Les trois pays ont émis des alertes de sécurité concernant le risque terroriste dans la région

Le Royaume-Uni rejoint les États-Unis et l'Espagne dans leur mise en garde contre les voyages à Tindouf

Tinduf - PHOTO/FILE
Tinduf - PHOTO/FILE

Le Royaume-Uni est le troisième pays à déconseiller à ses citoyens de se rendre à Tindouf en raison de la présence de menaces terroristes potentielles. Londres prévient que des terroristes sont "susceptibles de tenter des attaques en Algérie, y compris des opérations d'enlèvement". "Il existe également un risque que des acteurs individuels prennent pour cible des ressortissants étrangers", a déclaré le ministère des Affaires étrangères. 

  1. Liens entre le Polisario et les groupes terroristes 
  2. Manifestations contre les dirigeants du Polisario 

La mise en garde britannique fait suite à des déclarations similaires des États-Unis et de l'Espagne.

L'alerte émise par le département d'État et publiée sur le site web de l'ambassade des États-Unis en Algérie invite les citoyens américains résidant ou visitant l'Algérie à ne pas se rendre dans la ville de Tindouf ou dans les camps de réfugiés sahraouis de la région. La raison de cette mise en garde est le risque accru d'enlèvements dans un contexte de fortes tensions dans la région. 

La diplomatie américaine demande aux citoyens américains d'éviter tout voyage dans la région, au moins jusqu'à la mi-mars, conseille à ceux qui sont déjà présents de faire preuve d'une vigilance maximale et leur recommande de rester vigilants dans les lieux fréquentés par les touristes ou les Occidentaux. 

Les citoyens américains sont également invités à prévoir des plans d'urgence pour leur départ et à revoir constamment leurs plans de sécurité personnelle. Ils doivent notamment disposer de documents de voyage à jour en vue d'une éventuelle évacuation, ainsi que d'une pièce d'identité appropriée, c'est-à-dire d'un passeport américain et d'un visa en cours de validité. 

El ministro de Asuntos Exteriores de España, José Manuel Albares - AP/ANJUM NAVEED
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares - AP/ANJUM NAVEED

Pour sa part, le ministère espagnol des Affaires étrangères a publié sur son site officiel un avertissement invitant les citoyens espagnols à éviter de se rendre dans la zone des camps de Tindouf, sur le territoire algérien.  

L'alerte met en évidence une "menace terroriste contre les citoyens espagnols dans la zone des camps sahraouis" en raison de "l'instabilité accrue dans le nord du Mali et de l'intensification conséquente de l'activité des groupes terroristes dans la région". L'alerte recommande aux citoyens espagnols d'éviter de se rendre dans les camps et de quitter la zone s'ils s'y trouvent déjà. 

Liens entre le Polisario et les groupes terroristes 

Comme le souligne Al-Arab, plusieurs analystes ont considéré la déclaration de l'Espagne comme "un signal clair" concernant le lien connu entre les groupes terroristes et le Front Polisario. Elle montre également que Madrid ne fait pas confiance au Polisario en raison de ces liens.   

Il est également rappelé que les camps de Tindouf ont déjà été attaqués par des groupes terroristes en 2011, ce qui a entraîné l'enlèvement de 6 étrangers, dont deux Espagnols. 

Mohamed Al-Tayyar, chercheur en études sécuritaires et stratégiques - cité par les médias arabes - considère que la démarche de l'Espagne "est liée à des données réalistes sur l'expansion des mouvements extrémistes dans les camps de Tindouf, l'implication de membres du Polisario dans des cellules terroristes de la région et l'émergence de leaders d'organisations telles que Daesh, Al-Qaïda et d'autres organisations terroristes actives dans les pays d'Afrique de l'ouest et du Sahel, en raison de la situation fragile et inhumaine de la population détenue dans les camps". 

Les camps de Tindouf ont déjà été attaqués par des groupes terroristes en 2011 - PHOTO/FILE

Al-Tayyar souligne également les liens entre le Polisario et les milices soutenues par l'Iran, telles que le Hezbollah, ainsi que les menaces directes à l'encontre des investisseurs espagnols qui ont choisi de construire un hôtel de luxe dans la ville de Dakhla, dans le sud du Maroc.  

Alors que l'Algérie reste silencieuse sur les avertissements du ministère espagnol des Affaires étrangères, le Polisario les considère comme "inacceptables", affirmant qu'ils "font partie d'une stratégie visant à entraver davantage le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination".  

Manifestations contre les dirigeants du Polisario 

Les avertissements de Londres, Washington et Madrid interviennent alors que le Front Polisario et les autorités algériennes se préparent à organiser le soi-disant "marathon du Sahara" à Tindouf le 28 février. 

Ces avertissements interviennent également au moment où les camps de Tindouf et la ville du même nom sont le théâtre de manifestations et de protestations quotidiennes contre la direction du Polisario et, entre autres, contre la justice algérienne. 

Depuis le dimanche 11 février, les jeunes du groupe Rguibat Souaâd mènent un vaste mouvement de protestation marqué par des actes de violence pour exprimer leur rejet de la condamnation de l'un des leurs par le tribunal algérien de Tindouf. 

PHOTO/AFP - Brahim Ghali, secretario general del frente Polisario
Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario - PHOTO/AFP

Ahmed Ould Ben Ali, l'un des milliers de jeunes sans perspective d'avenir dans les camps de Tindouf, a été condamné à cinq ans de prison par le tribunal algérien pour trafic de drogue. 

Cette condamnation a déclenché de violentes manifestations visant les autorités algériennes et leurs représentants du Polisario dans les camps de Tindouf. Les manifestants ont brûlé des pneus et bloqué une route importante. Ils ont également attaqué des installations administratives du Polisario, notamment le secrétariat général et le siège du soi-disant service de renseignement de la milice séparatiste. 

Jeunes à Tindouf - PHOTO/FILE

D'autre part, les efforts de l'Algérie pour perpétuer le conflit du Sahara en armant et en finançant le Polisario ont créé une nouvelle menace, car des dizaines de jeunes hommes du camp de Tindouf cherchent à rejoindre des trafiquants de drogue ou même des groupes terroristes, comme ce fut le cas pour le résident Abu Walid Saharawi, ancien chef de la branche de Daesh pour le Grand Sahara. 

La situation devrait s'aggraver avec la répression continue du Polisario contre les voix dissidentes, y compris celles qui appellent au compromis et soutiennent le plan d'autonomie du Maroc.