L' état de droit dans l'UE

"Malheureusement, des inquiétudes subsistent dans certains États membres, notamment en ce qui concerne l'indépendance du pouvoir judiciaire. Des garanties supplémentaires sont également nécessaires pour assurer que l'indépendance des médias de service public est protégée, que le financement public est adéquat et qu'il n'est pas utilisé pour exercer une pression politique sur les médias".
Vera Jourová, vice-présidente de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence, a présenté le rapport de l'UE sur l'État de droit. C'est la troisième fois que cela se produit, les autorités de l'UE étant conscientes que "l'UE ne restera crédible que si nous défendons l'État de droit chez nous et si nous continuons à renforcer la culture de l'État de droit", selon Didier Reynders, le commissaire à la justice.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a encore renforcé la conviction qu'il est plus que jamais essentiel de faire respecter l'État de droit, car il s'agit de la pierre angulaire de la démocratie. Sa promotion, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'UE, est considérée comme essentielle pour que cet îlot de valeurs et d'espoir, qui est la manière dont l'Union européenne est largement perçue dans le monde, le reste.
Le document, en plus de décrire la situation générale et particulière des 27 pays de l'UE, conclut chaque chapitre spécifique consacré à chaque État membre par une série de recommandations, parfois à caractère péremptoire, afin que l'indépendance du pouvoir judiciaire et la liberté d'expression et de la presse soient préservées. La vice-présidente Jourová ne mâche pas ses mots en "exhortant les États membres à suivre les recommandations, à engager un débat sérieux et à prendre des mesures".
À cet égard, et dans le cas spécifique de l'Espagne, le rapport note que " le renouvellement du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ), en suspens depuis 2018, est un motif de grave préoccupation ", rappelant au passage que la Commission a déjà fait plusieurs recours et ne sait pratiquement pas quoi faire pour que l'Espagne mette fin à cette anomalie. Il préconise un renouvellement immédiat, précédant même la révision du processus électoral, qui devrait également être adapté aux normes européennes en termes de nomination de ses membres.
La Commission rappelle également qu'un amendement juridique empêchant le chevauchement des mandats du gouvernement et du procureur général n'a toujours pas été adopté. Toujours dans cette section, la recommandation rappelle que la coïncidence actuelle des mandats du gouvernement et du procureur général ne tient pas compte des paramètres européens d'indépendance et d'autonomie du ministère public.
L'ensemble du système judiciaire espagnol se fait taper sur les doigts, constatant que "la durée des procédures judiciaires est trop longue, ce qui affecte l'efficacité de la justice, notamment en ce qui concerne les affaires de corruption de personnalités publiques".
En ce qui concerne l'autre grand pilier de la démocratie et de l'État de droit, la liberté d'information, la Commission européenne souligne qu'"il reste des défis à relever en matière de transparence de la propriété de la presse écrite et de mise en conformité de l'indépendance des conseils audiovisuels avec les normes européennes".
Pratiquement tous les pays reçoivent leur propre dose d'avertissements et d'alertes, qui soulignent généralement que la corruption reste une préoccupation sérieuse pour les citoyens de l'UE. À cet égard, l'Eurobaromètre 2022 sur cette question spécifique indique, par exemple, que 68 % des Européens pensent que la corruption est un phénomène répandu dans leur propre pays. Dans certains États membres, les enquêtes et les poursuites dans les affaires de corruption sont longues, comme en Espagne, et les condamnations font encore défaut, surtout dans les affaires de haut niveau.
Le document reconnaît que les fonctionnaires sont soumis à des obligations de déclaration de patrimoine et d'intérêts dans tous les États membres. Toutefois, il note également que ces obligations varient en termes de portée, de transparence et surtout d'accessibilité des informations divulguées, ainsi qu'en termes de niveau et d'efficacité de la vérification et de l'application, deux caractéristiques incontournables d'un État de droit : transparence et accessibilité.