L'Algérie rejette catégoriquement la liste des personnes que la France veut expulser

Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué confirmant la décision de rejeter la liste des personnes que l'État français veut expulser vers le pays nord-africain
Ahmed Attaf, Ministro de Asuntos Exteriores de Argelia - REUTERS/ EDUARDO MUÑOZ
Le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf - REUTERS/ EDUARDO MUÑOZ
  1. « Nous rejetons catégoriquement les prétentions de la France »
  2. Indignation totale en France
  3. Fin des visites diplomatiques

Les déclarations contradictoires entre Paris et Alger se multiplient après la publication d'un communiqué officiel du ministère algérien des Affaires étrangères dans lequel il informe qu'il n'acceptera pas les prétentions du gouvernement français et rejette la liste des citoyens algériens soumis à l'obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui résident en France et que la France veut expulser vers l'Algérie, leur pays d'origine. 

Le week-end dernier, le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a été clair : si la France cède aux exigences de l'Algérie, il démissionnera de ses fonctions. Moins de 48 heures plus tard, les autorités algériennes ont répondu au ministre en refusant de recevoir la liste de plus de 60 citoyens algériens résidant en France, parmi lesquels se trouve l'auteur des attentats de février dernier à Mulhouse, dans le sud du pays. 

<p>Un coche de policía se ve frente al mercado Marche du Canal Couvert, después de un ataque mortal con cuchillo el día anterior, en Mulhouse, este de Francia, el 23 de febrero de 2025 - REUTERS/ MARCO TRUJILLO</p>
Une voiture de police est vue devant le marché des Marches du Canal Couvert, après une attaque meurtrière au couteau la veille, à Mulhouse, dans l'est de la France, 23 février 2025 - REUTERS/ MARCO TRUJILLO

Depuis que la France a fait part pour la première fois de ses intentions, elle a accordé à l'Algérie 40 jours ou 6 semaines pour entamer le processus d'expulsion des citoyens algériens. Après le rejet de cette liste, Retailleau a promis une « réponse progressive » et a déclaré sur son compte X qu'il « regrette que l'Algérie refuse d'appliquer le droit international ».

« Nous rejetons catégoriquement les prétentions de la France »

Dans le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, le secrétaire général du ministère, Lounès Magramane, a réaffirmé : « L'Algérie rejette catégoriquement les menaces et les tentatives d'intimidation, ainsi que les mandats judiciaires, les ultimatums et toute forme de langage menaçant. Pour toutes ces raisons, les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste présentée par les autorités françaises ». 

Selon le communiqué officiel du ministère, l'Algérie rejette les prétentions françaises car elles ne sont pas conformes aux procédures habituelles, ni dans la forme ni dans le fond. 

« Par conséquent, la partie française a été invitée à respecter la procédure établie dans cette affaire, en suivant la voie habituelle, qui est maintenue entre les préfectures françaises et les consulats algériens compétents, et en préservant la forme habituelle de traitement dans ce type de cas », conclut le communiqué. 

Indignation totale en France

La publication de la note officielle par l'Algérie a provoqué un séisme politique et médiatique en France. Des politiciens, tels que le maire de Nice, Christian Estrosi, Gérald Larcher, président du Sénat français, ou Jordan Bardella, président de l'Assemblée nationale, ainsi que des journalistes tels que Vicent Hervouët, président de l'Association de la presse diplomatique française, ont déclaré que la République devrait annuler complètement les accords de 1968, suspendre toute aide au développement et geler les biens algériens.

El presidente del Senado francés, Gerard Larcher - REUTERS/ SARAH MEYSSONIER
Le président du Sénat français, Gérard Larcher - REUTERS/ SARAH MEYSSONIER

De même, tous deux ont souligné que les Français s'inquiètent de l'arrivée d'une future vague d'immigration. 

Outre les personnes susmentionnées, Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, en accord avec le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le Premier ministre, François Bayrou, a demandé le retrait de l'ambassadeur français d'Algérie et l'annulation des passeports diplomatiques algériens. 

Cette décision a été soutenue par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, qui a également souligné que l'examen du traité de 2007 sur les visas pour les travailleurs algériens pourrait entraîner la restriction de nombreux contrats de travail. « Je pense que cela fait partie des réponses progressives, en fait », a-t-elle ajouté. 

La ministra francesa de Trabajo y Empleo, Astrid Panosyan-Bouvet - REUTERS/ BENOIT TESSIER
Ministre français du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet - REUTERS/ BENOIT TESSIER

Fin des visites diplomatiques

« Cela doit cesser. Il n'y a aucune raison que la France continue à être généreuse avec ce pays », a déclaré le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, en faveur de la proposition de « réponse progressive » mentionnée par Retailleau. 

Selon les chiffres de l'Observatoire français de l'immigration et de la démographie, plus de 650 000 citoyens algériens disposent d'un permis de séjour valide, dont plus de 250 000 ont été accordés l'année dernière ; un chiffre qui pourrait être affecté par les décisions de suspendre les accords de 1968 entre la France et l'Algérie. 

<p>El ministro de Justicia francés, Gerald Darmanin, sale tras la reunión semanal del gabinete en el Palacio del Elíseo en París, Francia, el 12 de marzo de 2025 - REUTERS/ SARAH MEYSSONNIER</p>
Le ministre français de la Justice, Gerald Darmanin, quitte le Palais de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, Paris, France, 12 mars 2025 - REUTERS/ SARAH MEYSSONNIER

Une réponse qui affecterait également les fonctionnaires et les dirigeants du régime militaire algérien à l'encontre desquels la France appliquera des sanctions si les refus d'accueillir des citoyens algériens résidant sur le territoire français se poursuivent. 

Parmi les arguments invoqués par la nation française figurent les traités de droit international en vertu desquels les pays sont tenus d'accepter les citoyens déportés par les gouvernements d'autres pays. Cependant, le président de la République française, Emmanuel Macron, a insisté sur le fait qu'il « est favorable à la renégociation plutôt qu'à la dénonciation ».