Erdogan invitera Bashar al-Assad à rétablir les liens avec la Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'apprête à rencontrer son homologue syrien, Bachar Al-Assad, afin de tenter de réconcilier les relations entre les deux pays voisins, rompues depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. L'afflux de millions de réfugiés syriens en Turquie a aggravé et intensifié les relations entre Ankara et Damas.
"Nous allons étendre notre invitation (à Assad) ; avec cette invitation, nous voulons restaurer les relations entre la Turquie et la Syrie au même niveau que par le passé. Notre invitation peut être prolongée à tout moment", a déclaré Erdogan dans un communiqué présidentiel pendant le vol en provenance de Berlin, où il a assisté au quart de finale Pays-Bas-Turquie de l'Euro 2024.

Parmi les conditions imposées par la Syrie pour la réconciliation figure le retrait des troupes turques du nord-ouest de la Syrie, actuellement contrôlé par les rebelles. Depuis le début de la guerre civile syrienne, la Turquie a mené plusieurs opérations militaires transfrontalières contre des militants qui, selon Erdogan, menacent sa sécurité nationale, et a établi une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie, où les troupes turques sont actuellement stationnées.
Selon les chiffres de l'ONU, plus de 3,2 millions de réfugiés syriens vivent en Turquie.
La rencontre du président turc à Bagdad, capitale de l'Irak, pourrait représenter "le début d'un long processus qui pourrait aboutir à des accords politiques sur le terrain". La présence de la Chine et de la Russie en tant qu'observateurs pourrait être un élément à suivre dans les négociations. Le président turc a également mentionné que le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre irakien Mohamed Shia Al Sudani pourraient faciliter les contacts.

Bien que les relations entre Erdogan et Assad n'aient jamais été amicales, la présence militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie, où elle soutient des positions à Alep et à Idlib, reste assez forte. Ce n'est pas la première tentative de réconciliation entre la Turquie et la Syrie.
L'année dernière, avec l'Irak comme médiateur, Bachar el-Assad a été invité à tenir des pourparlers dans le but de rapprocher les positions, en particulier dans le domaine de la défense et de la sécurité. Certaines réunions ont eu lieu à Moscou entre les ministres des affaires étrangères de la Turquie, de la Syrie, de la Russie et de l'Iran, ainsi qu'entre les ministres de la Défense, mais aucune d'entre elles n'a atteint ses objectifs.
Selon le quotidien turc Daily Sabah, Erdogan a déclaré à propos d'une éventuelle invitation : "Nous sommes arrivés à un point où, si Bachar el-Assad fait un pas vers de meilleures relations avec la Turquie, nous répondrons avec la même ouverture".

Selon Al-Ain, le conseiller de la présidence du Conseil des ministres syrien, Abdul Qader Azouz, a confirmé que l'invitation d'Erdogan serait essentielle pour "tourner la page" et surmonter les divergences entre les deux pays. M. Azouz a insisté sur le fait que la réconciliation était entre les mains de la Turquie.
Il a ajouté que "la Syrie soutient toutes les résolutions et tous les efforts fondés sur le strict respect du droit international et sur l'engagement à entretenir des relations de bon voisinage". Il a précisé que l'intention de tenir la réunion à Bagdad est due au fait que les deux pays - la Syrie et l'Irak - partagent l'instabilité à leurs frontières avec le reste des pays voisins, et qu'ils sont intéressés par la normalisation des relations dans la région du Moyen-Orient.