Trump signe un décret migratoire contre 19 pays pour des raisons de sécurité nationale

Le président suspend totalement ou partiellement l'entrée aux États-Unis des ressortissants de pays présentant des « lacunes critiques » en matière de contrôles de sécurité et d'échange d'informations 
El presidente estadounidense Donald Trump - REUTERS/ KEVIN LAMARQUE
Le président américain Donald Trump - REUTERS/ KEVIN LAMARQUE

Un nouveau décret signé par le président américain Donald Trump a remis au centre du débat politique et juridique la stratégie controversée des restrictions migratoires fondées sur la nationalité. Sous prétexte de « donner la priorité à la sécurité nationale avant toute autre considération », le décret présidentiel suspend complètement l'entrée aux États-Unis des citoyens de 12 pays et restreint partiellement celle des ressortissants de sept autres. 

Cette mesure, qui entrera en vigueur le lundi 9 juin, concerne les citoyens d'Afghanistan, du Myanmar, du Tchad, de la République du Congo, de Guinée équatoriale, d'Érythrée, d'Haïti, d'Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan et du Yémen, qui se verront interdire l'entrée dans le pays dans toutes les catégories, sauf dans des cas exceptionnels. Parallèlement, des restrictions partielles seront appliquées aux ressortissants du Burundi, de Cuba, du Laos, de la Sierra Leone, du Togo, du Turkménistan et du Venezuela. 

La proclamation, annoncée officiellement mercredi depuis la Maison Blanche et accompagnée d'une vidéo dans laquelle Trump réaffirme son engagement à « protéger le peuple américain », justifie cette nouvelle vague de restrictions par des rapports de sécurité élaborés par le secrétaire d'État, le département de la Sécurité intérieure et d'autres agences de renseignement. Ces documents concluent que les pays concernés présentent des lacunes critiques dans leurs systèmes de vérification d'identité, d'échange d'informations, des taux élevés de séjour avec des visas expirés et, dans certains cas, la présence active d'organisations terroristes sur leur territoire. 

Un oficial de ICE es visto en el centro de detención de inmigrantes de Otay Mesa en San Diego, California - REUTERS/LUCY NICHOLSON
Un agent de l'ICE au centre de détention d'Otay Mesa à San Diego, Californie - REUTERS/LUCY NICHOLSON

L'un des exemples cités dans le document est celui de l'Afghanistan, où le contrôle du pays par les talibans rend impossible la vérification de l'authenticité des documents délivrés. Il mentionne également des cas comme le Tchad et le Myanmar, qui enregistrent un nombre inquiétant de citoyens qui ne quittent pas les États-Unis à l'expiration de leur visa touristique ou d'études. Selon Trump, ces « lacunes du système d'immigration » ont été exploitées dans le passé par des individus aux intentions hostiles, ce qui renforce la nécessité de mettre en œuvre des mesures préventives. 

Bien que la proclamation ait un ton ferme, elle n'est pas dénuée de nuances. Le décret détaille une série d'exceptions claires, telles que les résidents permanents légaux des États-Unis, les personnes ayant la double nationalité qui utilisent un passeport délivré par un pays non soumis à restriction, les diplomates, les athlètes participant à des compétitions internationales de haut niveau, les enfants adoptés ou les personnes ayant collaboré directement avec le gouvernement américain, comme les interprètes afghans.

Il prévoit également la possibilité d'accorder des dérogations spéciales si le secrétaire d'État, le procureur général ou le secrétaire à la Sécurité intérieure estiment que l'entrée d'une personne donnée répond à des intérêts nationaux essentiels, que ce soit pour des raisons stratégiques, judiciaires ou humanitaires. 

Un hombre es escoltado a una camioneta de pasajeros por agentes federales después de que los agentes realizaron arrestos de inmigración en Chicago, Illinois, EE.UU. el 4 de junio de 2025 - REUTERS/ JIM VONDRUSKA
Un homme est escorté jusqu'à une camionnette par des agents fédéraux après que ceux-ci aient procédé à des arrestations de migrants à Chicago, Illinois, États-Unis, le 4 juin 2025 - REUTERS/ JIM VONDRUSKA

Trump a souligné dans son discours que cette mesure s'inscrit dans la continuité de la ligne d'action qu'il a engagée lors de son premier mandat. Il a rappelé qu'en janvier 2017, il avait déjà imposé une interdiction similaire aux citoyens de pays à majorité musulmane, qui avait été contestée devant les tribunaux mais confirmée par la Cour suprême en 2018. Cette politique a été annulée par le président Joe Biden en 2021, qui a fait valoir qu'il s'agissait d'une initiative « xénophobe et discriminatoire ». 

La nouvelle proclamation a suscité des réactions immédiates au Congrès. Des législateurs démocrates tels qu'Adam Schiff et Ed Markey ont exprimé leur rejet sur les réseaux sociaux, accusant Trump de récidiver dans des pratiques qui « intègrent l'intolérance et la haine dans la politique migratoire américaine » et avertissant qu'elles ne contribueront pas à renforcer la sécurité du pays. En outre, les experts juridiques anticipent une avalanche de poursuites judiciaires de la part de groupes de défense des droits civils, qui ont déjà qualifié ces mesures de « discrimination institutionnalisée » dans le passé. 

Agentes federales impiden que manifestantes interfieran con arrestos migratorios en Chicago, Illinois, EE. UU., 4 de junio de 2025 - REUTERS/ JIM VONDRUSKA
Des agents fédéraux empêchent des manifestants d'interférer avec des arrestations de migrants à Chicago, Illinois, États-Unis, le 4 juin 2025 - REUTERS/ JIM VONDRUSKA

L'un des aspects les plus frappants de cette annonce est l'exclusion de l'Égypte de la liste, alors que le pays a été au centre de l'attention médiatique cette semaine après l'attaque de Boulder, dans le Colorado, perpétrée par un ressortissant égyptien présumé. Trump a explicitement mentionné cet attentat, commis contre des manifestants juifs, mais a affirmé que la situation en Égypte était toujours en cours d'examen. À cet égard, le secrétaire d'État, en collaboration avec le procureur général et le directeur du renseignement national, procédera à une analyse approfondie afin d'évaluer si les mécanismes de contrôle égyptiens répondent aux normes exigées par la nouvelle politique. 

Le décret prévoit également un mécanisme de révision périodique, coordonné entre les départements d'État, de la Sécurité intérieure et de la Justice, afin de mettre à jour la liste des pays concernés. Cette révision pourra conduire à l'ajout de nouveaux pays, à la levée de restrictions ou à la modification des conditions en fonction des progrès ou des reculs constatés dans les pratiques de chaque pays en matière de sécurité, de documentation et de coopération internationale.