Croissance économique du Maroc : perspectives et actions du gouvernement

Un accent sur la demande intérieure et les réformes pour un avenir durable et prospère
Mercado de Sidi Moussa en la ciudad de Salé, en la costa atlántica de Marruecos, al norte de la capital - AFP/FADEL SENNA
Le marché de Sidi Moussa dans la ville de Salé, sur la côte atlantique du Maroc, au nord de la capitale - AFP/FADEL SENNA
  1. Analyse des principaux indicateurs économiques
  2. Initiatives stratégiques du gouvernement
  3. Perspectives positives pour les secteurs économiques clés
  4. Partenariats stratégiques et investissements
  5. Projections économiques futures
  6. Croissance économique globale d'ici 2024

Le Commissariat au Plan du Maroc prévoit une accélération du taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) au cours des deuxième et troisième trimestres de cette année. Cette augmentation est due à la reprise de la demande intérieure, qui bénéficie de l'augmentation des salaires des employés et d'un programme de soutien en espèces pour les familles à faible revenu.

Selon les récentes projections publiées par la Commission, le PIB devrait croître de 2,9 % au deuxième trimestre et de 3,2 % au troisième trimestre.

Comme le rapporte Al Arab, au premier trimestre de l'année, la croissance économique s'est ralentie à 2,5 %, contre 3,9 % en glissement annuel l'année précédente. Ce ralentissement est attribué au déclin des activités agricoles en raison des saisons sèches consécutives dans le pays. 

Logotipo del Alto Comisionado del Plan, en el distrito administrativo de Hay Riad, en Rabat - 
PHOTO/CEDIDA
Logo du Haut Commissariat au Plan, dans le quartier administratif de Hay Riad à Rabat - PHOTO/CEDIDA

La Commission de planification a indiqué que les activités agricoles ont connu une forte baisse de cinq pour cent, après avoir augmenté de 2,1 % au cours du premier trimestre de l'année dernière. Le manque de précipitations a eu un impact significatif sur l'agriculture, qui représente environ 14 % du PIB. Les conditions météorologiques défavorables ont entraîné une réduction de 42,5 % de la superficie consacrée à la production céréalière cette saison, qui a atteint 2,5 millions d'hectares, par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

En revanche, les activités non agricoles ont augmenté de 3,2 % en glissement annuel, grâce à une hausse de 17,7 % des industries extractives entre janvier et mars, par rapport à la même période de l'année dernière. Cependant, le secteur des services a ralenti à 3 %, après avoir connu une croissance deux fois supérieure à celle de l'année précédente.

La croissance économique sera soutenue par une reprise de la demande intérieure, qui sera favorisée par une augmentation des dépenses publiques et une reprise des dépenses des ménages. Cette augmentation de la consommation des ménages est due à l'augmentation des salaires du gouvernement et au programme de soutien en espèces pour les ménages à faible revenu. Le gouvernement a approuvé une augmentation des salaires qui bénéficiera à plus de 1,1 million de fonctionnaires cette année. En outre, depuis le début de l'année, un programme d'aide directe en espèces a été mis en place pour quatre millions de familles à faible revenu, pour un coût estimé à environ 2,5 milliards de dollars.

Parallèlement, le soutien au Fonds de compensation, qui régule les prix du gaz de cuisine, du sucre et de la farine, a été progressivement augmenté, garantissant que ces produits de base restent abordables pour les familles à faible revenu, contribuant ainsi à une plus grande stabilité économique.

Un agricultor instala un sistema de goteo en un campo de patatas en Berrechid, una provincia de Marruecos históricamente rica en trigo situada a unos 40 kilómetros (unas 25 millas) al sureste de Casablanca, el 7 de febrero de 2024, en medio del sexto año consecutivo de sequía - AFP/FADEL SENNA
Un agriculteur installe un système de goutte-à-goutte dans un champ de pommes de terre à Berrechid, une province du Maroc historiquement riche en blé et située à environ 40 kilomètres au sud-est de Casablanca, le 7 février 2024, alors que la sécheresse sévit pour la sixième année consécutive - AFP/FADEL SENNA

La Commission de planification a également souligné que le pouvoir d'achat des ménages augmentera de manière significative, l'inflation diminuant à 0,7 % au deuxième trimestre et à 0,8 % au troisième trimestre, contre 6,8 % et 4,9 % au cours de la même période de l'année dernière.

