Trump : 100 jours au pouvoir

Pendant la campagne présidentielle, Donald Trump avait promis de mettre en œuvre des changements radicaux dès le premier jour s'il revenait à la Maison Blanche. Peu de gens s'attendaient toutefois à la rapidité et à la force avec lesquelles il commencerait à transformer les États-Unis.
Pour ses partisans, cette stratégie démontre le caractère d'un leader déterminé à agir, à tenir ses promesses et à mettre en œuvre les réformes attendues. Pour ses détracteurs, en revanche, elle représente un dangereux abus de pouvoir qui menace de perturber de manière permanente l'équilibre constitutionnel du pays.
L'un des moments les plus controversés est survenu à peine trois semaines après le début du mandat. Le vice-président, JD Vance, a publié sur les réseaux sociaux que « les juges ne peuvent pas contrôler le pouvoir légitime de l'exécutif ». Cette déclaration a déclenché une tempête médiatique et une vague de réactions dans le monde juridique, remettant en question un principe vieux de plus de deux siècles : le pouvoir des tribunaux de réviser et d'annuler les actions gouvernementales contraires à la Constitution.
Les propos de Vance ont constitué un défi au système de séparation des pouvoirs. Loin de se rétracter, la Maison Blanche a intensifié son offensive : elle a pris des compétences qui relevaient du Congrès, comme le contrôle des dépenses, et a supprimé unilatéralement des fonds destinés à des programmes et à des agences entières.
Pendant ce temps, au Capitole, les républicains, qui disposent d'une majorité serrée dans les deux chambres, ont répondu par un silence complice. Les tribunaux, cependant, ont montré leur résistance. Selon un décompte du New York Times, plus de 100 décisions judiciaires ont déjà été rendues pour bloquer des mesures présidentielles jugées inconstitutionnelles.

Les mesures prises par Trump, en particulier celles visant à démanteler certaines parties de l'appareil fédéral, pourraient prendre des années, voire des décennies, à être annulées, si un futur président décidait de le faire. Cependant, bon nombre de ses réformes ne bénéficient toujours pas d'un soutien législatif, ce qui les rend vulnérables à une annulation par ses successeurs.
En outre, la possibilité d'un changement durable reste incertaine. Même si le Congrès, avec sa fragile majorité républicaine, tentera cette année d'adopter des lois soutenant le programme de Trump, les élections législatives de mi-mandat de l'année prochaine pourraient complètement transformer le paysage politique.

Triomphalisme dans le Michigan malgré les sondages
Pour commémorer ces 100 premiers jours, Trump a organisé un rassemblement à Warren, dans le Michigan. Pendant 90 minutes, il a répété ses thèmes de campagne favoris : l'immigration, l'économie et le patriotisme. Bien qu'il affiche l'un des taux d'approbation les plus bas pour un président à ce stade de son mandat — entre 40 % et 45 % selon plusieurs sondages —, il s'est montré euphorique et optimiste.
« Ce sont les 100 premiers jours les plus fructueux de l'histoire de notre pays », a-t-il proclamé, entouré d'écrans affichant le slogan « 100 jours de grandeur ».
Sa politique migratoire reste la plus populaire parmi ses électeurs. 46 % des Américains approuvent ses mesures dans ce domaine, même si près de la moitié estime qu'il est allé trop loin dans l'expulsion des immigrants sans papiers, selon l'AP.
Just 100 days in, President Trump’s economic policy is driving down inflation, gas, and grocery costs, while jobs boom, investments pour in, and America First proves it’s not just a slogan — it’s a winning formula.
— The White House (@WhiteHouse) April 29, 2025
Trust Trump. He’s delivering. 🇺🇸 pic.twitter.com/x7NHLNAlWZ
Les arrestations aux passages illégaux à la frontière avec le Mexique ont considérablement diminué, ce que Trump a présenté comme une grande réussite. « Éliminer les envahisseurs n'est pas seulement une promesse de campagne. C'est mon devoir solennel en tant que commandant en chef », a-t-il déclaré.
La politique migratoire a concentré une grande partie des tensions et des controverses. En mars, plus de 200 Vénézuéliens ont été expulsés vers le Salvador et incarcérés dans la prison de haute sécurité de Cecot, sans procédure légale régulière. Cette mesure a été justifiée par les pouvoirs exécutifs propres à une période de guerre. Un juge fédéral d'appel, nommé par les républicains, s'est dit « choqué » par les actions de la Maison Blanche et a averti que les pouvoirs étaient « sur le point d'entrer en collision irrévocable ».
D'autre part, ses politiques économiques ont suscité l'inquiétude. Son plan de tarifs douaniers radicaux a provoqué des turbulences sur les marchés et a été mal accueilli par la population : 57 % des personnes interrogées dans un sondage CNBC pensent que les États-Unis sont déjà en récession ou se dirigent vers une récession.

Outre ses politiques intérieures, Trump a défendu un expansionnisme sans précédent. Il n'a pas exclu des interventions militaires au Groenland et au Panama, a suggéré de transformer la bande de Gaza en destination touristique et, dans un revirement qui frôle le surréalisme, a laissé entendre la possibilité d'annexer le Canada.
Par ailleurs, les politiques d'austérité menées par son conseiller, l'homme d'affaires Elon Musk, ont secoué Washington. Toutes ces mesures ont repoussé les limites du pouvoir judiciaire et remis en cause des normes qui semblaient intangibles depuis la Seconde Guerre mondiale.