Autonomie et souveraineté sur le Sahara : deux concepts sur la même base

Si leur intention était d'affaiblir et de diluer l'annonce qui serait faite quelques jours plus tard, ils ont obtenu le contraire. Comme si cela ne suffisait pas, ce sont les Algériens eux-mêmes qui ont été les premiers à prononcer l'expression « soutien sans équivoque et inconditionnel de la France au plan d'autonomie pour le Sahara occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Il faut bien sûr les remercier pour leur diligence à nous tenir informés.
Le fait est que la France avait déjà été comptée bien avant comme l'un des dizaines de pays soutenant la proposition marocaine d'autonomie, qui dans l'UE a atteint 18 pays après le récent soutien de la Finlande. En fait, la France est l'un des pays qui s'est le plus exprimé sur cette question. Ce n'est pas un hasard si, en remontant dans les archives, il y a toute une chronologie qui témoigne de l'évolution de la position française sur le plan d'autonomie pour le Sahara, qui est devenue progressivement de plus en plus favorable.
- En 2007, lorsque le Maroc a présenté sa proposition d'autonomie, la France l'a qualifiée de « base sérieuse et crédible » pour les négociations. C'est d'ailleurs Nicolas Sarkozy lui-même qui s'est exprimé le premier en tant que président, déclarant que « le plan d'autonomie est une base de négociation pour la recherche d'un accord raisonnable », ajoutant qu'il prenait cette question comme « sa responsabilité de chef d'État ».
- En 2019, Jean-Yves Le Drian, alors ministre des affaires étrangères, a réitéré le soutien de la France à une solution politique fondée sur le compromis, citant le plan marocain comme une proposition « sérieuse et crédible ».
- En octobre 2021, le représentant permanent de la France auprès des Nations unies, Nicolas de Rivière, a déclaré aux membres du Conseil de sécurité, après l'adoption de la résolution 2602, que « la France considère le plan marocain d'autonomie de 2007 comme une base sérieuse et crédible » pour la résolution de ce conflit.
- En 2022, à deux reprises, Catherine Colonna, alors ministre des Affaires étrangères, a exprimé le soutien de la France aux « efforts sérieux et crédibles » du Maroc. Quant au plan d'autonomie du Maroc, notre position est favorable ».
- Plus récemment, tout au long de l'année 2024 et à plusieurs reprises, l'actuel ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s'est prononcé en faveur de la proposition, allant même jusqu'à dire qu'« il est temps d'avancer vers sa solution ».
Dans la chronologie ci-dessus, nous voyons différentes déclarations publiques faites par des autorités françaises telles qu'un ancien président, des ministres des affaires étrangères et même un représentant à l'ONU. A cette dernière et définitive occasion, il y a quelques semaines, le président Macron a déclaré que « pour la France, l'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue », ajoutant que « le présent et l'avenir du Sahara occidental font partie de la souveraineté marocaine ».
Ainsi, si la récente déclaration de la France est également liée au plan d'autonomie, la reconnaissance de la souveraineté par la France doit-elle être autant mise en avant si la solution passe également par l'autonomie, qu'elle a déjà soutenue, et qui est également déjà soutenue par des dizaines de pays ?
On peut penser que les mots ont leur importance et que, dans ce contexte, l'ajout du terme « souveraineté » a beaucoup de poids. Mais au-delà, la réponse est plus simple qu'il n'y paraît, et nous la trouvons dans le point 2 du texte de la proposition d'autonomie de 2007 elle-même, qui stipule que « En réponse à cet appel de la communauté internationale, le Royaume du Maroc s'est inscrit dans une dynamique positive et constructive, en s'engageant à présenter une initiative pour la négociation d'un statut d'autonomie pour la région du Sahara, DANS LE CADRE DE LA SOUVERAINETÉ DU ROYAUME ET DE SON UNITÉ NATIONALE ». Il y est également fait référence au point 14, où il est dit que « L'Etat conserve une compétence exclusive, notamment en ce qui concerne... » : LES ATTRIBUTS DE LA SOUVERAINETÉ, notamment le drapeau, l'hymne national et la monnaie (...) ».
En d'autres termes, à partir du moment où un pays, quel qu'il soit, soutient la proposition d'autonomie pour le Sahara, il soutient explicitement ou implicitement la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le territoire, car le texte de la proposition indique très clairement que l'autonomie sera TOUJOURS sous souveraineté marocaine. Le fait que la France ait ajouté à cette occasion le terme « souveraineté » de manière plus explicite dans sa énième déclaration en faveur du Maroc ne fait que lui donner un poids symbolique plus important, en lui conférant une force et une importance déclaratives, mais ne la place pas en pratique dans une position de prééminence plus grande à cet égard que d'autres pays qui soutiennent également le Maroc dans ce domaine, tels que l'Espagne, l'Allemagne, etc. Il s'agit là d'une nuance qui a priori ne devrait pas être nécessaire, mais qui n'est pas superflue au vu des répercussions de la récente déclaration française.
Ce qui fait la différence par rapport aux autres pays, c'est l'importance du pays qui fait la déclaration, en l'occurrence l'importance de la France. En outre, la déclaration a été faite directement par l'intermédiaire de son président, Emmanuel Macron (certains des pays qui ont déclaré leur soutien à la proposition d'autonomie l'ont fait par l'intermédiaire de leurs ministres des affaires étrangères). Il convient également de noter que la position de négociation du Maroc a été renforcée, car il bénéficie désormais du soutien explicite de deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (les États-Unis et la France), qui pourrait être porté à trois si le Royaume-Uni se joint à la proposition dans un avenir proche. Ainsi, le poids diplomatique de la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité confère à cette déclaration une pertinence particulière.
Et, surtout, en raison du moment clé auquel cet appui intervient, en pleine vague de soutien à la proposition d'autonomie (notamment de la part de l'UE) et à l'ouverture de consulats sur le territoire. Un coup presque définitif aux désirs inassouvis du Polisario et de son protecteur algérien, et à cause desquels ils entraînent leur population dans un éternel voyage vers nulle part depuis près d'un demi-siècle, à travers une impasse infinie dont, entre-temps, ils sont les seuls à bénéficier en tant que dirigeants.
Le plan marocain d'autonomie pour le Sahara présente incontestablement de nombreux avantages que l'Algérie et le Front Polisario ont systématiquement négligés en raison d'intérêts fallacieux. Parmi beaucoup d'autres choses, il fournit un cadre pour le développement économique et social du Sahara, permettant à ses habitants de bénéficier des investissements et de la croissance économique que le Maroc a connus. Il garantit également les droits culturels et politiques des Sahraouis, leur permettant de gérer leurs propres affaires internes tout en étant intégrés dans le tissu économique et social du Maroc.
Cette approche est non seulement bénéfique pour les Sahraouis, mais elle contribue également à la stabilité régionale. Un Sahara marocain prospère et en paix est un rempart contre l'extrémisme et le terrorisme qui menacent la région du Sahel. La stabilité de la région est donc d'un intérêt stratégique pour l'Europe et le monde. Une centaine de pays se sont déjà prononcés en faveur de la solution gagnante. Une liste qui ne manquera pas de s'allonger par simple bon sens.