L'armée a dû intervenir pour fournir de l'électricité à la population libanaise pendant quelques jours

Le Liban toujours dans l'obscurité

AP/HASSAN AMMAR - Beyrouth dans le noir pendant une panne d'électricité, Liban, 19 août 2021

Le Liban traverse l'une de ses plus graves crises. Dans le secteur de l'électricité, les réserves n'ont jamais été aussi basses. Le carburant, qui est nécessaire pour faire fonctionner les centrales électriques, reste très rare, ce qui rend la population principalement dépendante des centrales électriques privées, qui ne peuvent même pas garantir un approvisionnement suffisant. 

Au cours du week-end, le Liban a subi deux grandes coupures générales d'électricité après que deux grandes centrales électriques ont cessé de fonctionner après avoir manqué de carburant, a annoncé la compagnie officielle d'électricité. L'armée a dû intervenir pour rendre le pouvoir à la population. Dans leur action, les agents ont libéré une certaine quantité de gazole pour miner le vide électrique et tenter de réactiver partiellement les centrales. Cependant, ce carburant ne suffit que pour faire fonctionner les usines pendant trois jours. 

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Le ministre libanais de l'énergie, Walid Fayyad, a remercié le Premier ministre Najib Mikati et le commandant de la défense Joseph Aun pour leur "réponse rapide pour reconnecter le réseau électrique" après avoir remis 6 000 kilolitres de diesel aux laboratoires de la réserve de l'armée libanaise à Deir Ammar et Al-Zahrani.

Le Liban connaît actuellement l'une des pires crises économiques au monde. Depuis des mois, le pays connaît de multiples difficultés pour fournir et gérer les quantités de carburant nécessaires au bon fonctionnement des usines de production d'électricité. Dans d'importantes parties du pays, l'installation officielle, qui fournit 1 heure d'électricité, est rare et parvient à peine à fournir de l'électricité. De plus, les réserves de carburant dont ont besoin les producteurs d'électricité privés s'épuisent.

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Pour tenter d'alimenter le pays en électricité, le groupe chiite Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste par les États-Unis, a conclu une série d'accords avec l'Iran pour approvisionner le Liban en carburant par camions, malgré les sanctions imposées par Washington.

Avec les nouvelles coupures de courant, l'aide fournie par l'Iran s'est avérée insuffisante. Selon des politiciens libanais, la démonstration des camions de carburant iraniens dans les rues était considérée comme un moyen de promouvoir et de justifier le rôle de l'Iran au Liban, ainsi que de préparer le terrain pour l'arrivée du ministre iranien des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdollahian, à Beyrouth.

Les camions en provenance de Téhéran ont commencé à arriver dans le pays au milieu du mois dernier, une évolution qui n'a pas manqué d'être critiquée par les politiciens de l'opposition qui estiment que l'arrivée de ce carburant ne fera que renforcer l'influence de l'Iran au Liban et exposera le pays à la cible de sanctions internationales.

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Dans ce contexte, le Liban a conclu une série d'accords pour importer de l'électricité de Jordanie et du gaz d'Égypte via la Syrie. Dans le même temps, le gouvernement a signé un accord avec l'Irak pour recevoir des quantités de fuel. En parallèle, la faction du Hezbollah a importé du fioul d'Iran.

En réponse, le patriarche manorite, Bechara Boutros Rai, a averti que "l'aide iranienne" reçue par le Liban était une manœuvre du pays chiite pour maintenir "l'hégémonie dans le pays". Dans son sermon dominical, le patriarche a déclaré que le Liban "doit préserver l'indépendance, la souveraineté et les relations naturelles du pays, de sorte que toute aide servant de couverture ne servira pas à dominer le Liban et à porter atteinte à son identité et à son rôle pacifique". 

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Le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian a promis, lors de son arrivée au Liban, de construire deux nouvelles usines pour produire de l'électricité. Toutefois, les forces politiques du pays sont sceptiques car "l'Iran souffre de divers problèmes internes", notamment "dans le domaine de la fourniture de services aux Iraniens eux-mêmes". 

À cet égard, la réforme du système électrique est l'une des questions les plus importantes auxquelles devra s'attaquer le nouveau gouvernement intérimaire, dirigé par Najib Makiti, nommé en septembre dernier après 13 mois sans gouvernement. Dans un nouvel élan, le ministère libanais de l'énergie a déclaré avoir obtenu l'approbation de la Banque centrale du Liban pour lancer un appel d'offres de 100 millions de dollars afin d'importer le carburant qui sera utilisé pour produire de l'électricité.

La communauté internationale demande au Liban de procéder à une réforme complète du secteur de l'électricité, qui générerait d'importantes pertes pour le trésor public. Ces dépenses ont coûté au trésor public plus de 400 milliards de dollars depuis la fin de la guerre civile qui a déchiré le pays entre 1975 et 1990.