Le Forum appelle à une plus grande surveillance de la protection des droits de l'homme après les derniers événements dans les camps de Tindouf, où des proches du secrétaire général du MSP ont été agressés

El Fórum Canario Saharaui exige a la comunidad internacional mayor control respecto a los Derechos Humanos en los campamentos de Tinduf

REUTERS/BORJA SUAREZ - Des enfants sahraouis marchent après avoir quitté l'école dans le camp de réfugiés de Smara à Tindouf, en Algérie, le 22 mai 2022.

Le Forum sahraoui canarien a exigé de la communauté internationale un plus grand contrôle et une meilleure observation de la protection des droits de l'homme dans les camps de Tindouf. Dans un communiqué officiel, le Forum a également dénoncé les agressions contre les membres de la famille du secrétaire général du Mouvement sahraoui pour la paix, Hach Ahmed, commises par des membres du Front Polisario.

Le communiqué du Forum Sahraoui Canarien est reproduit ci-dessous :

COMMUNIQUÉ DU FORUM SAHRAOUI DES CANARIES

Le Forum sahraoui canarien demande à la communauté internationale plus de contrôle et d'observation du respect des droits de l'homme dans les camps de Tindouf.

Après les récents événements survenus dans les camps de Tindouf au cours des derniers jours, où les proches du Secrétaire Général du Mouvement Sahraoui pour la Paix, Hach Ahmed, ont été brutalement attaqués par des membres du Front Polisario, et la vague de protestations qui a suivi contre ces événements, le Forum Sahraoui Canarien déclare ce qui suit :

campamentos-tinduf-argelia-sáhara-agresión-asadedh_0

Sans aucun doute, ces agressions n'ont été que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la patience des habitants des camps. En effet, il s'agit du dernier acte d'épisodes similaires répétés que nous avons déjà dénoncés dans des communiqués précédents, soit contre des membres du MSP, soit contre la population sahraouie en général qui est publiquement en désaccord avec ses dirigeants.

Ainsi, dans ce contexte violent de répression aveugle, nous sommes alarmés par l'augmentation exponentielle de la vulnérabilité de nombreux Sahraouis dans les camps de Tindouf. En effet, l'aggravation de la situation se manifeste par le fait que non seulement ceux qui choisissent d'être publiquement en désaccord avec la ligne officielle du Polisario sont réprimés, mais, comble de l'indécence, leurs proches, des femmes innocentes et des personnes âgées, sont punis, comme cela s'est produit dans ce cas récent.

Ces Sahraouis sont confrontés quotidiennement à la persécution, aux menaces et à la criminalisation, et sont exposés aux agressions et aux arrestations arbitraires. Par conséquent, depuis le Forum sahraoui canarien, nous condamnons fermement ces violations des droits, et affirmons que ces actes sont la preuve de l'augmentation systématique de la violence et des représailles déployées contre ceux qui défendent une solution alternative et possible à ce différend, par opposition au voyage permanent vers nulle part, perpétué au fil du temps, dans lequel les dirigeants du Polisario ont embarqué leur population épuisée.

sahara-tinduf-refugiados

D'autre part, et plus concrètement, nous ne doutons pas que cette montée de la violence à l'égard du MSP, de son principal dirigeant et de son entourage, n'est rien d'autre qu'un règlement de compte continu suite aux succès internationaux de ce mouvement. Une violence encore plus grande après le succès de la conférence tenue à Las Palmas de Gran Canaria en septembre dernier et sa large couverture médiatique. D'ici, nous apportons tout notre soutien à la grande famille que constitue le MSP, ainsi qu'à son principal dirigeant, Hach Ahmed.

A ce propos, nous tenons à rappeler et à dénoncer :
  • Qu'il faut exiger, notamment de l'ONU, mais aussi des organisations de défense des droits de l'homme, plus de contrôle, d'observation, ainsi que l'exercice des pressions dues à ces comportements du Polisario, et par extension de l'Algérie, afin de mettre fin à ces pratiques infâmes envers la population civile innocente, que le Polisario réprime uniquement pour avoir exercé des droits fondamentaux tels que, entre autres, la liberté d'expression. Nous étendons cette demande à l'UE, à travers sa Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et son Service d'action extérieure.

  • Ce sont d'ailleurs certaines de ces organisations internationales qui, il y a quelque temps, ont attiré l'attention sur cette question dans différents rapports. Pour en citer quelques extraits, Amnesty International (2014, 2020) a déclaré que "les camps de réfugiés de Tindouf sont opaques à l'examen des droits de l'homme". Human Rights Watch a déclaré dans son rapport "Off the Radar" (2014) avoir "reçu des allégations crédibles selon lesquelles des dissidents ont été persécutés par les autorités". Les droits des civils qui ont été jugés par des tribunaux militaires ont également été violés".

  • Il ne faut pas oublier que, récemment, ce sont les propres jeunes du Polisario qui ont dénoncé leurs dirigeants, dans leurs médias officiels notamment, exigeant un "nécessaire renouvellement générationnel dû à la méfiance envers les dirigeants du Polisario en raison de leur conduite irresponsable et néfaste".

  • C'est le Front Polisario lui-même qui a reconnu des cas de répression interne et de violations des droits de l'homme au cours de son demi-siècle d'existence. C'est Ghali lui-même qui a annoncé des "réparations aux victimes des erreurs et des abus passés", dans ce qui semble être une annonce faite pour la galerie avec l'intention évidente de se mettre en valeur. Mais une reconnaissance officielle des faits, après tout, dont certains ont été largement dénoncés devant les tribunaux espagnols.

  • Il faut souligner une caractéristique, peut-être la plus importante et la plus préoccupante, par rapport au manque de protection des droits de l'homme dans les camps de Tindouf. Il s'agit de l'isolement constant de la population et de l'absence d'observation extérieure régulière des conditions sur le terrain. Les réfugiés restent exposés à des violations des droits de l'homme en raison de l'éloignement et du flou juridique des camps. Une situation que le Polisario met à profit pour appliquer sa propre justice, en exerçant un pouvoir discrétionnaire et arbitraire sur la population. Il faut donc dénoncer le gouvernement du pays hôte, l'Algérie (qui, en vertu du droit international, est responsable de la protection des droits de toutes les personnes se trouvant sur son territoire), qui a cédé l'administration de facto des camps à un mouvement qui n'est pas officiellement responsable de sa conduite devant le système international des droits de l'homme. L'Algérie a en effet rejeté toute responsabilité pour ces graves violations des droits de l'homme commises sur le territoire algérien. Cela ne peut être toléré : la communauté internationale doit tenir non seulement le Polisario, mais aussi le gouvernement algérien, responsable de toute violation des droits élémentaires commise à l'intérieur de ses frontières.

Depuis ce Forum, nous élevons une fois de plus notre voix pour mettre fin à cette situation par le biais de ce communiqué.