Trump a déployé 80 satellites espions au cours de ses 100 premiers jours à la Maison Blanche

Les nouveaux yeux et oreilles électroniques des États-Unis leur permettent de savoir ce qui se passe sur Terre mieux que n'importe quelle autre nation au monde
Trump ha puesto en órbita 80 satélites espía en tan sólo tres meses, casi tantos como Joe Biden en 2024, su último año en la Casa Blanca - PHOTO/President Donald J. Trump X
En trois mois, Donald Trump a mis en orbite 80 satellites espions, soit presque autant que Joe Biden en 2024, sa dernière année à la Maison Blanche - PHOTO/President Donald J. Trump X

Donald Trump vient de terminer les cent premiers jours de son deuxième mandat présidentiel à la Maison Blanche après avoir positionné pas moins de 80 nouveaux satellites espions dans l'espace. 

En un peu plus de trois mois, Trump a déjà mis en orbite presque autant de satellites que Biden en avait lancé dans l'espace extra-atmosphérique pendant toute l'année 2024. Donald Trump souhaite en effet créer la constellation de satellites gouvernementaux « la plus grande et la plus performante de l'histoire des États-Unis ». 

Depuis qu'il a prêté serment le 20 janvier en tant que 47e président des États-Unis devant le juge de la Cour suprême John Roberts, Trump a demandé d'accélérer le déploiement d'un nouveau réseau d'yeux et d'oreilles électroniques, qui s'ajoute aux plus de 200 satellites de tous types, tailles et technologies que le département de la Défense et plusieurs agences de renseignement ont placés au-dessus de nos têtes. 

<p>El director de la NRO desde el 5 de agosto de 2019 es el ingeniero Chris Scolese (izquierda), que fue designado por Trump durante su primer mandato presidencial (2017-2021) y continuó en el cargo con la administración Biden - PHOTO/NRO </p>
Le directeur de la NRO depuis le 5 août 2019 est l'ingénieur Chris Scolese (à gauche), nommé par Trump lors de son premier mandat présidentiel (2017-2021) et maintenu à ce poste sous l'administration Biden - PHOTO/NRO

L'organisation militaire chargée de mettre en orbite les satellites américains liés à la sécurité nationale est la Force spatiale, qui est depuis novembre 2022 sous le commandement du général Chance Saltzman. Et l'agence du Pentagone chargée d'exploiter et d'extraire les données de renseignement de l'ensemble des dispositifs d'espionnage militaires est le Bureau national de reconnaissance, ou NRO, selon son acronyme anglais. 

Le NRO est dirigé par l'ingénieur civil Chris Scolese, nommé par Trump et confirmé par le Sénat il y a quelques mois. Scolese a déjà occupé ce poste pendant toute la présidence de Joe Biden (2021-2025), bien que ce soit Trump qui l'ait nommé à ce poste le 5 août 2019, pendant son premier mandat présidentiel (2017-2021), ce qui prouve que Scolese jouit d'un prestige en tant que fonctionnaire au-delà des options politiques. 

Los pequeños satélites Starshield del orden de una tonelada llevan a bordo potentes sensores desarrollados por la tecnológica Northrop Grumman para tomar imágenes de alta resolución en los espectros visible y radar - PHOTO/Northrop Grumman
Les petits satellites Starshield d'une tonne embarquent de puissants capteurs développés par Northrop Grumman pour prendre des images à haute résolution dans les spectres visible et radar - PHOTO/Northrop Grumman

Ce que l'on sait de la constellation de satellites espions Starshield

Comme l'explique Scolose dans ses interventions publiques, le NRO répond aux besoins prioritaires « d'observation et d'écoute » qui lui sont transmis par le département de la Défense et la communauté du renseignement, en particulier l'Agence nationale de sécurité (NSA) et l'Agence nationale de renseignement géospatial (NGA). Ces demandes sont recueillies par le bureau susmentionné, qui se charge de les gérer à l'aide des différentes constellations de satellites espions qu'il a positionnés dans l'espace. 

Le réseau spatial le plus important et le plus étendu que le NRO est en train de déployer est composé des satellites Starshield, la version militaire de la célèbre méga-constellation de communications à large bande Starlink du milliardaire Elon Musk, qui compte déjà plus de 7 200 engins opérationnels en orbite basse, à environ 550 kilomètres d'altitude.  

El general Chance Saltzman está al mando de la Fuerza Espacial, organización creada por Trump en su primer mandato para poner en órbita los satélites norteamericanos dedicados a la seguridad nacional - PHOTO/US Space Force/Eric Dietrich 
Le général Chance Saltzman commande la Space Force, une organisation créée par Trump lors de son premier mandat pour mettre en orbite les satellites de sécurité nationale américains - PHOTO/US Space Force/Eric Dietrich

La dernière mission secrète de Starshield a décollé le 20 avril à bord d'une fusée Falcon 9 depuis la base spatiale de Vandenberg, en Californie. Catalogée NROL-145, il s'agissait du dixième lancement de la « Proliferated Architecture », dont les plates-formes sont similaires en poids et en dimensions à celles de Starlink. Mais elles se distinguent les unes des autres par le fait que celles de la NRO sont équipées de capteurs avancés développés par la puissante société technologique Northrop Grumman, capables de capturer des images haute résolution dans les spectres visible et radar à partir de 310 et 500 kilomètres d'altitude.  