Malgré l'accélération attendue de la croissance, les projections de juin de la Banque centrale du Maroc suggèrent que la croissance annuelle pourrait atteindre 2,8 %, contre 3,4 % l'année dernière.

Le gouvernement s'est engagé à atteindre une croissance de 3,4 %, en s'appuyant sur la dynamique des investissements et la reprise des secteurs de l'industrie, du tourisme et de la construction, ce qui contribuera à atténuer l'impact négatif du secteur agricole.

La semaine dernière, le Maroc et la Banque mondiale ont signé un accord de financement de 350 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre de la réforme des entreprises publiques et des sociétés. La ministre de l'économie et des finances, Nadia Fettah, a déclaré que "l'accord renforce les relations de coopération exemplaires avec la Banque mondiale et soutient la mise en œuvre du processus de réforme institutionnelle".

Cet accord fait suite à l'approbation par le gouvernement des lignes directrices pour la mise en œuvre d'un plan visant à réformer le financement de ces institutions, à améliorer leur performance et leur gouvernance, et à accroître la contribution du secteur privé à l'effort d'investissement. 

Analyse des principaux indicateurs économiques

Nadia Fettah Alaoui, ministra de Economía y Finanzas de Marruecos - REUTERS/KEN CEDENO
Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'économie et des finances du Maroc - REUTERS/KEN CEDENO

Au deuxième trimestre 2024, l'économie nationale marocaine a connu une accélération significative de la croissance. Comme l'indiquent les Perspectives économiques du deuxième trimestre 2024 et les perspectives pour le troisième trimestre 2024 fournies par Le Commissariat au Plan du Maroc, le taux de croissance du PIB de 2,9 % a été un indicateur clair de cette amélioration, tirée principalement par une demande intérieure plus forte et des dépenses de consommation positives.

Tout d'abord, l'industrie minière s'est distinguée, avec une augmentation de la valeur ajoutée de 15,6 % au deuxième trimestre 2024. La croissance de ce secteur est due à une augmentation des exportations de minéraux non métalliques et à une forte demande locale de la part des industries de transformation. Par ailleurs, le secteur de la construction a confirmé sa reprise avec une hausse de l'activité de 3 %, tirée par les travaux publics et une augmentation substantielle des ventes de ciment en raison d'une relance de la production de logements et des programmes d'aide à l'accession à la propriété.

Ensuite, le secteur de la production industrielle a également connu une reprise, avec une augmentation de 3,5 % de la valeur ajoutée, contre 2,1 % au premier trimestre 2024. Les principaux moteurs de cette reprise ont été les industries chimiques et celles liées à la construction, ainsi que les fortes ventes externes dans la métallurgie et l'augmentation de la production de biens électroniques et optiques. Toutefois, l'industrie automobile a dû faire face à des problèmes de chaîne d'approvisionnement et à une demande plus faible sur le marché européen.

Enfin, les secteurs tertiaires ont bénéficié de la reprise de la demande intérieure. Le commerce de gros et les services liés aux entreprises ont connu des améliorations significatives, tandis que les services de transport et d'hôtellerie se sont également renforcés en raison de la coïncidence des fêtes religieuses telles que Pâques, l'Aïd al-Fitr et l'Aïd al-Adha.

D'autre part, les taux d'inflation ont diminué de manière significative au deuxième trimestre 2024, s'établissant à 0,7 % contre 1,2 % au premier trimestre. Selon les informations fournies par l'indice des prix à la consommation réalisé par la Division des Indices Statistiques du Royaume du Maroc, cette baisse est due principalement à la réduction des prix des produits alimentaires, alors que les prix des produits non alimentaires ont connu une légère hausse.

