Nouvelles élections présidentielles en Syrie, même résultat

La Syrie tiendra ses deuxièmes élections présidentielles au milieu d'une guerre civile sanglante, sans aucun signe de solution à court terme. La situation dans le pays arabe devient de plus en plus compliquée, alors que le conflit semble s'être enlisé. La société syrienne se rendra aux urnes le 26 mai, comme l'a annoncé le président de l'Assemblée du peuple, Hamoudah Sabbag.
Le pays arabe est confronté à une grave crise économique et sanitaire. La valeur de la livre syrienne s'est effondrée sur le marché noir, accélérée par la crise financière au Liban voisin et les sanctions occidentales. Des coupures de courant intermittentes ont également contraint les entreprises locales à fermer, augmentant ainsi le niveau de chômage au cours des derniers mois.
Le régime ne contrôle pas encore l'ensemble du territoire. Les élections ne se tiendront donc que dans les zones contrôlées par le gouvernement. Les élections étaient prévues entre le 16 avril et le 16 mai 2021, mais elles auront finalement lieu le 26 du mois prochain, quelques jours après la fin du mois sacré musulman du Ramadan.

Un rendez-vous d'une importance marquée puisqu'il s'agit de la première élection présidentielle convoquée par le gouvernement depuis 2014. Hamoudah Sabbag, a annoncé que le délai de dépôt des candidatures est ouvert et que celles-ci peuvent s'inscrire auprès de la Haute Cour constitutionnelle pour une période de dix jours. Pour leur part, les Syriens à l'étranger pourront "voter dans les ambassades" le 20 mai, a déclaré M. Hammoudah.
Lors de la dernière élection, dans un contexte de répression sanglante des manifestations pacifiques à travers le pays dans le sillage du printemps arabe, le président Bachar el-Assad a obtenu 88,7 % des voix. Ces résultats sont susceptibles d'être répétés lors de ces nouvelles élections, donnant au président actuel un nouveau mandat de 7 ans.
La famille Asad et son parti Baath dirigent la Syrie depuis cinq décennies. Bachar al-Asad a pris le pouvoir en 200 après la mort de son père Hafez, et loin de décimer son pouvoir à la tête du pays, la guerre civile qui dure depuis 10 ans n'a fait que renforcer son rôle à la tête du gouvernement.

Ces nouvelles élections sont marquées par l'absence quasi-totale d'opposition, et le fait que pour se présenter comme candidat il faut avoir vécu sans interruption en Syrie pendant au moins 10 ans, ce qui signifie que les figures de l'opposition en exil qui ont lutté pour mettre fin à 51 ans de gouvernement de la famille Assad sont exclues. En outre, les candidats doivent également avoir le soutien d'au moins 35 membres du Parlement, qui est dominé par le parti Baath d'Assad.
Les puissances occidentales ont demandé à plusieurs reprises la démission du président syrien, qu'elles accusent de crimes contre l'humanité. L'envoyée américaine Linda Thomas-Greenfield a déjà averti le Conseil de sécurité des Nations unies que "ces élections ne seront ni libres ni équitables. Ils ne légitimeront pas le régime d'Assad".

L'opposition étrangère a également exprimé son désaccord avec l'appel à ces nouvelles élections et a prévenu qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats. Mustafa Sejari, figure de proue de l'opposition, a souligné que "nous considérons que le parlement d'Assad n'a aucune légitimité. Il s'agit d'une farce théâtrale et d'un effort désespéré pour réinventer ce régime criminel".
Après dix ans de guerre, le gouvernement syrien contrôle la plupart des grands centres de population du pays. Il existe également un cessez-le-feu fragile entre le gouvernement et les rebelles dans la dernière province sous contrôle rebelle, Idlib, dans le nord-ouest.
Dans ce contexte, les Syriens sont appelés à voter sur l'avenir d'un pays qui fait face à l'abîme. Sans aucune option qui représente une réelle opposition à Bachar el-Assad, et le résultat le plus probable est la réélection du président actuel pour un quatrième mandat consécutif, alors que le pays est exsangue et connaît la pire crise économique de ces dernières années.