Face à la résurgence des attaques iraniennes dans le Golfe persique et russes dans le ciel syrien, les États-Unis ont déployé de nouveaux avions de combat et navires de guerre au Moyen-Orient

Les États-Unis intensifient leur déploiement militaire au Moyen-Orient en réponse aux activités hostiles de l’Iran et de la Russie

PIXABAY/Military_Material - Imagen de F 16, Usaf y Fuerza aérea de los Estados Unidos
PIXABAY/Military_Material - Image de la F 16, de l'USSF et de l'US Air Force

Le Pentagone a annoncé le déploiement d’avions de combat F-35 et F-16 supplémentaires, ainsi qu’un navire de guerre au Moyen-Orient, afin de surveiller les principales voies navigables de la région. Cette décision a été prise en réponse aux activités iraniennes dans le détroit d’Ormuz. « En réponse à un certain nombre d'événements alarmants survenus récemment dans le détroit d'Ormuz, le secrétaire à la défense a ordonné le déploiement du destroyer USS Thomas Hudner, de chasseurs F-35 et de chasseurs F-16 dans la zone de responsabilité du commandement central des États-Unis afin de défendre les intérêts américains et de préserver la liberté de navigation dans la région », a déclaré Sabrina Singh, secrétaire de presse adjointe au Pentagone. 

Depuis 2019 et la hausse des tensions entre les États-Unis et l’Iran, la navigation dans les eaux stratégiques du Golfe a fait l’objet d’une série d’attaques. Le 5 juillet 2023, selon une déclaration de la Marine américaine, l’Iran avait tenté de s’emparer de deux pétroliers, TFR Moss et Richmond Voyager, près du détroit stratégique d’Ormuz. La Marine aurait reçu un appel de détresse de ce dernier pétrolier, qui était situé près des côtes de Mascate, capitale d’Oman, après avoir été arrêté par un navire iranien. Avant l’arrivée du destroyer US McFaul sur les lieux, le personnel iranien avait déjà tiré plusieurs rafales d’armes légères. 

AFP PHOTO/ATTA KENARE - Una lancha iraní patrulla aguas cercanas al puerto de Bandar Abas, en una imagen de 2012
AFP PHOTO/ATTA KENARE - Un bateau iranien patrouille dans les eaux près du port de Bandar Abas, dans une image de 2012

Selon la Marine américaine, l’Iran avait déjà saisi au moins cinq navires commerciaux au cours des deux dernières années et en a harcelé plus d’une douzaine d’autres autour du détroit d’Ormuz. Ces attaques sont d’autant plus préoccupantes que cette étroite embouchure du golfe Persique représente une voie navigable cruciale pour l’approvisionnement énergétique mondial ; 20% de tout le pétrole brut y transite.  

Il ne s’agit pas du premier déploiement d’équipement militaire américain sur le territoire moyen-oriental depuis la reprise des tensions irano-américaines dans le Golfe persique. Plusieurs déploiements américains, de patrouilleurs et hélicoptères notamment, ont été effectués après une attaque iranienne début décembre 2022 contre des navires de la Marine américaine et la saisie iranienne d’un navire de recherche de l’armée américaine sans pilote vers le détroit d’Ormuz en août dernier. Après les attaques de début juillet, Washington a déployé le destroyer lance-missiles USS McFaul, un drone MQ-9 Reaper et un avion de patrouille P-8 Poseidon. Au total, l’Iran aurait harcelé, attaqué ou entravé les droits de navigations de quinze navires commerciaux au cours des deux dernières années, selon Israel National News.  

En outre, selon Al-Arabiya, des chasseurs A-10 survolaient déjà le détroit d’Ormuz depuis une semaine, tandis qu’une flotte d’avion de chasse F-22 Raptors avait déjà été envoyée le mois dernier, en réponse au comportement dangereux et non professionnel de la Russie en Syrie. En effet, depuis mars, l’activité militaire russe a activement augmenté, aussi bien en fréquence qu’en agressivité. Elle découle d’une coopération et d’une coordination croissantes entre Moscou, Téhéran et le gouvernement syrien de Bashar al-Assad, qui tentent de faire pression sur les États-Unis pour qu’ils quittent la Syrie.

AFP/MOHAMMED AL-RIFA - Ataque aéreo ruso en las afueras occidentales de la provincia siria de Idlib, mayoritariamente controlada por los rebeldes, el 20 de septiembre de 2020
AFP/MOHAMMED AL-RIFA - Frappe aérienne russe à la périphérie ouest de la province syrienne d'Idlib, majoritairement tenue par les rebelles, le 20 septembre 2020

Selon le responsable de la défense américaine, le déploiement de F-16 fournirait une couverture aérienne aux navires se déplaçant dans la voie navigable et augmenterait la visibilité de l’armée dans la zone, afin de dissuader les opérations iraniennes. Les États-Unis envisageraient également un certain nombre d’opérations militaires pour faire face à l’agression croissante de la Russie dans le ciel syrien, qui entrave la lutte contre-terroriste américaine en Syrie.  

Depuis le retrait des États-Unis de l’accord du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) sous l’administration Trump en 2015, les tensions entre Téhéran et Washington n’ont cessé d’augmenter. Malgré les sanctions, l’Iran a intensifié ses activités nucléaires, qu’elle affirme être purement pacifique, ce qui inquiète les autorités étatsuniennes. De plus, la position de l’Iran dans la guerre en Ukraine, principal fournisseur de drones armés à la Russie, est d’autant plus préoccupante pour les États-Unis.

Aujourd’hui, l’administration de Joe Biden peine à relancer les discussions autour d’un nouveau JCPOA. Selon les estimations américaines, Téhéran serait capable de fabriquer les matières fissibles nécessaires à la fabrication d’une bombe en une douzaine de jours. Bien que l’Iran nie vouloir se doter de l’arme nucléaire, de nombreux pays dont Israël et les pays arabes du Golfe se sentent de plus en plus menacés par leur voisin perse.  

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.