Sans une aide humanitaire d'urgence, l'Afghanistan est engagé dans un "compte à rebours vers la catastrophe"
Le dernier rapport de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), réalisé conjointement par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), révèle que la vie, les moyens de subsistance et l'accès à la nourriture de 22,8 millions de personnes en Afghanistan seront gravement affectés.
"Il est urgent d'agir de manière efficace et efficiente pour accélérer et intensifier nos livraisons en Afghanistan avant que l'hiver ne laisse une grande partie du pays sans approvisionnement, avec des millions de personnes - notamment des agriculteurs, des femmes, des jeunes enfants et des personnes âgées - souffrant de la faim pendant l'hiver glacial", a déclaré le Directeur général de la FAO QU Dongyu. "C'est une question de vie ou de mort".
Le rapport indique que plus d'un Afghan sur deux sera confronté à des niveaux d'insécurité alimentaire de phase 3 (crise) ou de phase 4 (urgence) à partir de novembre jusqu'à la période de soudure en mars, ce qui nécessitera une réponse internationale urgente pour éviter une catastrophe humanitaire.
"Nous ne pouvons pas attendre et regarder les catastrophes humanitaires passer sous nos yeux, c'est inacceptable", a-t-il ajouté.
Il s'agit du nombre le plus élevé de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë jamais enregistré par les Nations unies depuis que ce type de rapport a commencé à être établi en Afghanistan il y a dix ans.
Par rapport au reste du monde, le pays abrite l'un des plus grands nombres de personnes souffrant de faim aiguë.
"La faim augmente et des enfants meurent", a déclaré le directeur exécutif du programme alimentaire, David Beasley. "Nous ne pouvons pas nourrir les gens avec des promesses : les engagements de financement doivent être transformés en argent liquide, et la communauté internationale doit s'unir pour faire face à cette crise, qui devient rapidement incontrôlable."
Le rapport révèle une augmentation de 37 % du nombre d'Afghans souffrant de faim aiguë depuis sa dernière évaluation en avril.
Parmi les personnes à risque figurent 3,2 millions d'enfants de moins de cinq ans, dont on craint qu'ils souffrent de malnutrition aiguë d'ici la fin de l'année.
Le mois dernier, le programme alimentaire et l'UNICEF ont prévenu que, sans traitement immédiat permettant de sauver des vies, un million d'enfants risquent de mourir de malnutrition aiguë sévère.
En outre, le rapport révèle que, pour la première fois, les citadins souffrent d'insécurité alimentaire dans des proportions similaires à celles des habitants des communautés rurales.
Dans le même temps, la hausse du chômage et les crises de liquidité font que tous les grands centres urbains risquent de tomber dans la phase 4, celle des niveaux d'urgence de l'insécurité alimentaire, même les populations anciennement de classe moyenne.
Dans les zones rurales, les graves effets d'une deuxième sécheresse en quatre ans continuent d'affecter les moyens de subsistance de 7,3 millions de personnes qui dépendent de l'agriculture et du bétail pour leur survie.
"L'Afghanistan figure désormais parmi les pires crises humanitaires du monde - si ce n'est la pire - et la sécurité alimentaire a pratiquement disparu", a déclaré le responsable du PAM. "Cet hiver, des millions d'Afghans seront contraints de choisir entre l'émigration et la famine, à moins que nous ne puissions intensifier notre aide pour sauver des vies et que l'économie ne puisse être réanimée".
Avec une autre La Niña à l'horizon, qui menace de prolonger la sécheresse de cette année jusqu'en 2022, une aide financière immédiate est devenue cruciale pour répondre aux besoins humanitaires les plus élémentaires, alors que les Afghans sont confrontés à un hiver sans emploi, sans argent et sans perspectives.
Pour répondre aux besoins croissants, les Nations unies devront mobiliser des ressources à un niveau sans précédent, alors que le plan de réponse humanitaire des Nations unies ne dispose que d'un tiers des fonds nécessaires.
"Nous sommes dans un compte à rebours vers la catastrophe et si nous n'agissons pas maintenant, nous trouverons un désastre total sur les bras", a souligné le haut fonctionnaire du PAM.
