Après 20 ans de pouvoir absolu, Poutine vacille

La rébellion, samedi, des mercenaires Wagner, qui avaient mené certaines des attaques russes les plus vicieuses dans la guerre contre l'Ukraine, a déclenché une confusion que personne n'a été en mesure d'éclaircir. La première conclusion à tirer de la crise aux conséquences imprévisibles qui a éclaté au Kremlin est peut-être que le pouvoir dictatorial de Poutine a été ébranlé, tandis que l'aspect positif est qu'il ouvre de meilleures perspectives pour l'héroïque résistance ukrainienne et des prévisions plus favorables pour des négociations de paix plus rapides et plus optimistes.
Comme il est logique, étant donné la capacité du régime russe à mentir et à intoxiquer ses propres informations et celles des autres, les détails qui ont été diffusés sont maigres, laissent de nombreuses lacunes et donnent lieu à de nombreux doutes et spéculations. La version officielle nie que l'avancée des forces de l'organisation criminelle, telle que la presse américaine l'a décrite, c'est-à-dire Wagner, n'était ni une tentative de coup d'État ni une tentative de renversement ou d'affaiblissement du pouvoir de Poutine. Sur la base de cette thèse, on peut déduire qu'il s'agissait d'une tentative de pression en vue d'obtenir de plus grands avantages.
L'une des raisons invoquées est que l'armée russe n'entretient pas de bonnes relations avec les milices avec lesquelles elle a partagé la guerre, puisque les miliciens de Wagner affirment que les militaires du front de Bajmut leur ont refusé des munitions et qu'ils ont même tué 30 miliciens avec leurs missiles. Tout cela après avoir été chargé par le Kremlin de freiner l'avancée ukrainienne, étant son meilleur allié dans la région. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, toujours bienveillant à l'égard de Poutine, a été le médiateur qui a réussi à les faire renoncer à leur protestation.
Le chef, ou mieux, le propriétaire des troupes mercenaires, Evgueni Prigojine, menacé de départ par Poutine, s'était réfugié en Biélorussie, ce qui n'a pas été confirmé, même si tout semble vrai. Tout au long de la journée de lundi, l'organisation a assuré qu'elle resterait active tant depuis la Biélorussie que dans d'autres pays, comme le Mali et d'autres pays africains où elle se fait le chantre des prétentions de la Russie à prendre pied sur le nouveau continent.
Les dernières nouvelles concernant Prigozhin sont un message radio de quatorze minutes diffusé depuis un lieu tenu secret, dans lequel il réaffirme que la rébellion n'a pas pour but de renverser Poutine, mais de protester contre le traitement qu'ils reçoivent et de s'opposer à l'intention du Kremlin de les intégrer dans l'armée le 1er juillet. Il a également prévu qu'ils continueraient à se battre à partir de la Biélorussie. Il a accusé l'armée russe et a affirmé que lors de l'avancée de ses forces, qui ont atteint trois cents kilomètres de Moscou, elles avaient toujours évité les effusions de sang.