L'Eurocorps militaire prend de l'élan dans la lutte contre la pandémie

Les différents organes de sécurité européens, tant nationaux qu'Eurocorps, ont fait tout leur possible pour atténuer la pandémie de coronavirus. Du transfert des patients et du matériel de santé, à l'aide à l'analyse du personnel et à la surveillance des foyers d'infection. Cela a ramené sur la table la question de la nécessité d'une "force sanitaire militaire européenne", surtout après la réunion entre les ministres français et espagnol de la défense le mois dernier.
L'idée de créer une armée européenne a été mise sur la table en novembre 2018, au moment même où se tenait un sommet de l'OTAN. Le président américain Donald Trump et la chancelière allemande Angela Merkel ont tous deux soulevé la question à la lumière de l'avenir géostratégique de l'Union.
Trump a essayé de faire pression sur les pays européens pour qu'ils investissent davantage dans leurs dépenses de défense. Cependant, en raison de la crise migratoire et des grands débats sur la fermeture de l'espace Schengen, cette idée était déjà dans l'esprit des gouvernements européens. Lors des sommets parlementaires qui ont suivi, Mme Merkel a profité de l'occasion pour rappeler, avec le soutien du président français Emmanuel Macron, que l'Union européenne avait encore une question en suspens : la création de forces de sécurité unitaires.
Ce débat a suscité de nombreuses critiques et n'a pas été formalisé pour l'instant. L'objectif était d'obtenir une plus grande indépendance vis-à-vis des États-Unis et de leurs intérêts militaires, mais avec la pandémie de coronavirus, l'Eurocorps a trouvé une autre raison d'agir et de se faire connaître.
Le fait qu'il n'y ait pas d'armée officielle de l'Union européenne ne signifie pas qu'il n'y a pas d'alliances militaires au sein de l'Union. L'Eurocorps, dont le siège est à Strasbourg, a été fondé en 1992 par la France et l'Allemagne. Les nations cadres mettent l'Eurocorps au service de l'Union européenne et de l'OTAN, qui l'a certifié en 2002 comme l'un de ses neuf quartiers généraux terrestres à haute disponibilité.
La Belgique, la France, l'Allemagne, le Luxembourg et l'Espagne sont les principaux pays qui composent cet organisme militaire international. En plus des pays partenaires, la Grèce, l'Italie, la Pologne, la Roumanie et la Turquie. Début 2020, ces diverses forces de sécurité ont organisé le premier événement officiel depuis la déclaration de la crise sanitaire du coronavirus.
Profitant de ces missions sanitaires, l'Eurocorps a une fois de plus fait les gros titres et a relancé de vieux débats sur la question de savoir si l'Union européenne devrait sérieusement envisager de créer une armée commune pour faire face aux futures menaces qui pèsent sur l'Europe.
En cette année 2020, l'Eurocorps est devenu l'une des forces de réaction rapide de l'OTAN sur le terrain (NFR), ce qui lui permet de déployer 60 000 soldats en quelques jours et partout dans le monde où un conflit éclate qui nécessite son intervention.
Parmi les défis de cette unité militaire européenne pour les deux prochaines années figure le déploiement au Mali et en République démocratique centrafricaine, dans le cadre de missions de l'Union européenne.

Le mois dernier, les ministres de la défense espagnol et français ont tenu une réunion au cours de laquelle ils ont discuté de l'Eurocorps, de la sécurité européenne, de la crise du coronavirus et du Sahel. Tous deux ont montré leur pleine coopération et ont déclaré que les forces armées des deux pays travaillaient en parfaite harmonie.
" Je crois que l'un des grands problèmes non résolus de la Défense européenne en ce moment est précisément qu'il puisse y avoir un Corps de santé militaire européen ", a déclaré la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, lors de la conférence de presse conjointe.
En ce qui concerne COVID-19, M. Robles a souligné la contribution fondamentale des forces armées aux efforts de lutte contre la pandémie, avec la présence actuelle de quelque 2 000 soldats à des fins de suivi.
La rencontre entre Robles et son homologue, Florence Parly, a également porté sur la situation au Sahel suite au coup d'Etat au Mali. À cet égard, le ministre a indiqué que l'engagement de l'Espagne à soutenir le Mali et l'ensemble du Sahel continue d'être une priorité.
C'est pourquoi il a été décidé de redoubler d'efforts dans le cadre de la mission de formation de l'Union européenne au Mali, avec une augmentation du contingent et la mise à disposition de nouvelles capacités de transport aérien.
"Nous comprenons que la lutte contre le terrorisme au Sahel est une priorité. Nous sommes impatients de voir notre mission EUTM-Mali (formation et conseil) reprendre et fonctionner une fois que le nouveau gouvernement malien sera en place", a déclaré M. Robles.
Pour sa part, la ministre française de la défense a apprécié la contribution active de l'Espagne à la lutte contre le terrorisme au centre de l'opération "Barkhane", où un tiers du transport dans le scénario du Sahel est assuré par un détachement militaire espagnol.
Après la rencontre entre les deux ministres, l'Eurogroupe a été renforcé et l'idée d'avoir une armée communautaire résonne à nouveau au Parlement européen. De nombreux analystes considèrent cette proposition comme inutile puisque, l'Alliance atlantique (OTAN) existant, ils ne la considèrent pas comme une priorité.
Mais les récents mouvements et critiques de Trump au sein de l'OTAN ont transformé la politique de sécurité de l'organisme en recommandations à faible impact. Les tensions avec la Turquie et les affrontements avec Chypre et la Grèce ont mis l'organisation dans une position difficile à gérer, ce qui ne manquera pas de causer de gros maux de tête aux représentants de l'Alliance. C'est précisément pour cette raison que beaucoup n'excluent pas la création d'une armée communautaire.