Boualem Sansal condamné à cinq ans : répression de la liberté d'expression en Algérie

Suite à la décision de la Cour d'appel d'Alger de condamner Boualem Sansal à cinq ans de prison pour avoir été considéré comme un « bouc émissaire de la France et du Maroc », les autorités françaises ont rejeté toute forme de négociation ou de rapprochement avec Alger. Parmi les arguments avancés par la France figurent la non-prise en compte de l'état de santé de l'écrivain et les nombreuses demandes de rapatriement formulées par les avocats et la famille de Sansal.
Considérée comme l'une des affaires les plus controversées de la crise entre la France et l'Algérie, l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a mis fin à toute possibilité de rétablissement des relations entre les deux pays.

Actuellement, Sansal, âgé de 80 ans, souffre d'un cancer, raison pour laquelle son nouvel avocat, Pierre Cornut-Gentil, est arrivé à Alger la semaine dernière pour demander à nouveau aux autorités algériennes un nouvel appel. Toutefois, selon la famille, on espère qu'en fin de compte, l'Algérie pourra enfin accéder aux demandes de libération à l'occasion de la fête de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet.
Depuis son arrestation à Alger en novembre dernier, la vie de l'écrivain a été traumatisante ces derniers mois, comme le rapportent ses proches. Depuis ce jour, un conflit a éclaté entre Alger et Paris, précédemment suscité par l'annonce du président français Emmanuel Macron de reconnaître le plan d'autonomie du Maroc sur le Sahara occidental proposé par le roi du Maroc, Mohammed VI, en 2007, comme la solution la plus « sérieuse, crédible et réaliste » au conflit.

Sansal a été jugé pour « atteinte à l'unité nationale, insulte à un organe statutaire, participation à des pratiques susceptibles de nuire à l'économie nationale et possession de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité nationales », des délits prévus par le Code pénal algérien et passibles de peines pouvant aller jusqu'à sept ans d'emprisonnement.
Pendant tout ce temps, les autorités françaises ont exhorté sans succès l'Algérie à céder dans cette affaire. À ce jour, de nombreux recours ont été déposés. Le dernier en date est la demande officielle de rapatriation proposée par l'Assemblée nationale française le 6 mai pour non-respect par l'Algérie de ses obligations internationales en matière de droits de l'homme. Macron a même demandé personnellement à Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie, de faire un geste humanitaire.
D'importantes personnalités du pays, telles que le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, et le Premier ministre français, François Bayrou, ont insisté pour que le Franco-Algérien soit gracié. Ce dernier a déclaré à propos de la décision du tribunal que « ce que vit Boualem Sansal est insupportable. Maintenant, après le verdict, nous pouvons imaginer une grâce pour lui, surtout compte tenu de l'état de santé de notre concitoyen ».

Dans le même ordre d'idées, Retailleau a indiqué qu'il espérait que Sansal serait libéré et que le contact pourrait être maintenu et aboutir rapidement, et que la France ne cesserait pas ses efforts pour qu'il soit finalement libéré.
De leur côté, les autorités algériennes insistent sur le fait que les déclarations de Sansal dans l'interview accordée au magazine français Frontières, dans laquelle il défendait la position marocaine selon laquelle une partie du territoire du royaume avait été isolée sous le colonialisme français et annexée à l'Algérie, « ont dévoilé le vrai visage de l'écrivain ». Abdelmadjid Tebboune lui-même a d'ailleurs qualifié Sansal de « fraudeur et d'émissaire de la France ».