L'ONU parvient à prolonger de deux mois sa trêve au Yémen

Dans un communiqué de presse, l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a annoncé le 2 juin que les parties belligérantes au conflit au Yémen ont accepté de renouveler la trêve en place depuis le début du mois d'avril.
Selon le communiqué, au cours des deux premiers mois de la trêve, la communauté yéménite a bénéficié des avantages tangibles de la cessation des hostilités. Les Nations unies signalent que le nombre de victimes civiles au Yémen a considérablement diminué et que le pays voit à nouveau des vols commerciaux entrer et sortir de l'aéroport de Sana'a, la capitale contrôlée par les Houthis. Il n'y a eu pratiquement aucun vol commercial au Yémen pendant les six dernières années de guerre entre le gouvernement et les rebelles houthis. Depuis avril, Sana'a est à nouveau reliée à l'Égypte et à la Jordanie. Le passage de cargaisons de pétrole par le port d'Hodeida est également une nouveauté et une étape supplémentaire dans le rétablissement de l'économie yéménite en difficulté.

Dans sa déclaration, Grundberg a fait part des progrès réalisés par les Nations unies dans le déblocage des routes menant à Taiz, l'une des prochaines étapes les plus attendues par la société yéménite. La ville de Taiz, dans le sud du pays, est assiégée par les Houthis presque depuis le début des combats. Elle est pratiquement coupée du reste du pays depuis 2016, ce qui a eu un impact très négatif sur sa population et ses infrastructures.
Le même communiqué remercie les membres de la Coalition arabe, l'Arabie saoudite et le Sultanat d'Oman pour leur soutien à l'initiative de paix des Nations unies. Le chemin vers la paix au Yémen a été entrevu pour la première fois lorsque le changement de pouvoir au sommet du gouvernement yéménite a pris effet. Le président en exil Hadi, qui s'est réfugié en Arabie saoudite depuis 2016, était considéré par de nombreux analystes comme un obstacle à la paix au Yémen. La relève de la garde, qui a mis en place un Conseil présidentiel de décision composé d'un large groupe de politiciens et de militaires yéménites, est considérée par Peter Salisbury, analyste de Crisis Group, comme un organe de gouvernement beaucoup plus proche du terrain.
Cette situation est aggravée par l'impasse dans laquelle se trouve le conflit en avril. La poursuite des frappes aériennes échangées entre les forces huthies et gouvernementales a conduit à ce que les experts ont décrit comme un "équilibre des forces", notamment après les frappes de drones sur l'aéroport international d'Abou Dhabi ou près de Djeddah et leurs réponses respectives par la Coalition arabe.

Les résultats de ce changement de pouvoir deviennent évidents. Néanmoins, au cours des deux mois de la première tranche de la trêve, des violations manifestes du cessez-le-feu ont été signalées entre avril et fin mai. Le portail OSINT ACLED dénombre 786 activités violentes sur la période, qui ont fait 190 victimes, civils et combattants confondus.
Quelques jours avant l'annonce de la prolongation de la trêve, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, aurait eu une longue conversation téléphonique avec Al Alimi, le chef du nouveau Conseil présidentiel du Yémen. Selon l'ONU, la conversation a porté sur la trêve annoncée le 2 juin et sur la grave crise économique et sociale au Yémen.
La faim et la pauvreté dans le pays sont deux des principales préoccupations de l'ONU au Yémen. Après que l'ancien président Hadi a renoncé au pouvoir, la Coalition arabe a débloqué des fonds destinés exclusivement aux efforts humanitaires dans le pays, mais la situation reste critique selon les rapports de la mission des Nations unies.