La stratégie du roi Mohammed VI contre la pénurie d'eau

Le Maroc a réussi à mettre en place des politiques agricoles solides grâce à une infrastructure d'irrigation moderne, un réseau de services d'approvisionnement en eau et des centres urbains dotés de services modernes.
Il faut faire trois voyages entre le sud et le nord du Maroc pour apprécier pleinement l'importance de ce que l'on pourrait appeler la souveraineté de l'eau dans le royaume et son impact sur la qualité de vie de la population de ce pays vert et sur ses plans de développement au cours du quart de siècle de règne du roi Mohammed VI.
Le premier voyage se ferait de jour, car il est possible de rouler sur les autoroutes qui longent l'océan, depuis l'extrême sud du pays jusqu'à Tanger. Le deuxième voyage se ferait de nuit, sur la même route. Le troisième voyage se ferait probablement en avion, à bord d'un petit avion ne volant pas à haute altitude, afin de pouvoir observer l'impact des projets hydrauliques sur la vie des gens, tels qu'ils sont entrepris dans le cadre d'une vision plus large du développement économique et d'une perspective de répartition équitable.
Cette approche a changé positivement la qualité de vie des citoyens grâce à d'importantes réalisations agricoles au fil des siècles.
Le Maroc a reçu sa première aide au développement lorsqu'il est apparu clairement que les années 1980 et 1990 seraient marquées par une baisse des précipitations, ce qui a obligé à prendre des mesures pour mettre en place un réseau de redistribution de l'eau à l'aide de barrages et de systèmes de régulation, et à modifier le cours de certains fleuves qui traversent le Maroc depuis son extrémité sud jusqu'à Tanger, au nord. Ce réseau était un plan préliminaire visant notamment à empêcher les terres agricoles marocaines de devenir des zones touchées par la sécheresse, comme c'était le cas dans plusieurs pays.
Mais ce plan préliminaire n'était que le début de l'un des projets de développement les plus équilibrés et les plus équitables au monde sur le plan démographique. Au cours du quart de siècle de règne du roi Mohammed VI du Maroc, un travail acharné a transformé cette part du développement en une dynamique de relance économique axée sur l'eau et l'agriculture. Le Maroc a réussi à mettre en place des politiques agricoles solides grâce à une infrastructure d'irrigation moderne, un réseau de services hydrauliques et des centres urbains dotés de services modernes. Quand nous disons qu'un observateur consciencieux doit faire trois voyages, c'est parce que cela est nécessaire pour dresser un tableau précis de ce qui s'est passé sur le terrain.
Le Maroc, comme de nombreux pays aujourd'hui, souffre d'une pénurie alarmante de ressources en eau, aggravée par des sécheresses récurrentes et prolongées d'une gravité sans précédent. Face à cette menace existentielle, le Maroc a traité ses ressources en eau comme une question de sécurité nationale sous la supervision directe et déterminée du roi lui-même.
Mohammed VI a défini le cadre du projet « Maroc Profond » afin de parvenir à une transformation quantitative et qualitative du pays. Sur le plan quantitatif, depuis l'accession au trône du roi Mohammed VI en 1999, 42 barrages (achevés ou en construction) ont été mis en service, avec une capacité de stockage exceptionnelle de 6,745 milliards de mètres cubes. Chaque barrage illustre l'engagement ferme en faveur de la sécurité de l'eau et de la justice territoriale. En effet, ce chiffre dépasse le nombre total de barrages construits depuis l'indépendance jusqu'en 1999, malgré la pénurie actuelle de sites appropriés pour la construction.
Selon les données du ministère des Ressources en eau, le plan royal vise à atteindre une capacité totale de stockage des barrages de 27,3 milliards de mètres cubes d'ici 2027, plaçant le Maroc parmi les premiers pays africains en termes de potentiel hydraulique.
Cet arsenal de barrages et cette capacité de stockage renforcent la résilience du Maroc face au changement climatique. Ainsi, le Programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027, dont le budget était initialement fixé à 115 milliards de dirhams, a été porté à 150 milliards de dirhams. Des sources ministérielles ont indiqué que cette augmentation avait été décidée conformément aux instructions royales, ce qui renforce l'engagement ferme du roi Mohammed VI à garantir l'accès à l'eau comme un droit fondamental pour tous les citoyens.
