Le Mali pourrait reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental

L'intensification de la crise diplomatique entre le Mali et l'Algérie, y compris le rappel des ambassadeurs respectifs pour consultations, pourrait conduire à un changement de cap dans la politique étrangère du gouvernement de Bamako.
- Le Mali rappelle son ambassadeur en Algérie
- Rapprochement avec le Maroc
- Problèmes à la frontière entre le Mali et l'Algérie
Ce changement de cap se traduirait par un rapprochement avec le Maroc, qui pourrait inclure une reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur le Sahara occidental, ainsi que par une série d'alliances stratégiques visant à protéger la frontière entre le Mali et l'Algérie.
Le Mali rappelle son ambassadeur en Algérie
Le tournant de cette rupture diplomatique entre Bamako et Alger a été la rencontre dans la capitale algérienne entre le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et l'imam Mahmoud Dicko, un religieux proche du gouvernement d'opposition de Bamako, très critique à l'égard de l'armée malienne et de son intervention dans la vie politique nationale.

Cette rencontre n'a pas été du goût du Mali, dont le ministre des affaires étrangères, Abdallah Diop, a rappelé son ambassadeur en Algérie pour consultations, ce qui a déclenché un feu croisé d'accusations entre les médias des deux pays.
Presque en même temps qu'il faisait état de cette crise dans les relations diplomatiques avec l'Algérie, le ministère malien des Affaires étrangères soulignait la présence du ministre Diop au sommet atlantique qui s'est tenu à Marrakech (Maroc) le 23 décembre.
Rapprochement avec le Maroc
Ce sommet atlantique, organisé à l'initiative de Mohammed VI, roi du Maroc, visait à faciliter l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique, avec le soutien exprès du Niger, du Tchad, du Burkina Faso et du Mali lui-même.
Selon les déclarations du ministre malien des Affaires étrangères, Abdallah Diop, à l'issue de sa rencontre avec son homologue marocain, Nasser Bourita, "l'initiative royale représente un facteur important, capable d'apporter une réponse économique et géopolitique aux préoccupations de paix et de sécurité".
La stratégie actuelle du gouvernement malien est de mettre en avant le poids des relations historiques, commerciales et humanitaires entre le Mali et le Maroc, ce qui pourrait conduire à la reconnaissance par Bamako de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Dans ce sens, des personnalités comme l'ancien ministre malien des Affaires étrangères Ahmed Ould Abdallah, et le professeur marocain de relations internationales et de droit international, Mohamed Lakrini, se sont exprimés dans ce sens.

Dans des déclarations au journal numérique Al Arab, Lakrini a souligné que "ce qui s'est passé entre l'Algérie et le Mali peut être considéré, dans le langage des relations internationales, comme une opportunité pour reconnaître l'intégrité territoriale marocaine, d'autant plus que l'Algérie a accueilli l'opposition malienne, qui menace également la sécurité territoriale du Mali".
Problèmes à la frontière entre le Mali et l'Algérie
Lakrini a également rappelé que le Mali et l'Algérie partagent une longue frontière de plus de 900 kilomètres qui, dans un contexte de détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays, pose de sérieux problèmes de sécurité liés aux groupes armés, à la contrebande d'armes, au trafic de drogue et aux réseaux d'immigration clandestine.
C'est pourquoi le gouvernement malien a tout intérêt à renforcer ses relations diplomatiques avec un allié de poids dans la région, le Maroc. En effet, le Royaume a effectué plusieurs démarches diplomatiques en faveur de la sécurité au Mali et les relations entre les deux Etats se sont renforcées ces dernières années.
Rappelons que le roi Mohammed VI a effectué une visite à Bamako en 2013 et 2014, qui a donné lieu à la signature de 17 accords dans divers secteurs, ce qui a fait du Mali la troisième destination des investissements marocains en Afrique et le deuxième bénéficiaire des bourses de formation marocaines.