You may say I’m a dreamer

L'histoire commence en juin 2012, lorsque l'administration du président Barack Obama lance un programme d'aide à l'immigration pour les jeunes sans papiers appelé DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals). Il s'agit d'une mesure politique visant à protéger de l'expulsion les immigrants sans papiers connus sous le nom de rêveurs, qui sont venus aux États-Unis avec leur famille illégalement lorsqu'ils étaient encore enfants, et qui ont été élevés et éduqués aux États-Unis. Le programme touche 787 000 jeunes, les protégeant de l'expulsion et leur fournissant un permis de séjour temporaire (renouvelable tous les deux ans et leur permettant de travailler, d'étudier ou d'entrer dans l'armée), un permis de conduire et un numéro de sécurité sociale.
Le deuxième chapitre de cette histoire est mené par le président Donald Trump qui a annoncé en septembre 2017 qu'il mettrait fin à ce programme dans les six mois (en mars 2018). Cela impliquait que, pendant cette période, le Congrès devait proposer une alternative aux bénéficiaires du programme. Cette annonce a eu un impact particulier sur le Mexique, car une très grande partie des jeunes migrants du DACA (618 000) sont nés dans ce pays. En outre, dès septembre 2017, l'État de Californie, où vivent plus de 200 000 jeunes inclus dans le programme d'aide à l'immigration, a intenté un procès fédéral contre l'administration Trump, considérant la fermeture du DACA comme anticonstitutionnelle et illégale.

La décision du président Trump, vue sous l'angle du passage du temps, visait à faire du séjour des rêveurs aux États-Unis une monnaie d'échange pour promouvoir des politiques d'immigration plus restrictives et, plus précisément, pour obtenir le financement de sa mesure la plus symbolique dans ce domaine : la construction d'un mur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Fin février 2018, quelques jours avant la date limite fixée par Trump, la Cour suprême des États-Unis a refusé de se prononcer sur l'avenir du DACA, assurant indirectement la protection des rêveurs indéfiniment et laissant aux tribunaux inférieurs le soin de poursuivre l'affaire.
Tout au long de cette période, les tribunaux de Californie et de l'État de New York ainsi que le tribunal du district de Columbia se sont prononcés en faveur de la poursuite du programme. La décision du tribunal de Washington (en avril 2018) a également contraint le gouvernement à accepter de nouvelles requêtes, ce qui signifie en pratique qu'il faut maintenir le DACA intacte malgré la décision de Trump d'y mettre fin.

Chapitre trois. En juin 2019, la Cour suprême des États-Unis annonce qu'elle se prononcera sur la possibilité pour le président Donald Trump d'annuler le DACA. L'audition de l'affaire commence en novembre et la décision est annoncée pour l'été 2020, dans la dernière ligne droite du mandat et à l'approche de la campagne électorale présidentielle.
L'histoire se termine (pour l'instant) le 18 juin, lorsque la Cour suprême des États-Unis rejette à une faible majorité (cinq voix contre quatre) les arguments de l'administration Trump selon lesquels le DACA est illégal et, par conséquent, que le programme devrait être aboli. La décision souligne le caractère arbitraire des actions de cette administration, mais ne protège pas définitivement le programme et laisse la porte ouverte à de futures demandes de suspension, car elle indique également que les initiatives du gouvernement n'ont pas violé la clause de protection de l'égalité de la Constitution. À cet égard, le président Trump a annoncé sur son compte Twitter, le lendemain de l'annonce de la décision, qu'il soumettrait à nouveau à la Cour suprême une proposition améliorée visant à abolir le DACA. Il appartient maintenant à la Cour de décider si elle va ou non aborder à nouveau cette question, mais ce ne sera pas avant l'automne...
Luis Guerra, professeur de langue espagnole à l'Université européenne de Madrid, est l'un des principaux chercheurs du projet INMIGRA3-CM, financé par la Communauté de Madrid et le Fonds social européen