Les crimes des miliciens du gouvernement libyen dans la ligne de mire des Nations unies

Les Nations unies attirent l'attention sur les crimes commis par la Turquie et ses alliés dans l'ouest de la Libye. La mission de l'organisation internationale dans ce pays d'Afrique du Nord (Unsmil) a condamné une série d'actions perpétrées par les miliciens du Gouvernement d'accord national (GNA) de Fayez Sarraj. De même, elle a pointé du doigt les troupes de l'Armée nationale libyenne (LNA) du maréchal rebelle Khalifa Haftar pour leur bombardement aveugle de divers quartiers de Tripoli.
Dans une déclaration officielle, l'Unsmil est alarmé par « l'intensification des combats » le dernier jour, qui met en danger la vie de nombreux civils et peut conduire à une nouvelle vague de déplacements internes de population.
Le communiqué de presse de la mission officielle se concentre principalement sur les récents événements survenus à la limite occidentale de la côte libyenne, autour de la ville de Surman. Là, les forces du GNA ont profité de la prise de la ville pour libérer plus de 400 prisonniers qui étaient associés à des groupes terroristes, en particulier la branche de Daech dans ce pays d'Afrique du Nord.
Unsmil condamne également les pratiques de pillage, de pillage et de meurtre perpétrées par la milice, qui a incendié de multiples propriétés publiques et privées alors qu'elle récupérait des parties du territoire. La mission dit surveiller toutes ces activités et prévient que si elles sont prouvées, elles pourraient constituer de « graves violations du droit humanitaire international ».
Il convient de rappeler que les unités de combat de le GNA sont principalement composées de mercenaires issus de la guerre en Syrie. Nombre d'entre eux sont des terroristes qui ont servi à Daech ou dans le Front al-Nusra et ont été transférés en Afrique du Nord par la Turquie, qui a également déployé ses propres forces armées sur la ligne de front. Il est très probable que les UAV (drones) fournis par Ankara ont été un facteur décisif pour rendre possible la récente campagne de Tripoli.
Les crimes présumés perpétrés par des membres de le GNA avaient été précédemment rapportés par des représentants du parlement établi par le LNA de Khalifa Haftar dans la ville de Tobrouk, dans l'est du pays. L'homme politique et écrivain libyen Izz al-Din Aqil, président du Parti républicain de la coalition, a évoqué la présence de trafiquants d'êtres humains recherchés au niveau international dans les villes de Sabratha et Surman.
Aqil, dans des déclarations au journal émirati Al-Ain, accuse le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdogan de parrainer l'arrivée de ces trafiquants de migrants, tels qu'Abdul Rahman Milad et Ahmed al-Dabbashi, sur la côte libyenne.

Dans la ligne récemment défendue par le secrétaire général António Guterres, l'Unsmil a appelé les deux parties en conflit à s'engager à un cessez-le-feu permanent, au moins tant que durera la pandémie mondiale du coronavirus. Cependant, la mission se trouve maintenant dans une position très compliquée, puisque Ramtane Lamamra, ancien ministre algérien des Affaires étrangères, a démissionné de la direction de la mission après la démission du Libanais Ghassan Salamé.
Il est donc très probable qu'un accord de trêve ne sera pas conclu entre les parties. Récemment, Ahmed al-Mismari, un des porte-parole officiels de LNA, a déclaré que ses forces armées étaient en « guerre totale » contre la Turquie. Dans son discours, Al-Mismari a souligné la faible situation à laquelle les contingents turcs sont actuellement confrontés : « Les mercenaires syriens en Libye subissent de grandes pertes, et les services de renseignement turcs sont prêts à publier tout canular afin de détourner l'attention de leurs lourdes pertes ». En effet, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR, par son acronyme en anglais) rapporte que plus de 190 mercenaires déployés par la Turquie ont déjà été tués au combat en Libye.
Cependant, il ne semble pas non plus que l'ascension sera moins importante du côté d'Erdogan. La semaine dernière, les garde-côtes grecs ont surveillé plusieurs navires qui avaient quitté la côte turque pour l'Afrique du Nord. On pense qu'ils ont à bord des cargaisons d'armes, de munitions et de matériel logistique.

L'un d'eux est le « Grace A », un cargo battant pavillon camerounais qui a quitté le port turc de Mersin, dans le sud du pays. Appartenant à une société basée au Liban, elle a été localisée en dernier lieu près de la côte de Chypre, selon le journal grec Kathimerini. Sa destination finale serait le port égyptien d'Alexandrie, selon les rapports des services de renseignements grecs. De là, il serait tenté de faire entrer clandestinement la cargaison sur le territoire libyen, ce qui constituerait une violation de l'embargo sur les armes imposé au pays.
En outre, des témoins oculaires affirment avoir assisté, ces dernières heures, à l'arrivée d'un important chargement de matériel militaire turc dans le port de Khoms, sous le contrôle de la GNA.
La Libye est en état de guerre civile depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. Depuis environ un an, la tension monte en raison de la campagne lancée par la LNA à Haftar pour récupérer l'ensemble du territoire des mains de la GNA de Fayez Sarraj. Depuis lors, le théâtre libyen est devenu une incarnation des intérêts internationaux, la Turquie jouant un rôle de premier plan dans le cadre de sa politique d'expansion internationale.