
La présidente de la Commission européenne (CE) clôt une visite importante pour l'Union européenne (UE) après avoir ressenti sur place la température des relations au niveau gouvernemental avec le Brésil, l'Argentine, le Chili et le Mexique.
Dans le pays aztèque, Von der Leyen a réaffirmé que le Mexique est un partenaire stratégique, un membre clé du G20 avec lequel l'UE partage une série de valeurs.
"Nous allons renforcer nos liens économiques et approfondir la coopération sur les questions environnementales, sur la transition énergétique et écologique et sur les questions sociales et migratoires", a souligné la dirigeante européenne lors de sa rencontre avec le président Andrés Manuel López Obrador.
L'Union européenne est le troisième partenaire commercial du Mexique, tandis que le Mexique est le quatorzième partenaire commercial de l'UE. Les flux commerciaux et d'investissement ont triplé depuis l'entrée en vigueur de l'accord actuel.
Comme dans la plupart des pays du monde, la pandémie mondiale a affecté les flux commerciaux entre le Mexique et l'UE, qui se sont élevés à 51,1 milliards d'euros en 2020 et ont diminué de 17,6 % d'une année sur l'autre. Le Mexique a attiré 6,6 milliards d'euros d'investissements directs étrangers (IDE) en 2020. Et en termes de montant cumulé d'investissement, le chiffre historique, de 1999 à 2021, s'élève à 177,3 milliards d'euros.
Avec le Mexique, l'UE modernise son accord commercial depuis 2016, mais elle n'a pas pu aboutir, bien que le 21 avril 2018, l'UE et le Mexique soient parvenus à un accord de principe "sur un pilier commercial modernisé" de l'accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération entre l'UE et le Mexique, également connu sous le nom d'accord global, qui est en vigueur depuis 2000.
On suppose qu'au cours de la présidence du Conseil européen, qui sera exercée par l'Espagne au cours du second semestre, les deux questions seront abordées, à savoir le sort de l'accord Mercosur-UE et l'accord modernisé entre l'UE et le Mexique. Et, qui plus est, avec l'intention de les débloquer.
S'il s'agit de pommes ou de poires, le troisième sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes et de l'Union européenne se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 juillet. Bruxelles veut revenir à l'ère des sommets constants et des échanges d'idées et de propositions ; toutefois, si elle veut séduire les dirigeants en place, elle devra ouvrir ses poches en promettant de généreux investissements dans la région.
Von der Leyen a traversé l'étang à la recherche de partenaires fiables, car l'UE aura besoin de 10 millions de tonnes d'hydrogène vert par an pour compenser son processus de décarbonisation, et n'est pas allée jusqu'à chercher des "partenaires" au Brésil, dixième économie mondiale, ou au Mexique, quinzième.
Sur le sujet
C'est l'avancée inhabituelle de la Chine dans la région, avec ses investissements et son écrasante capacité commerciale, qui inquiète aujourd'hui Mme von der Leyen. Ce n'est pas pour rien que dans son discours sur l'état de l'Union de 2022, elle a insisté à plusieurs reprises sur l'appel à l'unité de tous les partenaires de l'UE pour créer une stratégie et investir dans "le pouvoir des démocraties" et construire un bloc de même esprit.
Les intérêts sont plus idéologiques et politiques (qu'économiques ou commerciaux), même si Bruxelles est consciente des besoins de financement, de ressources et d'investissement dans la région et a préparé sa stratégie Global Gateway.
Qu'est-ce que la "Global Gateway" ? C'est la réponse de l'UE au vaste projet de la Chine avec sa Nouvelle route de la soie (One Road, One Belt), qui vise à relier le monde entier au géant asiatique.
À travers le Global Gateway, en vigueur depuis 2021, l'UE dispose d'un fonds pouvant aller jusqu'à 300 millions d'euros pour soutenir les investissements qui répondent aux objectifs de l'Agenda 2030 de l'ONU et des Objectifs de développement durable, ainsi qu'à l'Accord de Paris. Bien que le fonds accumule quelque 10 milliards d'euros disponibles.
Bruxelles m'explique avoir besoin d'un "partenaire de confiance" pour concevoir des projets durables et de qualité et veiller à ce que les projets soient mis en œuvre de manière transparente.
Ce plan d'investissement est guidé par six principes de base : 1) valeurs démocratiques et normes élevées ; 2) bonne gouvernance et transparence ; 3) partenariats égaux ; 4) projets verts et propres ; 5) accent mis sur la sécurité ; et 6) accent mis sur la stimulation du secteur privé.
L'UE est-elle arrivée trop tard face aux assauts de la Chine dans la région ? La Chine est aidée par le fait qu'elle n'a pas de passé colonialiste avec l'Amérique latine et, en fin de compte, la diplomatie anti-COVID appliquée par Pékin et Moscou a ouvert la porte à la reprise des contacts avec plusieurs gouvernements latino-américains.
Dans cette région, les États-Unis ont été les premiers à vacciner leur population avec des flacons d'ARNm de première génération de Pfizer et Astrazeneca, dont le coût par habitant dépassait les attentes budgétaires des caisses de nombreux pays d'Amérique latine. Les vaccins chinois et russes bon marché ont permis de revitaliser les liens avec les pays d'Amérique latine. Von der Leyen souhaite renouer des alliances dans une région qui s'est orientée vers une gauche qui tire parfois vers le ravin et où l'UE est de plus en plus teintée de gouvernements conservateurs, l'extrême droite gagnant des sièges. Une relation difficile...