En outre, la réduction de l'inflation a eu un impact positif sur le pouvoir d'achat des ménages marocains. Avec une inflation qui devrait encore baisser à 0,8 % au troisième trimestre 2024, les ménages continueront à voir une amélioration significative de leur pouvoir d'achat. Il s'agit d'une baisse substantielle par rapport aux taux d'inflation de l'année précédente, qui étaient de 6,8 % et de 4,9 % au deuxième et au troisième trimestre, respectivement. L'amélioration du pouvoir d'achat devrait stimuler la croissance de la consommation intérieure, fournissant ainsi une base solide pour l'expansion économique.

Initiatives stratégiques du gouvernement

Recogida de fresas en la provincia de Kenitra, Marruecos - AFP/FADEL SENNA
Cueillette de fraises dans la province de Kenitra, Maroc - AFP/FADEL SENNA

Le gouvernement marocain a stratégiquement augmenté ses dépenses pour soutenir la croissance économique. La mise en œuvre de salaires plus élevés pour les employés du Royaume et le programme de soutien direct en espèces pour les ménages à faible revenu sont au cœur de cet effort. Plus de 1,1 million d'employés bénéficieront de l'augmentation des salaires, et quatre millions de ménages à faibles revenus recevront une aide directe en espèces d'un montant d'environ 2,5 milliards de dollars cette année. Cette double approche vise à stimuler la consommation intérieure et à alléger les pressions financières qui pèsent sur les ménages vulnérables, favorisant ainsi une reprise économique plus inclusive.

Parallèlement aux mesures de soutien direct, le gouvernement a progressivement augmenté le financement du Fonds de compensation, qui contribue à stabiliser les prix des produits de première nécessité. Cette initiative garantit que les produits de base restent abordables, en particulier pour les ménages à faible revenu, ce qui favorise une plus grande stabilité économique.

Perspectives positives pour les secteurs économiques clés

Mercado de frutas, verduras y especias locales en Marruecos - PHOTO/ATALAYAR
Marché des fruits, légumes et épices locaux au Maroc - PHOTO/ATALAYAR

Le secteur industriel est sur le point d'être revitalisé, grâce à une demande robuste dans l'industrie manufacturière et les industries extractives. Cette dernière a connu une augmentation significative en raison de la hausse de la demande mondiale de minéraux non métalliques. En outre, les industries chimiques et celles liées à la construction devraient poursuivre leur trajectoire de croissance, ce qui renforcera encore le secteur industriel.

En particulier, le secteur de la construction a connu une reprise régulière, grâce aux projets de travaux publics. L'augmentation des ventes de ciment et les initiatives en cours dans le domaine du logement ont fourni une base solide pour la croissance. La revitalisation de ce secteur est cruciale, étant donné sa contribution significative à l'emploi et à l'activité économique.

Les secteurs du tourisme et des services connaissent également une résurgence, bénéficiant de la demande intérieure et internationale. La convergence de divers événements religieux et culturels a stimulé les industries de l'hôtellerie et des transports, qui sont des composantes essentielles du secteur des services. Cette reprise devrait contribuer positivement à la croissance économique globale.

Partenariats stratégiques et investissements

De izq. a der.) Ajay Banga, presidente del Grupo del Banco Mundial, Sergii Marchenko, presidente de las Reuniones Anuales de 2023 y ministro de Finanzas de Ucrania, y Kristalina Georgieva, directora gerente del Fondo Monetario Internacional, participan en la reunión anual del Fondo Monetario Internacional (FMI) y el Grupo del Banco Mundial (GBM), en Marrakech el 13 de octubre de 2023 - AFP/FADEL SENNA
(De gauche à droite) Ajay Banga, président du groupe de la Banque mondiale, Sergii Marchenko, président des assemblées annuelles 2023 et ministre des finances de l'Ukraine, et Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, participent à l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI) et du groupe de la Banque mondiale (GBM) à Marrakech, le 13 octobre 2023 - AFP/FADEL SENNA

Le récent accord de financement de 350 millions de dollars conclu entre le Maroc et la Banque mondiale souligne l'engagement du pays en faveur des réformes institutionnelles et de la résilience économique. Ce partenariat vise à améliorer les performances et la gouvernance des entreprises publiques, en encourageant une plus grande participation du secteur privé aux efforts d'investissement. Cette démarche stratégique devrait favoriser une croissance durable et la diversification de l'économie.

