Le Brésil a critiqué l'"inaction" des organismes internationaux en matière de conflits, tout en appelant à des réformes pour permettre au Sud de mieux se faire entendre sur la scène internationale

Les divisions sur Gaza et l'Ukraine marquent le G20

Vista general de la reunión de ministros de Relaciones Exteriores del G20 en Río de Janeiro, Brasil, tomada el 21 de febrero de 2024 - AFP/MAURO PIMENTEL
Vue générale de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Rio de Janeiro - AFP/MAURO PIMENTEL

Comme prévu, les guerres de Gaza et d'Ukraine ont occupé le devant de la scène lors de la première journée du sommet du G20 au Brésil. L'événement, qui réunit les ministres des Affaires étrangères des plus grandes économies du monde, s'est déroulé à huis clos, à l'exception du discours d'ouverture du chef de la diplomatie brésilienne, Mauro Vieira. 

  1. La crise diplomatique Brésil-Israël ternit les efforts de Lula  
  2. Désaccord entre Lula et Blinken sur l'Ukraine 
  3. L'Occident condamne la Russie à Lavrov 
  4. Pas de déclaration commune 

Dans son discours, Vieira a déploré que les institutions multilatérales "ne soient pas suffisamment équipées pour faire face aux défis actuels", citant comme exemple "la paralysie inacceptable du Conseil de sécurité". "Cet état d'inaction implique directement la perte de vies innocentes", a-t-il ajouté. 

C'est pourquoi le Brésil a profité de cette occasion pour appeler une nouvelle fois à la réforme des organisations multilatérales, un point qui sera au centre des débats de cette journée et l'un des thèmes promus par le pays américain au cours de sa présidence. 

Un cartel del G20 Brasil se instala en un puente frente al barrio de Rocinha en Río de Janeiro, Brasil, el 15 de febrero de 2024 - AFP/PABLO PORCIUNCULA 
Une affiche du G20 Brésil est installée sur un pont devant le quartier de Rocinha à Rio de Janeiro, Brésil, le 15 février 2024 - AFP/PABLO PORCIUNCULA

Vieira a plaidé en faveur d'un système de gouvernance internationale "moderne et efficace", avec des règles respectées par tous les pays, afin que les conflits et les différends soient résolus "par le dialogue multilatéral et non par la force des armes"

Le Brésil insiste depuis longtemps sur la nécessité de réformer les organisations internationales telles que les Nations unies, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, afin de permettre aux pays du Sud de mieux se faire entendre au sein de ces institutions. 

"Nous devons adapter le système international pour prévenir de nouveaux conflits", a déclaré Mauricio Lyrio, le principal diplomate brésilien chargé des négociations politiques du G20. Le Brésil souhaite également profiter de sa présidence du G20 pour promouvoir la lutte contre la pauvreté et le changement climatique

La crise diplomatique Brésil-Israël ternit les efforts de Lula  

Cependant, les commentaires des autorités brésiliennes interviennent au beau milieu d'une crise diplomatique féroce entre le Brésil et Israël à propos du conflit à Gaza. Récemment, le président brésilien Lula Da Silva a accusé Israël de "génocide" et a comparé l'opération militaire israélienne dans l'enclave palestinienne à l'Holocauste. 

Ces déclarations pourraient éclipser toute tentative de désescalade du conflit dans le cadre du G20, présidé cette année par le Brésil. "Les aspirations de Lula à proposer des résolutions de paix sur Israël ou l'Ukraine ont été rejetées", explique à l'AFP Igor Lucena, spécialiste des relations internationales. 

Le double langage de Lula a également été critiqué : d'un côté, il dénonce l'opération israélienne à Gaza, mais de l'autre, il a maintenu une position plus neutre sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.   

Jérusalem a rejeté ces accusations et a nommé Lula Da Silva persona non grata jusqu'à ce qu'il revienne sur ses déclarations, qualifiées d'antisémites.   

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a également exprimé son "désaccord" avec les déclarations de Lula lors d'une réunion pré-G20 avec le président brésilien.  

Désaccord entre Lula et Blinken sur l'Ukraine 

En ce qui concerne les guerres à Gaza et en Ukraine, les deux hommes se sont accordés sur "la nécessité de créer un État palestinien" comme moyen de résoudre le conflit israélo-palestinien, bien qu'ils aient clairement exprimé leurs divergences quant à la situation en Ukraine. 

Alors que Lula a défendu une solution "diplomatique", Blinken a souligné que les "conditions" n'étaient pas réunies, insistant sur le soutien ferme des États-Unis à Kiev. 

Les deux hommes ont également discuté de la coopération "bilatérale, régionale et mondiale". "Il s'agit d'un partenariat très important", a déclaré Blinken à l'issue de la réunion à Brasilia. 

Blinken tiendra d'autres réunions bilatérales en marge du G20, notamment une réunion en tête-à-tête avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui participe également au sommet. La dernière fois que Blinken et Lavrov se sont rencontrés en personne, c'était à l'occasion d'une réunion du G20 en Inde l'année dernière. 

El Ministro de Relaciones Exteriores ruso Sergei Lavrov asiste a la reunión de ministros de Relaciones Exteriores del G20 en Río de Janeiro - AFP/MAURO PIMENTEL
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov au G20 à Rio de Janeiro - AFP/MAURO PIMENTEL

L'Occident condamne la Russie à Lavrov 

Lavrov, qui a rencontré plusieurs de ses homologues latino-américains, a écouté les ministres occidentaux dénoncer l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors de l'une des réunions du sommet.

"La Russie doit payer pour son agression", a souligné le chef de la diplomatie britannique David Cameron lors d'une session à huis clos, selon son bureau. Des représentants d'autres pays, dont les États-Unis, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, la France et la Norvège, ont fait des commentaires similaires au ministre russe.  

El secretario de Estado de los Estados Unidos, Antony Blinken, y el secretario de Relaciones Exteriores de Gran Bretaña, David Cameron, asisten a la reunión de ministros de Relaciones Exteriores del G20 en Río de Janeiro - AFP/MAURO PIMENTEL
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron assistent à une réunion du G20 à Rio de Janeiro - AFP/MAURO PIMENTEL

Lavrov, qui a choisi de ne pas parler aux journalistes, a répondu "calmement" aux commentaires de Cameron en présentant "un autre ensemble de faits" sur les événements en Ukraine, comme l'a révélé le ministre norvégien des affaires étrangères Espen Barth Eide, selon Reuters

Outre les attaques russes contre l'Ukraine, Cameron a également rappelé et condamné la mort de l'opposant Alexei Navalny dans une prison russe la semaine dernière. 

"Nous devons soutenir l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle devienne un pays souverain, libre et indépendant, sans autre armée sur son territoire", a déclaré le ministre norvégien lors de la réunion. 

Pas de déclaration commune 

Selon l'agence de presse, M. Eide a expliqué que lors de la réunion, les ministres s'étaient mis d'accord sur la nécessité d'une solution à deux États au Moyen-Orient, mais qu'il n'y avait pas de consensus sur la manière d'y parvenir, ce qui met en évidence la difficulté de parvenir à des accords majeurs.    

Dans ce contexte, aucune déclaration commune n'est attendue sur Gaza ou l'Ukraine, des questions qui continuent de créer des divisions au niveau international. 

D'ailleurs, conscient des forts désaccords, le Brésil a décidé qu'il ne serait plus nécessaire de parvenir à un communiqué commun à chaque réunion, à l'exception du sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20 à Rio en novembre.