L'UE suspend sa mission de formation militaire au Mali
L'Union européenne a accepté lundi de "suspendre" sa mission de formation militaire au Mali, compte tenu de la dégradation des conditions de sécurité dans le pays et de la présence du groupe Wagner, la société russe de mercenaires.
"Nous avons décidé de suspendre une partie de notre mission de formation EUTM au Mali, qui était destinée aux unités des forces armées maliennes", a déclaré le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des ministres européens des affaires étrangères.
"Malheureusement, les événements nous obligent à le faire. Il n'y a pas suffisamment de garanties, de la part des autorités de transition, sur la non-ingérence de la société Wagner, qui commence à être responsable des tristes événements qui ont fait des dizaines de morts au Mali", a-t-il poursuivi.
Le chef de la diplomatie européenne a également justifié cette décision par des massacres comme celui de Moura (centre du Mali), le 27 mars, qui, selon diverses sources, a été commis par des soldats maliens, soutenus par des agents étrangers.
Selon l'ONG Human Rights Watch, près de 300 personnes ont été tuées, un chiffre que la junte militaire malienne, qui dirige le pays depuis le coup d'État de l'année dernière, a estimé à 203.
"Nous ne pouvons pas collaborer à quelque chose que nous pourrions regretter. Ce qui s'est passé à Moura, nous ne pouvons pas former des soldats qui pourraient participer à ce genre de choses", a souligné M. Borrell, qui a demandé aux autorités maliennes de permettre à la mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) d'enquêter sur ce qui s'est passé.
L'ancien ministre espagnol a assuré que l'UE devra "aller dans les pays voisins" du Mali, car "le Sahel continuera d'être une priorité", malgré la suspension de la mission EUTM, créée en 2013 pour aider à combattre le terrorisme djihadiste.
Toutefois, le haut représentant a déclaré que l'UE continuera à conseiller les soldats maliens sur des questions telles que "le droit de la guerre, car le droit régit également en temps de guerre et cela ne se fait pas par inspiration divine, quelqu'un doit expliquer ce qui peut et ne peut pas être fait".
L'UE continue d'"attendre" que la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) parvienne à un accord avec la junte militaire pour organiser des élections et rétablir l'ordre constitutionnel