Dans le même temps, le gouvernement a défini de vastes stratégies de réformes institutionnelles, axées sur l'amélioration des mécanismes de financement, des performances et de la gouvernance des entreprises publiques. Ces réformes visent à créer un environnement économique plus efficace et plus dynamique, facilitant l'engagement et l'investissement du secteur privé.  

Projections économiques futures

Un agricultor marroquí cosecha uvas en el viñedo Val dArgan en el pueblo de Ounara en la región occidental de Essaouira - AFP/FADEL SENNA
Un agriculteur marocain récolte des raisins dans le vignoble du Val d'Argan, dans le village d'Ounara, dans la région occidentale d'Essaouira - AFP/FADEL SENNA

En ce qui concerne l'avenir, l'économie marocaine devrait poursuivre sa trajectoire de croissance positive au troisième trimestre 2024. Le taux de croissance du PIB anticipé de 3,2 % reflète l'amélioration continue de la demande intérieure et les performances robustes des secteurs clés tels que l'industrie manufacturière, la construction et les services.

L'inflation devrait rester faible et se stabiliser à environ 0,8 % au troisième trimestre 2024. Ce contexte de faible inflation, conjugué à l'augmentation des revenus nominaux et aux mesures gouvernementales de soutien, devrait entraîner de nouveaux gains de pouvoir d'achat pour les ménages. Ces facteurs sont essentiels pour soutenir la consommation intérieure, qui est un moteur important de la croissance économique.

Croissance économique globale d'ici 2024

El gobernador del Banco Central de Marruecos, Abdellatif Jouahri - REUTERS/YOUSSEF BOUDIAL
Gouverneur de la Banque Centrale du Maroc Abdellatif Jouahri - REUTERS/YOUSSEF BOUDIAL

Malgré les défis auxquels est confronté le secteur agricole, la croissance économique globale du Maroc d'ici 2024 devrait atteindre 2,8 %, selon les dernières prévisions de la Banque centrale du Maroc. Ces perspectives positives sont soutenues par l'accent mis par le gouvernement sur la stimulation de l'investissement, la revitalisation des secteurs clés et l'amélioration de la consommation des ménages grâce à des programmes de soutien ciblés.

Les perspectives économiques du Maroc pour 2024 sont largement positives, soutenues par un certain nombre d'initiatives stratégiques du gouvernement et une demande intérieure robuste. Les mesures prises par le gouvernement, telles que les augmentations de salaires, le soutien direct en espèces pour les familles à faible revenu et les réformes institutionnelles, sont conçues pour renforcer à la fois la croissance et la stabilité économique dans le pays.

Le contrôle efficace de l'inflation, qui devrait rester faible, et l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages marocains sont des facteurs clés qui contribueront à un environnement économique plus sain. Ces conditions favorables encouragent non seulement une augmentation de la consommation intérieure, mais créent également un environnement propice à l'investissement, tant national qu'international.

Les secteurs économiques clés, tels que l'industrie manufacturière, la construction, le tourisme et les services, montrent des signes clairs de reprise et de croissance. Le secteur manufacturier, en particulier, connaît un rebond significatif, stimulé par la demande locale et extérieure. La construction reste un pilier important, les projets de travaux publics et les programmes de logement générant de l'emploi et de l'activité économique. Le tourisme et les services bénéficient de la reprise de la demande, tant au niveau national qu'international.

En outre, la récente collaboration avec la Banque mondiale pour financer des réformes dans les entreprises publiques souligne l'engagement du Maroc à améliorer la gouvernance et les performances institutionnelles, ce qui devrait attirer davantage d'investissements privés et favoriser une croissance économique durable.

Le Maroc est donc bien placé pour parvenir à une croissance économique durable et inclusive au cours des prochains trimestres. La combinaison d'un environnement macroéconomique stable, de politiques gouvernementales proactives et d'une reprise solide dans les secteurs clés est de bon augure pour l'économie marocaine en 2024.