La Turquie bombarde des cibles kurdes en Irak et en Syrie après un attentat terroriste à Ankara

L'armée de l'air turque a bombardé plusieurs cibles militaires kurdes dans le nord de l'Irak et de la Syrie en représailles à une attaque contre l'entreprise publique d'aérospatiale et de défense TUSAS, qui a fait cinq morts et plus de 20 blessés.
Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan d'être à l'origine de l'attentat, qui a été perpétré par un homme et une femme, tous deux éliminés par les forces de sécurité turques. Les attaquants, que Yerlikaya a identifiés comme étant des « membres du PKK », ont fait exploser des explosifs et ont ouvert le feu sur la société basée à Ankara.
Le groupe kurde a revendiqué l'attentat, le qualifiant d'« acte de sacrifice ».

En réponse, le ministère de la Défense a annoncé que plus de 30 cibles avaient été détruites dans les régions kurdes d'Irak et de Syrie, en prenant « toutes les précautions » pour éviter de blesser des civils. « Nous infligeons toujours au PKK le châtiment qu'il mérite. Nous les poursuivrons jusqu'à ce que le dernier terroriste soit éliminé », a déclaré le ministre de la Défense, Yasar Guler.
L'armée turque a poursuivi son offensive au lendemain de l'attaque, bombardant des « sites stratégiques » utilisés par le PKK, rapporte l'agence de presse nationale Anadolu. Ces cibles comprennent des installations militaires, de renseignement, d'énergie et d'infrastructure, ainsi que des dépôts de munitions.
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— Amina Hussein (@aminahekmet) October 23, 2024
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, ont quant à elles affirmé que les attaques menées par les avions de guerre et les drones turcs visaient « des boulangeries, des centrales électriques, des installations pétrolières et des postes de contrôle de la police locale », faisant 12 morts parmi les civils, dont deux enfants, et 25 blessés.
Comme l'a déclaré le SDF dans un communiqué, « cette agression barbare démontre l'hostilité de la Turquie à l'égard du peuple (kurde) dans le nord-est de la Syrie » et reflète la « menace que représente la mentalité criminelle de la Turquie pour la paix et la stabilité dans la région ». « La Turquie tente d'exporter ses crises internes aux dépens du peuple kurde, provoquant le chaos et augmentant les tensions », ont ajouté les forces kurdes, assurant qu'elles « n'hésiteront pas à faire leur travail pour protéger le peuple kurde et les régions ».

La Turquie lance régulièrement des frappes aériennes contre le PKK en Irak, ainsi que contre une milice kurde en Syrie liée à l'organisation, considérée comme terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne.
L'entreprise visée, TUSAS, conçoit, fabrique et assemble des avions civils et militaires, des drones et d'autres systèmes spatiaux et de défense. Ses véhicules aériens sans pilote ont joué un rôle déterminant dans la lutte d'Ankara contre les militants kurdes. À cet égard, le vice-président Cevdet Yilmaz a déclaré que la cible de l'attaque était « le succès de la Turquie dans l'industrie de la défense ».

Comme le rapporte AP, l'attaque terroriste a eu lieu un jour après que le chef du parti nationaliste turc d'extrême droite, allié du président Recep Tayyip Erdogan, a évoqué la possibilité que le chef du PKK emprisonné, Abdullah Ocalan, puisse bénéficier d'une libération conditionnelle s'il renonce à la violence et dissout son organisation, qui vise à obtenir l'autonomie kurde dans le sud-est de la Turquie.