Les défis auxquels est confronté le nouveau pape Léon XIV

- Tolérance zéro envers les abus sexuels
- Les femmes dans l'Église
- Inclusion LGBTQ+
- Le Sud global : nouveau centre du catholicisme
- Les finances du Vatican
- Un monde divisé
Le nouveau pape Léon XIV, anciennement connu sous le nom de cardinal Robert Francis Prevost, est confronté à l'une des étapes les plus complexes de l'histoire récente de l'Église catholique. Après seulement deux jours de conclave, le cardinal américain d'origine espagnole a été nommé pontife, devenant ainsi le premier pape né aux États-Unis.
À 69 ans, Léon XIV hérite d'une institution profondément divisée, d'une réputation encore entachée par les scandales d'abus sexuels et d'une mission urgente : s'adapter à une communauté mondiale en pleine mutation.
Sa première apparition en tant que pape a déjà laissé une empreinte : vendredi, il célébrera sa première messe en tant que souverain pontife après avoir rendu une visite surprise au personnel de son ancienne résidence, un geste qui suggère une continuité avec le style proche de son prédécesseur, François.
Mais au-delà des gestes symboliques, la liste des défis qui l'attendent est longue et importante. La manière dont le pape Léon XIV relèvera ces défis déterminera non seulement son héritage, mais aussi l'orientation du catholicisme au XXIe siècle.

Tolérance zéro envers les abus sexuels
Les abus sexuels au sein de l'Église restent une plaie ouverte. Bien que le pape François soit allé plus loin que tous ses prédécesseurs, en convoquant un sommet mondial des évêques et en établissant des protocoles de coopération avec les tribunaux civils, il n'a pas rendu obligatoire le renvoi automatique des affaires aux autorités. Les victimes ont salué et apprécié ces avancées, mais s'accordent à dire qu'elles ne sont pas suffisantes.
Léon XIV devra décider s'il renforce les réformes, notamment en matière de transparence et de collaboration obligatoire avec la justice civile. Cette pression viendra non seulement des victimes, mais aussi des fidèles et de l'opinion publique internationale.

Les femmes dans l'Église
Au cours de son pontificat, François a autorisé pour la première fois les femmes à voter lors d'une réunion synodale. Cependant, il n'a jamais modifié la structure hiérarchique pour les inclure dans des rôles de direction ecclésiastique ni fait avancer la question de leur ordination.
Le nouveau pape devra prendre clairement position sur une question qui a poussé près de 10 000 religieuses à quitter la vie religieuse au cours de la dernière décennie, selon les chiffres du Vatican. Les femmes, pilier du travail pastoral et éducatif de l'Église, continuent de se sentir traitées comme des citoyennes de seconde zone au sein de l'institution religieuse.

Inclusion LGBTQ+
« Qui suis-je pour juger ? » est une phrase emblématique de François sur l'homosexualité, qui a marqué le début d'une ère plus inclusive. Il a autorisé les bénédictions des couples de même sexe, approuvé le baptême des personnes transgenres et leur rôle de parrain ou marraine, sans toutefois toucher à la doctrine officielle.
Ces décisions, bien qu'historiques, ont suscité une forte opposition de la part des secteurs conservateurs, notamment en Afrique. Léon XIV devra décider s'il poursuit dans cette voie ou prend ses distances, confronté au difficile équilibre entre faire progresser l'inclusion et éviter une rupture interne.

Le Sud global : nouveau centre du catholicisme
L'Église perd de son influence en Europe, mais se développe rapidement en Amérique latine, en Asie et en Afrique. François a tenté de refléter cette réalité au sein du Collège cardinalice et dans sa politique étrangère.
Léon XIV incarne en partie cette mondialisation : né à Chicago, il a mené une carrière pastorale de plus de deux décennies au Pérou et a une expérience du gouvernement à Rome. Son profil multiculturel le place dans une position privilégiée pour jeter des ponts entre les différentes sensibilités du monde catholique.

Les finances du Vatican
La situation économique du Vatican est alarmante. Le déficit budgétaire dépasse 83 millions d'euros et le fonds de pension accumule un déficit de plus de 2 milliards. François a entamé une réforme en profondeur de l'IOR (la banque du Vatican) pour mettre fin à des décennies de scandales financiers, mais la tâche reste inachevée.
Léon XIV devra faire preuve de fermeté administrative et de transparence, et peut-être appliquer des coupes budgétaires ou des mesures de modernisation qui susciteront une résistance interne. Son profil centriste pourrait aider à dégager un consensus, mais la gestion économique sera l'un de ses principaux champs de bataille.

Un monde divisé
Au niveau international, le pape sera également une figure clé pour servir de médiateur dans les conflits mondiaux et maintenir le rôle moral de l'Église. Des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient à la crise climatique, en passant par les migrations et les droits de l'homme, l'agenda est chargé.

Après deux décennies marquées par les extrêmes de Benoît XVI et François, l'Église a besoin de stabilité. Prevost a été décrit comme un modéré, un conciliateur potentiel. Son défi est monumental : équilibrer tradition et modernité, maintenir l'unité sans freiner les réformes et faire face à un monde de plus en plus instable.