussi comme un fournisseur de talents dans des métiers qui sont aussi beaucoup plus spécialisés et à forte valeur ajoutée. Ainsi, les entreprises installent aujourd'hui leurs centres de développement et des métiers beaucoup plus spécialisés émergent.

Comment les besoins en personnel des entreprises marocaines ont-ils évolué ?
Eh bien, autant il y a quelques années les besoins étaient plus, disons, orientés vers la main d'œuvre pour assurer la production, autant aujourd'hui, même si c'est toujours le cas, il y a un plus grand besoin de talents dans des métiers très spécialisés, ce qui nécessite une certaine expertise et certaines études.
Une entreprise qui veut développer un centre d'excellence, un bureau de conception et de développement, a les talents nécessaires au Maroc. D'ailleurs, parmi nos partenaires espagnols, nous avons des entreprises qui sont en train de développer leurs centres de design et leurs bureaux de développement au Maroc, et elles ont besoin de profils d'ingénieurs, c'est ce que nous trouvons et embauchons.
Voyez-vous également des progrès dans la formation des travailleurs au Maroc ?
En termes de formation, je pense que l'évolution va également dans le même sens. Il y a quelques années, les exigences portaient sur la formation obligatoire. Aujourd'hui, les entreprises investissent dans l'excellence opérationnelle, dans les nouvelles compétences, dans les compétences transversales et dans le leadership.
Tout cela a pour but de leur donner un avantage concurrentiel et une agilité organisationnelle. Cela permettra à l'entreprise de se développer différemment.

On a dit que l'une des forces de l'Afrique et du Maroc, l'un des pays les plus développés du continent, est l'existence de jeunes très bien formés, désireux d'entrer sur le marché du travail à un moment où la population européenne vieillit...
Très bonne question. Quoi qu'il en soit, j'ai mon point de vue : je pense que le Maroc et certains des pays européens les plus proches, en particulier l'Espagne, sont comme les deux bras d'un même corps, en ce sens qu'ils peuvent fonctionner séparément, mais lorsqu'ils se donnent la main, ils sont beaucoup plus efficaces et puissants. Je pense qu'il en va de même pour les ressources humaines.
En effet, la population marocaine est peut-être plus jeune et pourrait être renforcée, que ce soit au Maroc ou à l'étranger, par des stratégies de soutien au développement des nouveaux métiers. Et avec les talents européens, qui sont plus âgés, des stratégies communes peuvent être renforcées là où l'expérience est cruciale. Il faut donc vraiment agir de manière complémentaire et intelligente, pour pouvoir bénéficier des atouts de chaque pays, de chaque économie et de chaque population.
Les entreprises espagnoles qui s'installent au Maroc font-elles confiance à la main-d'œuvre locale et à sa formation spécialisée ?
Je pense que c'est clairement le cas. Si nous pensons à la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, les entreprises qui sont ici depuis des décennies sont des entreprises espagnoles, elles sont toujours là, elles se développent, elles étendent leurs activités.
Nos clients espagnols sont plongés dans des projets d'expansion, de développement et d'investissement supplémentaire. Je pense que cela reflète humblement le fait qu'il existe un capital de confiance et un retour sur investissement. Il est donc évident qu'ils sont ici, qu'ils prévoient de rester et qu'ils continuent à se développer. Oui, je pense que la confiance est là.
Que diriez-vous à un entrepreneur espagnol qui envisage de créer une entreprise ou d'ouvrir une succursale dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ?
En tant que cabinet de conseil qui accompagne les entreprises qui s'implantent au Maroc et dans la région, que ce soit par le recrutement, la formation ou le conseil stratégique, mon expérience peut être perçue comme subjective. Je voudrais donc dire qu'il existe des études menées par des acteurs publics et privés qui démontrent l'attractivité de la région en termes quantitatifs et objectifs : elle a une position géographique stratégique et un marché du travail assez dynamique et en croissance.
Il y a des talents, à la fois pour des emplois peu qualifiés et même pour des emplois nouveaux et spécialisés. Je pense donc que ce positionnement stratégique et l'attractivité du Maroc par rapport à d'autres destinations ne font aucun doute.