La fin du silence : la Syrie rompt avec le Front Polisario et redéfinit sa position régionale

Cette décision reflète une nouvelle orientation de la Syrie dans le conflit régional du Sahara marocain, s'éloignant progressivement de l'héritage idéologique qui la liait à l'axe Algérie-Iran.
Pendant des années, la Syrie a gardé un silence remarquable face aux activités secrètes du Polisario sur son territoire, menées sous la supervision d'officiers algériens. Des rapports des services de renseignement ont confirmé que des combattants de ce groupe ont participé à différentes phases de la guerre en Syrie en soutenant les forces du régime de Bachar Al-Assad. La décision de fermer ses bureaux met fin à cette étape et ouvre une nouvelle phase de rapprochement entre Damas et Rabat, dans un contexte régional qui commence à dépasser les anciennes divisions idéologiques.
Ce changement ne peut pas non plus être compris sans tenir compte des efforts diplomatiques intensifs déployés par le Maroc ces dernières années pour renforcer son influence au Moyen-Orient. Rabat a su tirer parti du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe pour promouvoir une relation fondée sur des intérêts communs, loin des tensions idéologiques qui ont longtemps marqué la position syrienne sur le Sahara.
La fermeture des sièges du Polisario, à ce moment précis, représente un revers cuisant pour l'Algérie, qui a utilisé Damas pendant des décennies comme une plateforme pour soutenir son projet séparatiste. Cette stratégie, fondée sur l'alignement de la Syrie sur la rhétorique de la « résistance », s'effrite face à une réalité diplomatique en mutation.
Pour le Front Polisario, cette mesure confirme son isolement croissant sur la scène internationale. Son image a été ternie par des accusations répétées de liens avec des réseaux criminels organisés et terroristes dans la région du Sahel et en Afrique de l'Ouest. Ainsi, sa présence ne représente plus seulement un problème diplomatique, mais aussi une menace pour la sécurité.
La fermeture de ses bureaux en Syrie n'est pas seulement un acte politique ; c'est aussi une décision préventive en matière de sécurité, par laquelle Damas cherche à protéger son territoire contre des éléments liés à la violence, aux crimes contre l'humanité et à l'extrémisme. Dans le même temps, elle envoie un signal clair aux acteurs régionaux et internationaux quant à son engagement en faveur de la stabilité et de l'ouverture.
En définitive, le Maroc a réalisé une avancée stratégique dans sa lutte pour la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara, tandis que l'Algérie subit un nouveau revers diplomatique avec la perte de l'un de ses derniers alliés au Moyen-Orient. Ce changement renforce la position de Rabat et met en évidence l'isolement croissant d'Alger, dans un environnement régional et international qui commence à comprendre que la stabilité passe par le soutien à l'intégrité territoriale marocaine, et non par la promotion de projets séparatistes à la légitimité douteuse et aux implications dangereuses pour la sécurité.
Lahoucine Bekkar Sbaai, avocat au barreau des cours d'appel d'Agadir et de Laayoune, chercheur en migration et droits de l'homme et expert du conflit du Sahara marocain.
Traduction de l'arabe par : Abdessamad Benyaich