L'Ukraine attaque à nouveau le pont de Crimée avec des explosifs sous-marins alors que les négociations avec la Russie sont en cours

Au cours d'une opération méticuleusement planifiée depuis des mois, l'Ukraine a de nouveau frappé l'un des symboles les plus significatifs de l'occupation russe en Crimée. Le Service de sécurité ukrainien (SBU) a annoncé avoir fait exploser des explosifs sous-marins placés stratégiquement sur les piliers du pont ferroviaire reliant la Russie à la péninsule de Crimée, connu sous le nom de pont de Kertch.
Selon le SBU, l'attaque a eu lieu à 4 h 44 du matin et a utilisé un total de 1 100 kilogrammes d'explosifs, causant d'importants dommages aux piliers sous-marins de la structure. Bien que l'ampleur exacte des dégâts n'ait pas été confirmée publiquement, les autorités russes ont suspendu la circulation routière sur le pont à deux reprises au cours de la journée, ce qui suggère des dommages importants à l'infrastructure.
Inauguré en 2018 par le président Vladimir Poutine après l'annexion illégale de la Crimée en 2014, le pont a non seulement une valeur logistique en tant que voie d'approvisionnement militaire essentielle, mais aussi une charge symbolique : il représente l'affirmation territoriale du Kremlin sur la péninsule ukrainienne.
Il s'agit de la troisième attaque ukrainienne contre le pont depuis le début de l'invasion à grande échelle en février 2022. En octobre de cette année-là, un camion-citerne a explosé et incendié une partie du pont. En juillet 2023, une autre attaque, cette fois avec un drone maritime expérimental, a endommagé une autre partie de la structure.
Le chef du SBU, Vasyl Malyuk, a confirmé avoir supervisé personnellement l'opération sous-marine de mardi. « Le SBU va toujours jusqu'au bout et ne répète jamais la même action. Nous avons déjà frappé le pont de Crimée à deux reprises, en 2022 et 2023. Nous poursuivons donc aujourd'hui cette tradition, cette fois sous l'eau », a-t-il déclaré dans un communiqué.
‼️Security Service of Ukraine reports a new attack on the Kerch bridge!
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) June 3, 2025
The operation lasted several months. Security Service agents mined the supports of the bridge and activated the first explosive device today at 4:44 am.
The underwater supports of the bridge were severely… pic.twitter.com/MdXUPbA3hr
Malyuk a insisté sur le fait que le pont est une cible militaire légitime, étant donné que la Russie l'utilise comme artère logistique pour approvisionner en armes et en personnel ses forces déployées dans le sud de l'Ukraine.
L'attaque du pont survient deux jours seulement après une offensive audacieuse menée par des drones du SBU contre des aérodromes militaires russes situés à des milliers de kilomètres du territoire ukrainien. Selon Malyuk, cette opération aurait causé des dommages estimés à 7 milliards de dollars et touché 34 % des lanceurs de missiles de croisière stratégiques russes utilisés pour bombarder des villes ukrainiennes.
Le même week-end, deux ponts ferroviaires se sont effondrés dans les régions russes de Briansk et de Koursk. Moscou a accusé l'Ukraine, bien que Kiev n'ait fait aucun commentaire à ce sujet. Ces événements, ainsi que l'attaque du pont de Crimée, s'inscrivent dans un schéma croissant d'actions secrètes et d'opérations de sabotage visant à affaiblir la capacité offensive russe depuis l'intérieur de son propre territoire.

Depuis le début de l'invasion à grande échelle en 2022, Moscou tente de consolider son contrôle sur les territoires occupés dans l'est et le sud de l'Ukraine. Mais ces dernières attaques montrent que l'Ukraine n'a pas perdu sa capacité à frapper les symboles du pouvoir du Kremlin, ainsi que ses capacités stratégiques et son réseau logistique.
Négociations dans l'impasse à Istanbul
Tout cela se passe alors que les représentants de l'Ukraine et de la Russie se réunissent à Istanbul pour reprendre les pourparlers de paix. Cependant, le climat à la table des négociations reste tendu.
Kiev s'est déclarée prête à accepter un cessez-le-feu immédiat de 30 jours, selon une proposition du président américain Donald Trump. Toutefois, l'Ukraine a réaffirmé son refus de reconnaître l'annexion par la Russie d'une partie quelconque de son territoire et maintient son aspiration à rejoindre l'OTAN.

De son côté, la Russie a présenté un mémorandum de conditions qui comprend d'anciennes exigences maximalistes, telles que la reconnaissance de la Crimée comme territoire russe et la démilitarisation de l'Ukraine, que Kiev et ses alliés jugent inacceptables.