Les États-Unis face au dilemme des combustibles fossiles

Lorsqu'on voit une nouvelle Tesla élégante dans un parking ou qu'on entend une compagnie d'électricité annoncer qu'elle se convertit à l'énergie solaire ou qu'elle s'efforce de convertir la sidérurgie du charbon à l'électricité, on peut penser que le pétrole et le gaz naturel sont sur la corde raide, que le charbon a quitté la scène des services publics et que le nouveau monde vert est à portée de main.
Oui, oui, oui, oui, des efforts titanesques sont déployés dans les pays avancés pour réduire l'utilisation des combustibles fossiles. Mais ces combustibles restent dominants et le resteront encore longtemps. La consommation mondiale de pétrole s'élève actuellement à 97 millions de barils par jour. On s'attend à ce qu'elle augmente avant de redescendre.
Aux États-Unis, l'année dernière, selon l'Energy Information Administration, le gaz naturel représentait 39,9 % de la production d'électricité, le charbon 19,7 %, le nucléaire 18,2 % et les énergies renouvelables le reste, bien que ces dernières soient en train de s'imposer rapidement.
Une étude publiée ce mois-ci par l'Agence internationale de l'énergie à Paris prévoit que la production mondiale de pétrole atteindra son maximum en 2030. C'est peut-être vrai. Mais une autre étude de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, également publiée récemment, indique que cela ne se produira pas avant 2045 ou plus tard.
D'une manière ou d'une autre, le pétrole reste la grande enchilada des combustibles fossiles. Progressivement, il pourrait céder la place au gaz naturel, qui est devenu un élément essentiel du paysage électrique américain et mondial. À terme, il deviendra essentiel en tant que carburant maritime.
Le pétrole a été progressivement éliminé de la production d'électricité aux États-Unis, sauf en cas d'urgence. Mais le gaz naturel est devenu le pont, pour ainsi dire, vers les énergies renouvelables, principalement l'éolien et le solaire.
Bien que menacé, le charbon reste un élément essentiel de la production d'électricité aux États-Unis. En Chine et en Inde, sa part est de 50 % et ne cesse d'augmenter.
Même si le pétrole atteint son pic en 2030 ou 15 ans plus tard, il restera le principal carburant des transports pour les décennies à venir. Même si les voitures électriques prennent le relais et que les camionnettes et certains autobus suivent, il faudra attendre longtemps avant que les navires, les trains, les camions interurbains et les avions ne l'abandonnent.
Les nouveaux navires de croisière fonctionneront au gaz naturel, et certains des plus grands et des plus anciens sont sur le point de se convertir. Mais ce n'est pas le cas du reste de la flotte mondiale.
Quelque 55 000 navires marchands sillonnent les océans du monde. Presque aucun d'entre eux ne se convertira au gaz naturel comprimé, qui est beaucoup moins polluant que le pétrole actuellement brûlé en mer, principalement du gasoil résiduel ou du diesel.
La raison en est le coût prohibitif ; l'approvisionnement en carburant est également un problème. De nouvelles infrastructures sont nécessaires pour utiliser le gaz naturel comprimé comme carburant marin.
Les avions ont leur propre problème. Il est dû à la façon dont les jets polluent en altitude, ce qui en fait une puissante source d'émissions de gaz à effet de serre.
Bien que l'on ne connaisse pas avec certitude le nombre d'avions dans le monde, on estime qu'il y a environ 23 000 gros avions, et si l'on ajoute absolument tout ce qui peut être piloté avec un moteur, le chiffre pourrait être plus proche du double.
Les compagnies aériennes, les avionneurs et les motoristes cherchent désespérément des solutions, mais jusqu'à présent, rien de viable n'est apparu. Les batteries sont lourdes et s'épuisent rapidement ; l'hydrogène n'a pas la densité énergétique nécessaire et est hautement inflammable.
Aucune nouvelle technologie ne se profile à l'horizon, mais de plus en plus de gens prennent l'avion, et ce nombre semble exponentiel. Monter, monter et voler est désormais une attente, même pour les personnes aux revenus modestes.
La persistance des combustibles fossiles dans le monde pose un dilemme aux décideurs politiques américains : les États-Unis sont le premier producteur mondial de pétrole et de gaz naturel. Ils disposent d'un excédent de gaz naturel destiné à l'exportation sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Les États-Unis produisent plus de 12 millions de barils de pétrole par jour, mais bien moins que les 19 millions de barils par jour que le pays consomme. L'augmentation de la production nationale de pétrole constitue donc un avantage en termes de sécurité, ce qui inquiète l'administration Biden.
Les exportations de GNL sont importantes non seulement en raison de leur rentabilité, mais aussi de leur effet stabilisateur sur les marchés mondiaux, comme le montre la crise ukrainienne.
Il est dans l'intérêt des États-Unis d'augmenter la production et les exportations de gaz naturel tout en maintenant une pression à la baisse sur la consommation intérieure de pétrole. Une proposition assez simple, à moins que les écologistes et l'administration ne veuillent réduire la consommation et la production de gaz naturel.
La Nouvelle-Angleterre, par exemple, a tenté de se priver de gaz en n'installant pas de gazoducs d'approvisionnement. Aujourd'hui, le GNL qui devrait circuler à l'étranger pour stabiliser et réduire la consommation de charbon est acheminé vers le Nord-Est, une tentative coûteuse et vaine de réduire les gaz à effet de serre.
Maudits fossiles ! On ne peut pas vivre avec eux, on ne peut pas vivre sans eux.
Sur Twitter : @llewellynking2
Llewellyn King est producteur exécutif et animateur de l'émission White House Chronicle sur PBS.