Le sommet de Saint-Pétersbourg

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Photo par Alexander RYUMIN / TASS Host Photo Agency / AFP - Le président russe Vladimir Poutine

Le deuxième sommet entre la Russie et 49 des 54 pays africains, qui s'est tenu à Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet, a marqué un nouveau tournant dans la politique étrangère du Kremlin au sein de la nouvelle architecture mondiale. Contrairement à ce qu'affirment les médias occidentaux, les pays africains se libèrent de plus en plus de l'emprise coloniale des États-Unis et des puissances européennes et renforcent leurs relations diplomatiques et leur coopération économique, militaire et géostratégique avec la Chine et la Russie.

Le Kremlin, outre ses alliances économiques et géostratégiques avec les pays de l'Organisation de coopération de Shanghai : la Chine, l'Inde, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Pakistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, l'Afghanistan, la Biélorussie, l'Iran et la Mongolie. Elle a également des plans stratégiques pour renforcer ses relations avec les pays du Conseil de coopération du golfe Persique, les 54 économies africaines et plusieurs pays d'Amérique latine.

Le régime de Poutine restaure le rôle du Kremlin en tant qu'acteur majeur de la politique mondiale, comme c'était le cas après la Seconde Guerre mondiale et pendant la guerre froide. Ce régime cherche, en tant que première puissance nucléaire et énergétique du monde, à retrouver une partie de la prépondérance mondiale qu'il a perdue avec l'effondrement de l'Union soviétique.

Le premier sommet avec les pays africains, qui s'est tenu il y a quatre ans dans la ville russe de Sotchi, sur les rives de la mer Noire, et auquel ont participé 43 des 54 pays africains, a constitué une étape clé dans le nouveau débarquement de Moscou en Afrique. Lors de ce sommet, le président russe Vladimir Poutine a accepté d'annuler 23 milliards de dollars de dettes des pays africains à l'égard de la Russie, dont la plupart sont dues à l'Algérie, à l'Angola, à la Libye, au Mozambique et à l'Éthiopie. Entre 2000 et 2003, il a annulé une partie des dettes du Bénin, de la Zambie, de Madagascar, du Mali, du Mozambique, de la Guinée équatoriale et d'autres pays africains.

Le nouveau débarquement de Moscou en Afrique a des objectifs clairs : étendre son influence en tant que troisième acteur de la politique internationale au XXIe siècle. La nouvelle politique étrangère de la Russie n'est pas fondée sur l'expansion idéologique du socialisme stalinien de l'ancienne Union soviétique, mais sur d'autres intérêts politiques impérialistes en tant que puissance agricole, nucléaire, technologique et énergétique. L'objectif est de consolider les zones d'influence économique et stratégique au-delà de l'Europe de l'Est et de l'Asie, en l'occurrence en Afrique.

Lors du sommet de Saint-Pétersbourg, M. Poutine a indiqué que "les relations avec les pays africains visent à établir des partenariats de coopération et de respect mutuel. La Russie et les pays africains s'unissent pour la formation d'un ordre mondial juste et multipolaire, fondé sur les principes de l'égalité souveraine et du respect des droits des peuples à déterminer leur propre destin.

Le thème central du sommet était la sécurité alimentaire des pays africains, mais les dirigeants africains ne limitent pas leurs relations avec les Russes aux seules livraisons de céréales, d'engrais et d'armes, mais concluent de nouveaux accords de coopération sur le transfert de technologies pour le développement de l'agriculture, la modernisation de l'industrie alimentaire, les processus industriels miniers et énergétiques, le développement de réseaux d'infrastructures ferroviaires, routières et portuaires et la construction de centrales nucléaires.

Les experts estiment que 60 % des terres fertiles de l'Afrique sont sous-exploitées. Le sommet a donc examiné comment la Russie peut aider l'Afrique à développer l'agriculture et l'industrie alimentaire afin de transformer les Africains en grands producteurs de denrées alimentaires dans le monde. De même, la Russie peut contribuer au transfert de technologies pour moderniser l'exploitation minière et la production d'énergie dans les pays africains.

En 2022, les exportations russes vers les pays africains s'élevaient à 20 milliards de dollars et des accords de coopération militaire d'une valeur de plus de 14 milliards de dollars avaient été signés. Les statistiques montrent que le commerce a augmenté de 35 % cette année.

Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est que les dirigeants africains cherchent à agir de manière indépendante et non comme des vassaux des Américains et des Européens dans la nouvelle architecture mondiale. D'où l'importance qu'ils accordent à la Chine et à la Russie en tant que partenaires dont les politiques étrangères ne visent pas à influencer les affaires politiques internes des pays en imposant des prescriptions économiques et politiques. La Chine et la Russie sont au cœur de la nouvelle division néocoloniale de l'Afrique afin de contrôler un marché de 1,4 milliard de consommateurs et les 30 % des richesses minérales et énergétiques mondiales que possèdent les Africains.

@j15mosquera