Tebboune accuse l'extrême droite française de la crise avec Paris

L'Algérie tente de tirer profit des divisions politiques en France, en se rapprochant de la gauche et des modérés pour renforcer ses liens 
El presidente argelino, Abdelmadjid Tebboune, pronuncia un discurso durante una sesión del Foro Económico Internacional de San Petersburgo (SPIEF) en San Petersburgo, Rusia, el 16 de junio de 2023 - Photo cortesía de RIA Novosti vía REUTERS
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune prononce un discours lors d'une session du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) à Saint-Pétersbourg, Russie, le 16 juin 2023 - Photo courtoisie de RIA Novosti via REUTERS

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a intensifié ses efforts pour attribuer la crise actuelle entre l'Algérie et la France à l'extrême droite française, exonérant l'administration d'Emmanuel Macron et les ministres des Affaires étrangères. Cette position s'est clairement reflétée dans sa récente apparition devant les médias, dans un contexte où les institutions officielles françaises cherchent à résoudre les tensions bilatérales. 

Le discours officiel algérien projette l'idée que le conflit avec la France est circonscrit aux secteurs les plus radicaux de la politique française, suggérant que seuls les dirigeants actuels sont autorisés à aborder des questions controversées. Cependant, les chiffres et les approches indiquent que ce sont les institutions françaises, et non un mouvement politique particulier, qui sont intéressées par la réconciliation. Le cas de l'écrivain Boualem Sansal, qui a été arrêté, et dont la situation a été défendue personnellement par Macron, au-delà des idéologies, en est un exemple. 

Lors de sa comparution, Tebboune a cherché à réduire la représentation politique française à la figure de Macron et, dans une moindre mesure, aux ministres des Affaires étrangères, étant donné sa confiance dans le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf. Cette stratégie a été maintenue depuis le début de la crise il y a huit mois, lorsque l'Algérie a commencé à attribuer la tension exclusivement à l'extrême droite, la distanciant de la hiérarchie officielle française et de ses personnalités modérées, y compris Macron lui-même, malgré ses positions qui ont dérangé l'Algérie, comme sa ferme défense de Sansal.

Alors que Macron exhortait Tebboune à intervenir par le biais d'une grâce présidentielle, après la demande d'une peine sévère par le parquet contre Sansal, le président français a utilisé cette situation comme emblème dans plusieurs déclarations, y compris celle qui a suscité l'indignation algérienne, assurant que l'Algérie « s'humilie en emprisonnant Boualem Sansal »

El escritor argelino Boualem Sansal - REUTERS/ KAI PFAFFENBACH
L'écrivain algérien Boualem Sansal - REUTERS/ KAI PFAFFENBACH

Malgré les divergences idéologiques entre les mouvements politiques français, il n'y a pas eu de grandes différences dans leurs positions officielles envers l'Algérie sur des questions clés telles que l'immigration, les accords bilatéraux ou le soutien au Maroc dans le conflit du Sahara occidental. Néanmoins, l'Algérie a tenté de tirer parti des divisions politiques en France, en se rapprochant de la gauche et des modérés pour renforcer ses liens. 

La comparution de Tebboune a reflété une incertitude notable concernant la relation avec son partenaire européen historique. Il n'a pas proposé de conditions ni de visions claires pour la normalisation, comptant sur Macron pour trouver une solution. Parallèlement, des initiatives ont été encouragées, telles que l'accélération au Parlement du projet de loi qui pénalise le colonialisme, une mesure qui aggrave encore les tensions. 

El presidente de Argelia, Abdelmadjid Tebboune, y el presidente francés, Emmanuel Macron, conversan antes de una sesión sobre Inteligencia Artificial (IA), Energía, África y el Mediterráneo en el segundo día de la cumbre del G7 en Borgo Egnazia, Italia, el 14 de junio de 2024 - REUTERS/ LOUISA GOULIAMAKI
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président français Emmanuel Macron discutent avant une session sur l'intelligence artificielle (IA), l'énergie, l'Afrique et la Méditerranée lors du deuxième jour du sommet du G7 à Borgo Egnazia, en Italie, le 14 juin 2024 - REUTERS/ LOUISA GOULIAMAKI.

Le président algérien a minimisé la crise, déclarant qu'ils considéraient le président Macron comme « la seule autorité et que nous travaillons ensemble ». Il a souligné que la résolution devait passer par Macron ou par son ministre des Affaires étrangères, réitérant que le conflit actuel était une invention motivée par le chaos politique en France. « Il y a un chaos généralisé et une grande agitation politique en France à cause d'un différend complètement inventé », a-t-il expliqué. 

Cependant, ces paroles contrastent avec les actions de son propre ministère des Affaires étrangères, qui avait condamné quelques heures plus tôt la France pour avoir violé des accords bilatéraux, notamment en refusant d'extrader l'ancien ministre algérien Abdeslam Bouchouareb, recherché par la justice algérienne. 

El presidente francés, Emmanuel Macron - REUTERS/ STEPJANIE LECOCQ
Le président français Emmanuel Macron - REUTERS/ STEPJANIE LECOCQ

De son côté, Macron a maintenu sa position ferme en faveur de la liberté de Sansal, en se rangeant du côté des positions les plus critiques envers l'Algérie et en réitérant sa confiance dans le fait que Tebboune « saura trouver une solution rapide pour la libération de l'écrivain », renforçant ainsi un discours qui a non seulement tendu les relations, mais a également polarisé les deux pays sur la scène diplomatique.