Manœuvres électorales françaises

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Alors que l'ultra-gauchiste Jean-Luc Mélenchon termine de monter une Union populaire de la gauche pour les élections législatives de juin prochain, le camp politique favorable au président réélu de la République française, Emmanuel Macron, lui oppose une alliance confédérale qui s'appellerait Ensemble. En bref, cela signifierait que sur le champ de bataille politico-électoral, les électeurs seraient confrontés exclusivement à une nouvelle version du vieil antagonisme gauche-droite, progressiste-conservateur, ou souverainiste-européiste.

Mélenchon, qui ne s'est pas résigné volontairement à ne pas être le finaliste pour s'opposer à Macron au second tour décisif des récentes élections présidentielles, considère qu'il a de bonnes chances de remporter les élections législatives, ce qui obligerait le président à le nommer premier ministre et à créer ensuite un gouvernement de cohabitation vraisemblablement explosif
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Le point commun entre Mélenchon et l'extrémiste Marine Le Pen du camp opposé est qu'ils se revendiquent tous deux nationalistes, défenseurs acharnés des plus démunis, champions du "social" et prêts à bafouer les règles de l'Union européenne au nom d'un souverainisme prétendument supérieur à celui des citoyens européens, très similaire d'ailleurs à celui que l'on reproche tant à des gouvernements comme ceux de la Pologne ou de la Hongrie. La principale victime du leader de la France Insoumise est le Parti socialiste, qui, dans un dernier souffle, a déjà proposé de rejoindre Mélenchon et son Union populaire presque consommée, comme une dernière bouée de sauvetage. Prenez comme épitaphe celle que l'ancien président François Hollande avait déjà écrite à l'avance : "Le Parti socialiste [s'il signe un accord avec Mélenchon], c'est qu'il a décidé de disparaître."

Macron, en tout cas, n'a pas pris à la rigolade la menace qui pèse sur son projet si les résultats des élections législatives venaient à remettre en cause son projet pro-européen, dont il proclame qu'il serait aussi la meilleure garantie de la prospérité générale, et notamment celle de la France elle-même.
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En route vers la Renaissance

En conséquence, et sous l'égide de Stanislas Guérini, secrétaire général de La République en Marche (LREM), une alliance baptisée Ensemble se met en place, composée de deux autres formations à caractère nettement centriste : Horizons, mené par l'ancien premier ministre de Macron, le maire du Havre, Édouard Philippe, et le Mouvement démocrate (Modem) du vétéran de la politique François Bayrou, peut-être le député qui a surfé le mieux et le plus longtemps sur les eaux agitées de l'Assemblée nationale française depuis qu'il y est entré au début des années 1980.

Autre changement majeur, du moins sur le plan émotionnel, LREM va également changer de nom. Initialement, le nom du parti était simplement En Marche, dont les initiales correspondaient également à celles de l'espoir présidentiel de l'époque, Emmanuel Macron. C'était l'idée de sa propre femme, Brigitte. Plus tard, les lettres LR, la République, ont été ajoutées pour tempérer ce que certains considéraient comme un égocentrisme présidentiel excessif
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Eh bien, pour les élections législatives, le nouveau nom cherchera aussi à enthousiasmer et à exciter les jeunes et les moins jeunes, qui, selon les sondages, en ont assez de la politique et des politiciens. Le nouveau nom choisi pour l'occasion sera donc Renaissance.

Dans les accords déjà esquissés pour Juntos, Renaissance a réservé 400 circonscriptions exclusivement pour elle, laissant 58 pour Horizons et 109 pour Modem. L'alliance stipule donc qu'ils ne se feront pas concurrence et que dans chaque circonscription, il n'y aura qu'un seul candidat sous l'acronyme unitaire d’Ensemble
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On suppose que le camp opposé, celui de l'Union populaire de gauche, fera de même, bien que Mélenchon procède pour l'instant à la constitution d'une liste unique, ayant déjà conclu des accords, sans doute de soumission absolue à sa France insoumise, avec Europe Écologie Les Verts (EELV), les derniers lambeaux du Parti communiste (PCF) et les débris du Parti socialiste (PSF).

Les 577 sièges en jeu seront également décidés en deux tours, un second tour étant inutile si un candidat obtient plus de 50 % des voix au premier tour.  Avec ce schéma d'alliances, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen apparaît au milieu et presque comme un arbitre ayant de bonnes chances de l'emporter, qui aspire également non seulement à consolider son indéniable avance des élections présidentielles, mais même à battre à nouveau Mélenchon, bien que ce dernier soit soutenu cette fois par des groupes qui n'ont même pas pu récupérer leurs coûts électoraux car ils n'ont pas dépassé la barrière des 5% des voix.