L'Égypte renforce sa présence dans la Corne de l'Afrique en s'alliant avec la Somalie et l'Érythrée

Cette alliance tripartite vise à créer un bloc contre l'Éthiopie 
<p>Combinación de imágenes del &nbsp;presidente de Somalia, Hassan Sheikh Mohamud,el presidente de Eritrea, Isaias Afwerki, y del presidente de Egipto, Abdel Fattah al-Sisi - PHOTO/ AFP&nbsp;</p>
Combinaison d'images du président somalien Hassan Sheikh Mohamud, du président érythréen Isaias Afwerki et du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi - PHOTO/ AFP 

L'Égypte continue d'accroître sa présence régionale dans le sud de la mer Rouge et dans la Corne de l'Afrique. À cette fin, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi a participé à un sommet tripartite à Asmara avec les dirigeants de l'Érythrée, Isaias Afwerki, et de la Somalie, Hassan Sheikh Mohamud. Outre le renforcement de leur influence dans la région, l'alliance tripartite vise à créer un bloc contre l'Éthiopie.  

Le sommet a eu lieu un jour après que le commandant des forces de soutien rapide, Mohamed Hamdan Dagalo - l'une des parties impliquées dans la guerre au Soudan - a accusé le Caire de bombarder ses forces, soulignant ainsi l'implication militaire de l'Égypte dans le conflit au Soudan. 

L'Egypte met ainsi fin à la position qu'elle avait adoptée pendant la guerre au Soudan, en choisissant d'intervenir directement pour démontrer qu'elle reste un acteur régional influent qui protège ses intérêts.  

En ce qui concerne la Corne de l'Afrique, ce sommet intervient dans un contexte de tensions régionales croissantes. Alors que le ministère érythréen de l'Information s'est contenté de déclarer que l'objectif de la réunion était de « traiter du renforcement des relations entre les trois pays, en plus des questions de sécurité et de stabilité régionales », on pense que la réunion vise à former une alliance tripartite pour faire face à l'Éthiopie.  

C'est pourquoi cette réunion, ainsi que le voyage d'Al-Sisi, risquent d'aggraver encore la situation. Le sommet coïncide avec le renforcement des relations militaires entre Le Caire et Mogadiscio après que l'Éthiopie a signé un protocole d'accord avec la région du Somaliland, en vertu duquel elle obtiendrait un port et une base navale dans le sud de la mer Rouge. 

<p>El presidente egipcio Abdel Fattah al-Sisi estrecha la mano del primer ministro etíope Abiy Ahmed después de su reunión para discutir la crisis de Sudán y la presa etíope, en el palacio presidencial Ittihadiya en El Cairo, Egipto, 13 de julio de 2023 - PHOTO/ PRESIDENCIA EGIPCIA </p>
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi serre la main du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed après leur rencontre pour discuter de la crise soudanaise et du barrage éthiopien, au palais présidentiel d'Ittihadiya au Caire, en Égypte, le 13 juillet 2023 - PHOTO/ PRESIDENCE EGYPTIENNE. 

La présidence égyptienne, pour sa part, a déclaré que la visite visait à « explorer les moyens de renforcer les relations bilatérales dans divers domaines et situations régionales, de manière à soutenir le processus de développement et à réaliser les intérêts des peuples de la région ».  

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s'est déjà exprimé sur l'influence croissante de l'Égypte dans la région et sur sa coopération avec les pays voisins. « Nous ne les laisserons pas nous nuire, nous humilierons quiconque ose nous menacer pour les dissuader », a déclaré le dirigeant éthiopien, ajoutant qu'il ne négocierait “avec personne au sujet de la souveraineté et de la dignité de l'Éthiopie”. 

L'Egypte a choisi d'intervenir dans les crises du continent afin de renforcer son rôle d'acteur clé en Afrique. Au Soudan, par exemple, l'Égypte soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, bien qu'elle participe aux efforts diplomatiques régionaux et internationaux de médiation du conflit. 

<p>Una captura de imagen extraída de un video publicado en la página de Twitter de las Fuerzas de Apoyo Rápido (RSF) paramilitares sudanesas, rebautizada como X, el 28 de julio de 2023, muestra a su comandante Mohamed Hamdan Daglo dirigiéndose a los combatientes de las RSF  - AFP/ Rapid Support Forces (RSF) </p>
Une image tirée d'une vidéo publiée sur la page Twitter des forces paramilitaires soudanaises de soutien rapide (RSF), rebaptisées X, le 28 juillet 2023, montre son commandant Mohamed Hamdan Daglo s'adressant aux combattants des RSF - AFP/ Forces de soutien rapide (RSF) 

Les FAR ont accusé l'Égypte d'avoir utilisé des armes américaines lors de leurs récentes attaques, déclarant que « si les Américains n'avaient pas donné leur accord, les bombes n'auraient pas atteint le Soudan ».   

Le Caire a toutefois nié toute implication dans la guerre, affirmant que l'Égypte était attachée à la « stabilité du Soudan et à la préservation de ses institutions étatiques ». L'ancien vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, l'ambassadeur Hussein Haridi, a déclaré à Al-Arab que l'Égypte « travaille depuis le premier jour de la guerre au Soudan pour y mettre fin ». « La preuve en est qu'elle a accueilli les pays voisins du Soudan à la recherche de solutions politiques, car si le conflit se poursuit, l'Égypte paiera un lourd tribut ».   

D'autre part, l'analyste politique soudanais Mohamed Torshin a expliqué aux médias arabes que l'Egypte s'oppose à « tout groupe qui possède des armes en dehors du cadre des institutions officielles des Etats, car elle est consciente que cela a des répercussions sur sa sécurité ».