
Nayef al-Sudairi, actuellement ambassadeur d'Arabie saoudite en Jordanie, a également été nommé envoyé auprès de l'Autorité palestinienne (AP) et consul général à Jérusalem. Il ne s'agit pas d'une simple nomination visant à pourvoir des postes diplomatiques vacants. C'est la première fois que Riyad place un ambassadeur non résident auprès de l'Autorité palestinienne, soulignant ainsi la ligne habituelle de la politique étrangère saoudienne selon laquelle la résolution de la question ou du problème palestinien ne sera pas sans lien avec la "normalisation" des relations avec Israël.
L'État israélien et les États-Unis aspirent à une adhésion éventuelle de l'Arabie aux accords d'Abraham, que les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan ont déjà signés.
Le fait qu'Al-Sudairi soit également consul général à Jérusalem est également un geste d'une grande importance diplomatique. Il s'agit avant tout d'une reconnaissance des droits des Palestiniens sur la partie orientale de la ville trois fois sainte, qui est restée en leur possession après la partition qui a donné naissance à l'État d'Israël, et qu'Israël a occupée après la guerre des Six Jours (1967). En l'absence d'ambassade, la nomination de Al-Sudairi ne serait pas soumise à l'approbation d'Israël, qui considère Jérusalem comme sa capitale éternelle et indivisible.
La présentation des lettres de créance de Al-Sudairi a eu lieu à la mission de l'Autorité palestinienne à Amman, qui les a remises à Majdi al-Khaleidi, conseiller diplomatique du président Mahmoud Abbas, selon Europe Jewish Press. Qualifiant la cérémonie d'"étape importante dans les relations solides entre deux pays frères [la Palestine et l'Arabie saoudite]", Khaleidi a exprimé les remerciements de Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, à Riyad "pour la position ferme de l'Arabie saoudite en faveur du peuple palestinien et son soutien continu à sa cause dans les forums internationaux".
Il se trouve que le nouvel envoyé diplomatique saoudien auprès de l'AP est un cousin du prince héritier Mohammed bin Salman, qui décide, contrôle et supervise toutes les étapes de la normalisation des relations avec Israël. Généralement connu sous ses initiales, MBS, le véritable homme fort de la monarchie saoudienne aurait exigé de fortes garanties de la part des États-Unis, notamment sur les questions militaires et de sécurité, afin de conclure l'accord envisagé avec Israël.
Début août, le journal américain The Wall Street Journal a affirmé détenir des informations confidentielles selon lesquelles les diplomates de Washington et de Riyad finalisaient déjà les détails de "l'accord de paix au Moyen-Orient le plus ambitieux depuis une génération".
Encouragé par la fuite sans doute intéressée de telles négociations, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré à la chaîne de télévision Bloomberg que "nous sommes à la veille d'un tournant historique, s'il y a une volonté politique, il y aura un moyen de parvenir à une normalisation et à une paix formelle entre l'Arabie saoudite et Israël". Le chef du gouvernement israélien a qualifié d'"énormes" les conséquences économiques pour les investisseurs.
Interrogé à brûle-pourpoint lors d'apparitions ultérieures sur les concessions qu'il serait prêt à accorder aux Palestiniens, Netanyahou a refusé de donner des exemples précis. Il a toutefois esquissé un cadre général : "Je ne serais pas disposé à accorder quoi que ce soit qui mette en péril la sécurité d'Israël, mais cela n'exclut pas la possibilité de discuter d'autres possibilités. Les Palestiniens devraient avoir tous les pouvoirs pour se gouverner eux-mêmes, mais aucun pour menacer Israël, ce qui signifie que dans tout accord de paix final avec les Palestiniens, Israël doit avoir un pouvoir supérieur de contrôle de la sécurité sur l'ensemble de la région. Sinon, nous nous effondrerons et eux aussi".
Appel à l'armée pour défendre la démocratie
Toutes ces initiatives interviennent à un moment où les tensions en Israël restent vives, en raison de la crise provoquée par la détermination du gouvernement à réduire les pouvoirs et l'indépendance de la Cour suprême.
Cela fait maintenant huit mois, trente-deux semaines de manifestations populaires ininterrompues. Si vendredi dernier, le chef de l'armée de l'air mettait en garde contre un affaiblissement de la sécurité du pays face au refus des pilotes de chasse volontaires de se présenter à leur poste, ce week-end, c'est l'ancien général Amiram Levin qui a appelé les Forces de défense israéliennes (FDI) à tenir tête aux ministres les plus radicaux - le ministre des finances Bezalel Smotrich et le ministre de la sécurité Itamar Ben Gvir - qui "nous entraînent dans la perpétration de crimes de guerre". S'adressant à la foule rassemblée autour de l'avenue Kaplan à Tel-Aviv, Levin a conclu son plaidoyer en demandant que "si le moment terrible arrive de choisir entre la Cour suprême et un gouvernement de criminels, choisissez la démocratie. Nous vous soutiendrons sans peur et sans réserve".
L'avenue Kaplan a également été le théâtre de la première manifestation conjointe de Juifs et d'Arabes contre la réforme du système judiciaire du gouvernement Netanyahou. Il s'agit de la "Marche des morts", dont le slogan général était "Pas de démocratie sans Bagatz". Bagatz est l'acronyme hébreu de la Cour suprême d'Israël.
Sondos Alhoot, le promoteur et activiste le plus connu parmi les organisateurs de l'événement, a accusé Smotrich et Ben Gvir, mais aussi Netanyahu, de "faire tout ce qui est possible pour éloigner les Juifs et les Arabes les uns des autres, mais ils n'y parviendront pas".