La France suspend le renouvellement de milliers de titres de séjour de ressortissants algériens pour des raisons de sécurité

Les relations diplomatiques tendues entre la France et l'Algérie connaissent un nouveau chapitre, avec le gel de milliers de titres de séjour de citoyens algériens par le gouvernement de Macron

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Plus de 23 000 ressortissants algériens vivant en France ont vu leur titre de séjour annulé ou gelé - PHOTO/ Depositphotos

Les tensions diplomatiques entre le gouvernement d'Emmanuel Macron et celui de l'Algérien Abdelmadjid Tebboune, qui se sont aggravées depuis que le premier a publiquement soutenu le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, connaissent un nouveau chapitre.

  1. Menaces potentielles
  2. Crise migratoire

Selon un rapport exclusif de Maghreb Intelligence, citant des sources proches du ministère français de l'Intérieur dirigé par Bruno Retailleau, plus de 23 000 citoyens algériens résidant en France ont vu leur titre de séjour annulé ou gelé le temps de l'enquête.

L'information ajoute que des milliers de ressortissants algériens attendent depuis plus d'un an le renouvellement de leur titre de séjour dans différents départements français. Il s'agit aussi bien de titulaires de titres de séjour de courte durée (un an) que de titres de séjour de longue durée (dix ans).

El presidente de Argelia, Abdelmadjid Tebboune, y el presidente francés, Emmanuel Macron - REUTERS/ LOUISA GOULIAMAKI
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président français Emmanuel Macron - REUTERS/ LOUISA GOULIAMAKI

Menaces potentielles

La source note que les titres gelés font l'objet d'enquêtes intensives de la part des services de renseignement, qui analysent les éventuels antécédents administratifs, sociaux, économiques et politiques des ressortissants algériens, afin de déterminer s'ils constituent une menace pour la sécurité de la France.

Ces enquêtes sont menées sur des résidents algériens susceptibles d'appartenir à l'un des groupes suivants :

- Les personnes liées directement ou indirectement aux autorités algériennes et qui pourraient être impliquées dans des activités susceptibles d'affecter les relations entre les deux pays.

- Les personnes qui ont été signalées par les forces de sécurité pour comportement religieux suspect ou extrémisme.

- Les personnes appartenant à des groupes d'activistes anti-français actifs sur Internet.

- Les personnes qui, bien que bénéficiant de prestations sociales en France, se rendent fréquemment en Algérie, ce qui les rend suspectes de fraude au système d'aide publique.

Selon les informations, ces enquêtes ont été secrètement lancées en 2023, ce qui signifie que le nombre de personnes faisant l'objet d'une enquête pourrait augmenter considérablement au cours de l'année 2025.

Les autorités françaises ont justifié ces mesures par la nécessité de prévenir les activités qui troublent l'ordre public, menacent la cohésion nationale ou impliquent des fraudes à la sécurité sociale.

La décision des autorités françaises va compliquer davantage les relations diplomatiques entre les deux pays, déjà affectées non seulement par le soutien au Maroc et au Sahara occidental, mais aussi par la confrontation entre les deux pays sur la question de l'immigration.

El ministro del Interior francés, Bruno Retailleau - REUTERS/GONZALO FUENTES
Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur - REUTERS/GONZALO FUENTES

Crise migratoire

Il convient de rappeler que, selon les données de l'Institut national français de la statistique (INSS) pour 2023, près de 892 000 résidents algériens sont enregistrés dans le pays. La France est la principale destination des migrants algériens, avec plus de 80 % d'entre eux.

Le ministère français de l'Intérieur tente de faire pression sur le gouvernement algérien avec cette révision des titres de séjour afin que le gouvernement Tebboune accepte de réadmettre les citoyens algériens qui ont reçu des ordres de quitter le pays, comme l'« influenceur » Doualemn, un résident de Montpellier, qui a été expulsé de France pour avoir publié des vidéos incitant à la haine et au meurtre.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a d'ailleurs lui-même récemment menacé de limiter le nombre de visas Schengen de courte durée accordés aux ressortissants algériens (274 000 en 2023), jusqu'à ce que l'Algérie accepte de réadmettre ses citoyens expulsés de France.

Retailleau a également mis sur la table la possibilité de réviser l'accord bilatéral signé en 1968 qui facilitait l'accès aux visas pour les citoyens algériens.