Les forces israéliennes ont pris d'assaut "à l'aide d'explosifs" le premier étage d'un bâtiment où les otages étaient détenus

Israël libère deux otages argentins lors d'une opération militaire dans le sud de Gaza

Una mujer cuelga flores sobre un muro con retratos de israelíes cautivos de Hamás en Gaza el 12 de febrero de 2024 en el centro de Jerusalén - PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP
Une femme accroche des fleurs sur un mur avec des portraits d'Israéliens détenus par le Hamas à Gaza, le 12 février 2024, dans le centre de Jérusalem. PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP

Israël a annoncé lundi avoir libéré deux otages d'origine argentine à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, lors d'une opération qui a fait dans la nuit une centaine de morts, selon le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien. 

  1. "Le temps presse" 
  2. "Dernier bastion" 

"Lors d'une opération conjointe de Tsahal (armée), de l'ISA (agence de sécurité du Shin Bet) et de la police israélienne à Rafah, deux otages israéliens, Fernando Marman (60 ans) et Louis Har (70 ans), ont été secourus", a indiqué un communiqué des trois services. 

La présidence argentine a confirmé l'information et l'identité des deux otages libérés et le bureau du président Javier Milei, qui était en Israël il y a quelques jours et se trouve à Rome lundi, a remercié sur le réseau X les forces de sécurité israéliennes "pour avoir mené à bien le sauvetage" de Marman et Har. 

Un retrato del rehén israelí-argentino rescatado Fernando Simón Marman cuelga de una pared en el centro de Jerusalén el 12 de febrero de 2024 – PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP
Un portrait de l'otage israélo-argentin Fernando Simon Marman est accroché à un mur dans le centre de Jérusalem le 12 février 2024 - PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP

Enlevés dans le kibboutz Nir Yitzhak, les deux hommes ont été transportés au centre médical Sheba à Ramat Gan et "sont dans un état stable", a déclaré Arnon Afek, directeur de l'établissement, à la presse. 

Les forces israéliennes ont pris d'assaut "à l'aide d'explosifs" le premier étage d'un bâtiment où ces captifs étaient détenus, "ont ouvert le feu sur des cibles proches et ont libéré les otages", ont déclaré l'armée et le gouvernement. 

"Des tirs ont alors éclaté depuis ce bâtiment et les bâtiments voisins, suivis de longs combats, au cours desquels des dizaines de cibles du Hamas ont été bombardées pour permettre aux soldats de partir", a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué. 

Selon l'armée, deux soldats ont été tués lors d'une autre opération. 

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état d'une "centaine de morts" lors d'une attaque, dont le bombardement de nombreux bâtiments à Rafah. 

"Le temps presse" 

Netanyahou a ordonné à son armée de préparer une offensive contre Rafah, malgré les critiques de la communauté internationale. 

Lundi, le dirigeant a réaffirmé sa détermination à vaincre le Hamas. "Seule une pression militaire continue, jusqu'à la victoire totale, conduira à la libération de tous nos otages", a-t-il déclaré. 

Le mouvement islamiste a prévenu qu'une telle offensive "torpillerait" tout accord de libération des otages qu'il détient à Gaza. 

Quelque 250 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre et emmenées à Gaza. Une trêve d'une semaine, fin novembre, a permis la libération d'une centaine d'entre elles en échange de quelque 240 Palestiniens détenus en Israël. 

Avant ces deux dernières libérations, les autorités israéliennes estimaient que 132 otages se trouvaient encore dans le territoire palestinien et que 29 d'entre eux étaient morts. 

"Le temps presse pour les otages. Leur vie est en danger à chaque instant. Le gouvernement doit mettre toutes les options sur la table pour les libérer", a déclaré le Forum des familles d'otages. 

"Aujourd'hui, nous sommes heureux, mais nous n'avons pas encore gagné. Ce n'est qu'un pas de plus vers le retour à la maison" des otages toujours détenus à Gaza, a déclaré Idan Bejerano, gendre de Louis Har, devant l'hôpital.

"Dernier bastion" 

Rafah est devenu le dernier refuge des Palestiniens, où 1,4 million de personnes sont entassées, selon l'ONU, dans cette ville proche de la frontière fermée par l'Egypte. 

Netanyahou veut vaincre le Hamas dans son "dernier bastion" de Rafah. "La victoire est à portée de main", a-t-il déclaré à la chaîne américaine ABC, affirmant qu'Israël garantirait "un passage sûr pour la population civile afin qu'elle puisse partir", sans préciser où elle pourrait s'abriter. 

Plusieurs pays ont mis en garde contre une "catastrophe humanitaire" en cas d'assaut sur la ville. 

"Dans les conditions actuelles", les Etats-Unis "ne pourront pas soutenir une opération militaire à Rafah en raison de la densité de la population", a déclaré un haut responsable de l'administration Biden, notant que la population civile "n'a nulle part où aller". 

La guerre entre Israël et le Hamas a éclaté le 7 octobre avec l'attaque sans précédent du groupe islamiste contre le territoire israélien, faisant quelque 1 160 morts, pour la plupart des civils, selon un rapport de l'AFP basé sur des données israéliennes. 

En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, qu'il considère comme une organisation terroriste. L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent plus de 28 300 morts dans l'enclave, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du territoire. 

Quelque 1,7 million de personnes, sur une population totale de 2,4 millions d'habitants à Gaza, ont dû fuir depuis le début de la guerre, selon l'ONU, en raison de la dévastation du territoire palestinien assiégé par Israël et plongé dans une grave crise humanitaire. 

Nombre d'entre eux ont été déplacés à plusieurs reprises, fuyant de plus en plus loin vers le sud au fur et à mesure que les combats s'étendent. 

Rafah, devenu un camp géant, est le dernier centre urbain que l'armée israélienne n'a pas investi et constitue le principal point d'entrée de l'aide humanitaire.