Les relations hispano-marocaines : perspectives et bonnes nouvelles

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Pedro Sánchez avec le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch

Comme à l'accoutumée lorsque des événements importants se déroulent en Espagne, je suis intervenu une nouvelle fois au journal télévisé francophone de la télévision marocaine pour commenter les événements du processus électoral en Espagne, l'investiture et la réélection du Président Pedro Sánchez et les perspectives des relations hispano-marocaines dans cette nouvelle législature qui s'ouvre en Espagne.

En vérité, il était difficile de résumer en cinq minutes tout ce qui s'est passé en Espagne après le 23 juillet. J'ai essayé de me concentrer un peu pour expliquer comment le PSOE, même s'il n'avait pas gagné les élections, avait réussi à réunir cinq partis régionalistes (pour ne pas dire indépendantistes, car Coalición Canaria ne l'est pas...) en plus de ses partenaires de l'amalgame SUMAR pour être investi président du gouvernement espagnol pour la troisième fois.

La vérité est que je ne voulais pas trop m'attarder sur la question à la mode de l'autre côté du détroit de Gibraltar, la question de l'Amnistie, bien que ce ne soit pas une question banale en #Espagne, au #Maroc, la plupart d'entre nous avons une maxime et c'est de ne pas interférer dans les affaires intérieures de nos voisins du Nord.

Il est certain que de nombreux amis et connaissances dans la péninsule ignorent ou n'accordent pas beaucoup d'importance au fait que le Maroc n'a jamais soutenu ou accueilli les groupes indépendantistes catalans et basques, ce qui ne s'est pas produit dans d'autres pays de la région.... Et le fait est que (un message pour les amnésiques et les illusionnés qui tentent d'assimiler les liens historiques entre les deux royaumes à la relation avec un régime militaire archaïque, plus proche de la Russie de Poutine que des valeurs de l'Union européenne...), comme je le disais, dans ce pays de la région, l'infâme Euskadi Ta Askatasuna, ou ETA, a reçu un abri, un financement et un entraînement armé...

Alors que le Maroc n'a jamais apporté son soutien à un quelconque mouvement sécessionniste espagnol.

D'ailleurs, dès 2017, année du référendum unilatéral catalan, l'ancien président de la Generalitat a tenté de se rendre officiellement au Maroc et les autorités marocaines ont été très claires : la visite doit se faire dans un cadre institutionnel parrainé par le ministère espagnol des Affaires étrangères, il n'y a pas de place pour un présumé bilatéralisme avec la Generalitat... et pourtant le président a tenté par tous les moyens de s'attirer, si j'ose dire, la sympathie des gouvernants marocains à plusieurs reprises avec des offres extravagantes....

Le Maroc a toujours été loyal envers l'Espagne en ce qui concerne les mouvements séparatistes et l'Espagne ne l'a malheureusement pas été...
Après avoir résumé le processus électoral et d'investiture en Espagne, j'ai abordé dans l'interview le cœur de la question des relations bilatérales : la politique du nouveau gouvernement espagnol à l'égard du Maroc va-t-elle changer ?

Mon opinion était claire : il n'y aura pas de changements significatifs, mais l'homologue marocain espère qu'il y aura plus de progrès dans les positions politiques et que certains raisonnements dépassés plus typiques de la branche radicale du gouvernement espagnol seront abandonnés, je me réfère évidemment à l'amalgame de SUMAR et à ses approches suicidaires...

IMAGEN ENTREVISTA NMOUATI 2MTV 16 NOVIEMBRE 2023
Entretien avec Nourdine Mouati sur 2MTV Maroc

Pourquoi n'y aura-t-il pas de changements significatifs ?

Pour plusieurs raisons... La première est que l'économie règne ! 

Les échanges commerciaux entre les deux économies atteignent des chiffres extraordinaires, avec une balance commerciale qui penche en faveur de l'Espagne, et plus que jamais, au lieu d'être en concurrence, nous sommes deux économies complémentaires dans plusieurs secteurs stratégiques tels que l'industrie automobile, les énergies renouvelables et l'agriculture. Oui, il y a de plus en plus d'intégration entre les entreprises du secteur agricole des deux côtés de l'Atlantique.

Toutes ces avancées des entreprises espagnoles sur le marché marocain n'ont pas été fortuites et sont le fruit de la volonté politique des hautes autorités marocaines de faire de l'Espagne le principal partenaire économique et commercial du Royaume au détriment d'autres pays...
Aujourd'hui même, une nouvelle très réjouissante, que certains d'entre nous pressentaient déjà, est tombée : le projet de l'usine de dessalement de #Casabalnca, le plus grand projet de dessalement de tout le continent avec un investissement de 800 millions d'euros, sera réalisé et géré par une alliance d'entreprises dont fait partie la multinationale espagnole @acciona. Une grande réalisation qui renforcera encore les liens économiques entre les principales entreprises des deux pays.
Espérons qu'Inshallah, Talgo et la CAF seront en mesure de se positionner dans le méga contrat lancé il y a quelques jours par l'Office National des Chemins de Fer Marocains (ONCF).

Pour en revenir à mon interview à la télévision marocaine, je n'ai pas voulu terminer mon argumentaire sur la pertinence des relations entre les deux pays sans suggérer un changement nécessaire dans la politique étrangère du nouveau gouvernement à l'égard de son partenaire stratégique mondial, ce qui contribuerait à dissiper les doutes qui pourraient entraver ou gâcher les grandes opportunités offertes par l'alliance stratégique entre les deux nations jumelées : Il n'est pas acceptable que l'Espagne continue d'abriter une organisation armée financée par un pays tiers impliquée dans les récentes attaques dans les provinces du sud du Maroc, sans préjudice des actions des ONG qui fournissent une assistance aux réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf, le gouvernement espagnol devrait limiter les activités des terroristes du Polisario sur le territoire espagnol, des terroristes dont les mains sont également tachées de sang espagnol, plus de 350 victimes espagnoles dont malheureusement peu parlent à la détresse et à la douleur de leurs familles.

Dans la relation stratégique entre l'Espagne et le Maroc, nous devons regarder vers l'avenir sans les fardeaux du passé...