Grande coalition et monopoles

BlackRock

Ce n'est pas du capitalisme philanthropique. C'est la concentration monopolistique.

Edmundo Bal, du Cs, avait raison lorsqu'il s'est déclaré "indigné" par la répartition des sièges dans les différentes institutions de l'État entre le PP et le PSOE, entre la droite traditionnelle et les socialistes. Cette répartition honteuse (pour la démocratie) des sièges est un signe de l'état déficient des libertés dont nous souffrons. Même le journal El Mundo a souligné sans ambages que "l'accord met la pression sur le PSOE s'il veut contrôler la Cour constitutionnelle en 2022". Seule une démocratie de basse qualité et des médias déjà capitulés, soutenus avec notre argent et contre nos intérêts, peuvent supporter l'impudeur de se partager, sans lumière et sans sténographes, les institutions.

Cette volte-face du PP semble incompréhensible, au vu des sondages qui le donnent gagnant dans une éventuelle élection et après de nombreux mois de refus public de tels accords avec les socialistes. Ils ne peuvent être compris que dans le cadre d'une réalité (pas celle publiée) qui pousse vers une réédition angoissée d'un bipartisme "à la mode", menacé par la lassitude de nombreux Espagnols.

Une "grande coalition", en catimini et par la petite porte, voilà ce que nous constatons et cette distribution hâtive des postes institutionnels comme une garantie qu'il sera difficile de tenir les deux principaux partis responsables de leurs folies. Ils s'assurent également qu'"aucun mal ne leur sera fait" avec le changement de couleurs. Comme dans la blague du dentiste, les deux formations conspirent pour que trop de cadavres ne sortent pas des placards.

Une gauche devenue un ornement, tout en bénéficiant d'une voiture officielle, jette dans l'abîme des millions de travailleurs qui ne comprennent pas que leurs élus semblent plus préoccupés par le maquillage de cette saison que par l'effondrement des services publics, la hausse des prix, la précarité et la détérioration de nos vies. Une aumône sous la forme d'un petit salaire fait bonne figure dans les journaux télévisés ou à la une que de moins en moins de gens suivent, mais elle n'offre aucun avenir à nos jeunes, si ce n'est la dépendance à l'égard des puissants. 

Les dirigeants sont également très heureux de cette répartition, en échange d'une servilité et d'une docilité qui fait honte, comme face aux exigences (qui vont être satisfaites) du bras politique d'Iberdrola et des grandes entreprises électriques : le PNV.  Ce sont des rebelles de pacotille, des révolutionnaires en costume de marque, au service de l'ennemi. Observons comment les mêmes "experts" fabriquent presque tous ces leaderships artificiels et qu'ils ne nous trompent pas avec de la cellophane colorée.

Crise de crédibilité et monopoles

La crise du discours officiel sur la pandémie et ses implications économiques, politiques et sociales se profile également à l'horizon. Les doutes se multiplient pour tous ceux qui n'ont pas abandonné la pensée rationnelle face à la panique qu'ils ont semée. 

Beaucoup se rendent déjà compte que COVID-19 concerne moins la santé que la politique et les intérêts économiques. Il s'agit moins de santé que de contrôle social et de répression. Ils obligent les fonctionnaires à obéir aveuglément, ils nous ont interdit de nous interroger, de débattre et même de nous informer, profitant de l'énorme pouvoir que les grandes technologies ont sur notre vie quotidienne et sur nos communications, même les plus privées. 

Ces entreprises technologiques font partie du projet des grands magnats car elles font partie de leur club. Avec des médias presque totalement intégrés, achetés, exigeant que nous abandonnions toute prétention à penser avec nos têtes et offrant des mécanismes de censure qui réduisent au silence et dénigrent toute dissidence. Il suffit de réaliser que les mêmes personnes qui dirigent ces réseaux sociaux sont celles qui financent les "diseurs de vérité" pour comprendre qu'ils ne s'intéressent pas à la vérité mais à l'objectif de nous transformer en un troupeau soumis qui ne proteste pas. 

Il y a le Forum de Davos, l'OMS, la Commission européenne ou le FMI, qui nous menacent de nouvelles pandémies à la carte, de crises économiques et sociales préfabriquées pour nous subjuguer, afin que nous acceptions leur orientation incontestable dans un projet qui nous veut plus pauvres, plus isolés et moins.

Et derrière, un "philanthro-capitalisme" qui ne parvient pas à cacher le fait qu'il s'agit d'un capital monopolistique, de plus en plus concentré entre des mains de moins en moins nombreuses. Au moins un quart des 500 plus grandes entreprises occidentales sont contrôlées par trois grands fonds d'investissement. Blackrock, Vanguard et State Street sont déterminants pour l'ensemble du système capitaliste et monopolisent, en fait, un grand nombre de secteurs où la majorité de la production et des affaires sont entre les mains d'une demi-douzaine de sociétés. De la nourriture aux transports, des banques aux semences, de la bière aux informations... nous sommes entre les mains de quelques-uns. Et ils sont de moins en moins nombreux. Par exemple, en 1983, 90 % des médias (presse, cinéma, radio, télévision...) aux États-Unis appartenaient à 50 entreprises. En 2021, ce pourcentage sera géré par cinq. 

Ce n'est pas du capitalisme philanthropique. C'est la concentration monopolistique.

Le temps est venu de commencer à penser à découper ces monstres qui étouffent la libre concurrence, la libre entreprise, la liberté, en bref. Suivre l'exemple de la Pacific Bell des années 60 et 70 pour que Google, Facebook ou BlackRock et autres monopoles cessent d'éliminer leurs concurrents et d'asservir leurs utilisateurs.

D'énormes conglomérats qui, en plus de l'économie, veulent aussi contrôler la politique, la société et nos propres vies. Ils ne se contentent pas de placer leurs politiciens : ils ont un projet global, et le savoir est le principe essentiel pour le vaincre. Parce que ce n'est pas un plan qui mène au bonheur et à la liberté. C'est tout le contraire, et notre avenir, digne de ce nom, est en jeu si nous ne les vainquons pas.

C'est pourquoi nous pouvons commencer par douter de ce qu'on nous dit, par nous informer, par contrôler la véracité de ce que disent les grands médias, par créer des réseaux de communication et par nous organiser. En surveillant la propreté des élections, en votant librement pour l'option que nous préférons et en demandant des comptes aux fraudeurs. 

En exigeant une démocratie qui puisse être considérée comme telle.

Carlos Astiz est journaliste et écrivain. Ses derniers livres sont : "The Soros Project" (2020) et "Bill Gates : Reset ! (2021)