Sur le plan qualitatif, des sources ministérielles ont déclaré que, conformément à « la vision clairvoyante et tournée vers l'avenir de Sa Majesté le Roi, les barrages ne sont pas de simples installations ordinaires, mais représentent des promesses d'eau, de vie et d'opportunités pour l'ensemble du territoire national ».
Chaque barrage construit ou en projet de construction incarne ainsi la vision d'un développement durable au service de toutes les régions. Les politiques en matière de barrages et d'eau, menées par le roi Mohammed VI, constituent donc un effort à long terme qui met en œuvre une vision royale transgénérationnelle. Ces politiques sont profondément ancrées dans une approche humanitaire et solidaire visant à garantir un accès durable et équitable à l'eau potable pour toute la population, en particulier pendant les crises hydriques.
Elles mobilisent également les ressources de l'État pour répondre efficacement et rapidement aux besoins spécifiques des populations rurales, faisant de l'eau un véritable atout stratégique pour la création de richesse économique, la cohésion sociale et le développement durable intégré dans tout le pays.
Cette stratégie proactive et globale en matière d'eau vise à garantir le type de développement régional équilibré envisagé par le roi Mohammed VI. Elle va au-delà de la construction traditionnelle de barrages, car elle s'inscrit dans une logique d'intégration des ressources traditionnelles et non traditionnelles (dessalement de l'eau de mer, réutilisation des eaux usées, amélioration de la gestion des ressources en eau). Elle repose également sur une intégration intelligente des barrages, basée sur les usines de dessalement, la réutilisation des eaux usées et l'optimisation des ressources. De plus, les réseaux autoroutiers, qui ont remodelé le réseau de transport marocain, complètent les infrastructures du projet de souveraineté hydrique.
Le Maroc a réalisé d'importants investissements dans les infrastructures hydrauliques, telles que les usines de dessalement d'Agadir, Laayoune, Dakhla et Casablanca (cette dernière, la plus grande d'Afrique, est actuellement en construction), avec une capacité de dessalement de 560 millions de mètres cubes d'ici 2027, ainsi qu'une capacité de traitement des eaux usées d'environ 50 millions de mètres cubes.
Mais l'une des caractéristiques les plus importantes de la vision royale est qu'elle s'inscrit dans une logique intégrée de grands barrages, garantissant une couverture maximale des régions pendant les périodes de stress hydrique aigu.
L'équité en matière d'eau au Maroc est importante et essentielle car, sans une distribution équitable et rationnelle des ressources et le fonctionnement du réseau d'eau comme un réseau intégré couvrant l'ensemble du territoire national, les déficiences pourraient rapidement entraîner des lacunes dans la production. Ces déficits pourraient avoir des répercussions négatives sur la population des régions touchées, lui faisant revivre les périodes difficiles que le pays a traversées et que la vision royale s'est efforcée de surmonter complètement. À cette fin, le projet de transfert massif d'eau entre les bassins du Sebou, du Bouregreg et de l'Oum Er-Rbia s'étend sur une distance de 67 kilomètres.
Ce projet permettra un transfert annuel de 350 à 470 millions de mètres cubes, illustration tangible de la vision royale profondément enracinée de la solidarité territoriale.
La sécheresse qui a frappé la région ces dernières années, malgré toutes les difficultés qu'elle a entraînées, a constitué pour le Maroc l'une des « épreuves de résistance ». Aujourd'hui, le Maroc peut examiner sa carte des contraintes et s'efforcer de combler ses lacunes. Cette carte très détaillée rend les tâches de planification beaucoup plus pratiques à toutes les étapes.
L'expérience de la gestion de l'eau dure depuis un quart de siècle, depuis le jour où le monarque marocain est monté sur le trône et a adopté la vision de la souveraineté de l'eau comme principe de souveraineté territoriale et comme condition préalable indispensable à la souveraineté sociale et économique. Elle a désormais atteint un stade tangible de maturité et a surmonté l'une de ses épreuves les plus difficiles, le Maroc ayant été capable de résister à une période de sécheresse dévastatrice. Cela a permis au pays d'acquérir une grande expérience et un savoir-faire considérable, et d'éviter les écueils que constituent les pressions sociales, les migrations internes et les sentiments de frustration liés aux déséquilibres régionaux et locaux. La question fondamentale posée par la vision du roi Mohammed VI il y a un quart de siècle est la suivante : comment le Maroc peut-il devenir un rempart contre la sécheresse ?
Haitham El Zobaidi est rédacteur en chef de la maison d'édition Al Arab.