Les tensions entre Erdogan et le maire d'Istanbul se ravivent

En Turquie, la rivalité entre le président Recep Tayyip Erdogan et le maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a été ravivée. Dans le pays fondé par Mustafa Kemal Atatürk, où n'importe quelle question peut devenir polarisante en quelques secondes, de telles disputes s'inscrivent parfaitement dans le cadre des relations entre le gouvernement et l'opposition.
Son opposition lui a coûté l'acceptation par un tribunal turc d'un acte d'accusation demandant plus de quatre ans de prison contre le maire d'Istanbul pour des déclarations jugées insultantes pour les hauts fonctionnaires. Une peine de prison de quatre ans et un mois pour avoir qualifié d'"idiote" la décision des membres du Haut Conseil électoral d'invalider le résultat des élections municipales du 31 mars 2019 dont il est sorti vainqueur.

Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul et peut-être le visage le plus charismatique de l'opposition au parti de la justice et du développement (AKP) du président. Sa déclaration n'est pas nouvelle : les municipalités contrôlées par le parti d'opposition - le Parti républicain du peuple (CHP) social-démocrate - ont à plusieurs reprises accusé le gouvernement central d'entraver la gestion sanitaire et économique de la crise. Le maire d'Istanbul fait régulièrement l'objet d'enquêtes administratives ou judiciaires, la dernière fois début mai pour un comportement "irrespectueux" lorsqu'il a mis les mains derrière le dos lors d'une visite au mausolée d'un sultan.
Il y a un an, le candidat de l'opposition centriste Ekrem Imamoglu (CHP) a remporté les élections municipales à Istanbul, un mois et demi seulement après que la commission électorale a ordonné la répétition des élections municipales dans la capitale économique du pays, où l'opposition l'avait emporté sur le parti du président Recep Tayyip Erdogan. Au-delà des deux plus grandes villes de Turquie, la coalition d'opposition a obtenu une large représentation dans de grandes parties de la côte méditerranéenne, comme Antalya et Mersin. Ainsi, l'opposition sociale-démocrate est arrivée à Istanbul, mettant fin à 25 ans de gouvernement des partis islamistes, initié par le président actuel.

Cette victoire a été possible parce que, pour la première fois, les partis nationalistes, libéraux et minoritaires ont pu travailler ensemble de manière efficace. Cependant, la pandémie de coronavirus et la crise économique qui en a résulté ont ouvert de nouvelles fissures dans l'opposition turque, tandis que la répression gouvernementale contre le Parti démocratique des peuples (HDP) ne cesse de s'intensifier.
Cette manœuvre dans le cadre interne sert à Recep Tayyip Erdogan à détourner l'attention des graves problèmes auxquels il est confronté, tels que la perte de confiance et la crise économique nationale, aggravée par la forte chute de la livre turque et l'arrêt de l'activité généré par la crise sanitaire COVID-19 en cours.
Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a déjà affronté Erdogan fin avril sur la question de la lutte contre la maladie COVID-19. Imamoglu a critiqué la gestion du gouvernement et a accusé le premier dirigeant du pays de ne pas avoir fourni d'informations détaillées aux municipalités et d'avoir entravé la gestion sanitaire et économique de la crise.

Toutefois, ce scandale n'est pas le seul auquel le gouvernement turc doit faire face. Les allégations de corruption du parti d'opposition CHP ont déclenché une campagne de publicité exigeant de savoir où se trouvent les 128 milliards de dollars. Cette importante somme d'argent aurait été utilisée pendant le mandat de l'ancien ministre des finances Berak Albayrak, le gendre du président Tayyip Erdogan. Selon le CHP, des millions de dollars de réserves étrangères ont été utilisés pour stabiliser la livre turque, bien qu'elle ait continué à dégringoler et à perdre de la valeur.
La réponse des autorités n'a pas intimidé l'opposition, qui a poursuivi sa campagne de protestation sur les réseaux sociaux. Le contexte de cette protestation se trouve dans le licenciement de Naci Agbal, l'ancien directeur de la Banque centrale. Suite à ce licenciement, le CHP a demandé une enquête parlementaire sur le licenciement d'Agbal, sur fond de rumeurs de profit et de corruption.
Erdogan continue de constater la chute de son image et de celle de son parti aux yeux des citoyens. Face à cette perte de soutien, il mène une dure campagne de persécution contre ses rivaux politiques. Cette manœuvre dans le cadre interne sert à Recep Tayyip Erdogan à détourner l'attention des graves problèmes qu'il traverse, tels que la perte de confiance et la crise économique nationale que traverse le pays, aggravée par la forte chute de la livre turque et par l'arrêt de l'activité généré par la crise sanitaire actuelle du COVID-19.