Le concept d'« architecture proliférée » fait référence à la nouvelle tendance du département américain de la Défense à « utiliser une constellation de plusieurs centaines de petits satellites plutôt que quelques gros », souligne Chris Scolese. Le réseau devient ainsi « pratiquement invulnérable » aux attaques des systèmes d'armes antisatellites. Les ennemis potentiels des États-Unis, tels que la Russie, la Chine, la Corée du Nord ou l'Iran, « pourront détruire un ou plusieurs grands satellites espions coûteux, mais neutraliser une constellation complète est beaucoup plus compliqué », raisonne Scolese.  

Avec plusieurs centaines de Starshield déjà en orbite, « nous pouvons aujourd'hui voir, entendre et percevoir ce qui se passe sur Terre mieux que n'importe quelle autre nation au monde », souligne Chris Scolese. En effet, la NRO a déjà la capacité de revisiter très fréquemment une même cible terrestre fixe ou mobile et de vérifier ses mouvements ou son évolution dans le temps, ce qui lui permet de suivre en temps quasi réel tout ce qui se passe dans de vastes zones de la Terre et, ainsi, de surveiller et d'extraire des informations utiles aux hauts responsables militaires et aux autorités politiques. 

La NRO asigna prioridad a las peticiones formuladas por la Agencia de Seguridad Nacional (NSA) y la Agencia Nacional de Inteligencia Geoespacial (NGA) cuya sede central está en Fort Belvoir, en Springfield, Virginia - PHOTO/NGA 
Le NRO donne la priorité aux demandes de la National Security Agency (NSA) et de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), dont le siège se trouve à Fort Belvoir, à Springfield (Virginie) - PHOTO/NGA

Quadrupler en cinq ans le nombre d'yeux et d'oreilles électroniques

Le réseau « Architecture proliférée » de la NRO, basé sur les satellites Starshield, se développe très rapidement afin d'obtenir une couverture mondiale et, le cas échéant, de pouvoir survivre à des attaques potentielles. Comme il s'agit de dispositifs de petite taille et peu coûteux qui peuvent être fabriqués en série, le temps de production de chaque Starshield est réduit et ils sont donc faciles à remplacer, à condition qu'il y ait une capacité suffisante pour accéder à l'espace. 

Depuis le début de l'année, 77 Starshield et trois autres satellites espions de renseignement ont déjà été mis en orbite. Pour le reste de l'année 2025, la Force spatiale et la NRO ont prévu une dizaine de lancements, « dont la moitié sont consacrés à des missions de « prolifération architecturale », qui se poursuivront jusqu'en 2029 », a précisé le responsable direct des lancements, le colonel Jim Horne, grâce auxquels le NRO espère « quadrupler le nombre de ses satellites au cours de la prochaine décennie ». 

Las agencias de inteligencia de Estados Unidos consideran que Rusia, China, Corea del Norte e Irán son sus potenciales amenazas. En imagen, el presidente Putin con el primer ministro iraní, Masud Pezeshkian, en su vista de enero a Moscú - PHOTO/Kremlin
Les agences de renseignement américaines considèrent la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l'Iran comme des menaces potentielles. Le président Poutine avec le premier ministre iranien Masud Pezeshkian lors de sa visite à Moscou en janvier - PHOTO/Kremlin

Pour atteindre cet objectif ambitieux, la Force spatiale doit disposer de la capacité d'effectuer des lancements fréquents avec les différentes fusées qu'elle a sous contrat dans le cadre du programme de lancement spatial de sécurité nationale (NSSL), « qui garantit l'accès continu à l'espace pour les missions de sécurité nationale », affirme le colonel Horne.  

Avec un budget de l'ordre de 1,8 milliard de dollars, la Force spatiale compte pour cette tâche sur les sociétés américaines de services de lancement les plus fiables, en premier lieu SpaceX et sa fusée Falcon 9, mais aussi Electron de Rocket Lab, Vulcan de ULA et Minitaur IV de Northrop Grumman. Chacun des différents modèles de fusées sous contrat doit pouvoir transporter dans l'espace non seulement un, deux ou trois Starshield, mais un nombre beaucoup plus important, entre 17 et 22.

Desde que Trump ocupa el despacho Oval, la Fuerza Espacial ha hecho despegar un total de seis lanzamientos para la NRO, tres de ellos para la Arquitectura Proliferada y otros dos para otros tipos de satélites espía - PHOTO/ULA 
Depuis que Trump est dans le bureau ovale, la Space Force a effectué six lancements au total pour la NRO, dont trois pour l'architecture Proliferate et deux pour d'autres types de satellites espions - PHOTO/ULA

Et pour les décollages, elle dispose de quatre bases spatiales. L'une des principales se trouve à Vandenberg (Californie), sur la côte Pacifique, une autre à Cap Canaveral (Floride) et une troisième sur l'île de Wallops (Virginie), toutes deux sur la côte Atlantique. La NRO et la Force spatiale disposent également des installations de l'opérateur privé Rocket Lab en Nouvelle-Zélande, sur la péninsule de Maia, au sud-ouest de l'océan Pacifique.