La crise du Niger et son rôle dans la propagation du terrorisme djihadiste au Sahel

Le coup d'État au Niger a aggravé la situation d'instabilité et d'insécurité dans la région troublée du Sahel. Immédiatement après le soulèvement militaire contre le président élu Mohamed Bazoum - un proche allié de l'Occident - l'accent a été mis sur l'expansion russe dans la région par l'intermédiaire du groupe Wagner, déjà présent dans d'autres pays tels que le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des juntes militaires à la suite de coups d'État. Depuis lors, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a également dû faire face aux événements, décidant des mesures à prendre pour rétablir l'ordre dans le pays sahélien.
La CEDEAO a souligné l'importance de la diplomatie dans la résolution de la crise, même si elle n'a pas exclu le recours à la force. Au lendemain du coup d'État, la CEDEAO a imposé des sanctions contre le Niger, comme elle l'avait fait auparavant contre le Mali et le Burkina Faso. Comme dans la plupart des pays, les sanctions touchent principalement la population civile, qui souffre déjà de pénuries et de coupures d'électricité. Selon l'ONU, certains quartiers de Niamey n'ont qu'un accès limité à l'électricité, le Nigeria - principal exportateur d'énergie du Niger - ayant interrompu une partie de l'approvisionnement en raison des sanctions.

Une autre conséquence grave à long terme du coup d'État est la propagation du terrorisme djihadiste, un phénomène qui sera renforcé par la situation instable et le manque de sécurité dans le pays et la région. Le Sahel est déjà devenu le centre du terrorisme au niveau mondial, dépassant d'autres points chauds tels que l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. En 2022, le terrorisme a été à l'origine de 43 % des décès au Sahel, soit plus que l'Asie du Sud, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord réunis. Le Niger, en particulier, est le dixième pays le plus touché par le terrorisme. En 2021, il a enregistré la plus forte augmentation du nombre de décès dus au terrorisme dans le monde. Toutefois, grâce aux mesures prises par le gouvernement et au soutien international, Niamey a réussi à réduire ce chiffre de près de 80 %.
L'instabilité et la vacance du pouvoir facilitent l'expansion des groupes terroristes dans la région, dont beaucoup sont liés à Al-Qaïda ou à Daesh. Les actions de Boko Haram, une organisation terroriste qui a récemment tué 13 personnes lors de deux attaques distinctes dans la région de Borno au Nigéria, à la frontière avec le Niger, sont également particulièrement préoccupantes. C'est pourquoi le chaos qui règne au Niger pourrait aggraver la situation dans d'autres pays de la région, comme le Nigéria, une nation qui lutte contre Boko Haram depuis des années.

Comme le prévient le Centre international de lutte contre le terrorisme, "toute détérioration grave de la situation sécuritaire au Niger pourrait offrir aux djihadistes l'opportunité de prendre le contrôle d'une bande contiguë à travers le Sahel, du Mali au nord du Nigéria".
L'organisation rappelle les gains de sécurité obtenus par Niamey grâce à l'intensification des opérations antiterroristes menées par les forces de sécurité nationales, même si elle rappelle qu'il "pourrait être difficile" de les maintenir en raison de la situation politique actuelle. Elle souligne également qu'un tel scénario pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour les États côtiers d'Afrique de l'Ouest, comme le Bénin voisin, qui a enregistré sa pire année en termes de violence terroriste en 2022.
Pour relever ce défi majeur, il faut une coopération étroite entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, car de nombreux terroristes ont fait du parc national du W leur base et leur centre d'opérations. Cette zone naturelle, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1996, s'étend sur les trois pays africains et pourrait être utilisée par les djihadistes pour étendre leur présence en Afrique de l'Ouest.
Moins d'un mois après le coup d'État, la situation actuelle au Niger reste très volatile. De nombreuses inconnues subsistent quant à l'évolution de la crise dans le pays, compte tenu des pressions exercées par la CEDEAO et la communauté internationale. Ce qui est clair, c'est qu'une instabilité accrue dans la nation sahélienne aura de graves répercussions sur la sécurité dans l'ensemble de la région, notamment la détérioration du partenariat conjoint de lutte contre le terrorisme et la montée du djihadisme.