Syrie : "De nombreuses familles ne peuvent pas subvenir à leurs besoins"

"La paix sera atteinte lorsque les pays décideront de travailler pour les gens, qui souffrent, et non pour leurs propres intérêts", explique Pier Jabloyan, un missionnaire salésien syrien. Lundi prochain, le 15 mars, marquera le 10e anniversaire du début de la guerre en Syrie. "De nombreux enfants syriens ne savent pas ce que signifie vivre en paix et voir leurs besoins couverts", explique Eusebio Muñoz, Directeur des Missions salésiennes.
Les chiffres de ces dix années sont terribles : plus d'un demi-million de morts, 200 000 personnes disparues, 5,6 millions de réfugiés, 6,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, 13,4 millions de personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire pour vivre, plus de 2,4 millions d'enfants non scolarisés, 60 % des enfants qui ont faim ? "Plus de 80 % de la population vit dans la pauvreté. Maintenant, nous ne sommes plus confrontés à des bombardements quotidiens. Nous sommes confrontés à un autre type de guerre, la guerre économique", ajoute M. Jabloyan.
Dès le début de la guerre, les missionnaires salésiens ont décidé de rester pour accompagner la population, en particulier les enfants et les jeunes. Plus de 2 200 enfants et jeunes fréquentent les centres de jeunesse de Damas et d'Alep, où ils trouvent une "oasis de paix". "Ici, ils jouent et socialisent avec leurs amis et oublient les souffrances et les conséquences de la guerre", expliquent les missionnaires salésiens.
"Tout le monde dans ce pays a quelqu'un à pleurer. Nous avons perdu un garçon de 8 ans, Jack, tué par un obus de mortier alors qu'il attendait le bus, et aussi Anwar et Michel, par une bombe qui est tombée sur leur maison", déplore le missionnaire. "La fin de l'année 2016 a été terrible lorsque les bombes n'ont cessé de tomber jour et nuit", raconte Jabloyan.
A la guerre et à la pauvreté s'ajoutent les conséquences du coronavirus. "En Syrie, le nombre de cas de coronavirus n'est pas comme en Europe, mais ils sont trop nombreux pour un pays où la plupart des hôpitaux et des centres de santé ne fonctionnent pas, ils sont détruits... à cause de la guerre", explique l'une des jeunes femmes qui fréquentent le centre salésien de Damas. 42 % des hôpitaux du pays sont détruits et 70 % du personnel de santé a fui.
Les Missions salésiennes n'ont pas cessé de soutenir la population syrienne et ceux qui ont dû fuir vers des pays comme la Turquie ou le Liban. À l'occasion du dixième anniversaire du conflit, nous souhaitons également lancer un appel à l'ensemble de la communauté internationale pour parvenir à une paix durable en Syrie et soutenir une population qui vit dans la pauvreté et la pénurie.