Procédures de l'UE contre l'Algérie

Ces restrictions ont été mises en place en 2021, puis aggravées à la suite du conflit diplomatique avec l'Espagne, motivé par la volte-face du gouvernement espagnol sur le Sahara. L'UE considère qu'en imposant ces mesures de restriction commerciale, "l'Algérie ne respecte pas ses engagements en matière de libéralisation des échanges" dans le cadre de l'accord d'association UE-Algérie, signé en 2002 et en vigueur depuis 2005.
Bien que l'ouverture de la procédure représente en soi une friction entre les deux parties, l'UE préfère faire appel à son désir de "s'engager de manière constructive avec l'Algérie", notant que les consultations qui devraient avoir lieu résulteront en l'élimination des restrictions qui affectent divers secteurs du marché, des produits agricoles aux véhicules à moteur. La Commission européenne dénonce notamment "un système de licences d'importation mis en place par l'Algérie qui a pour effet d'interdire les importations". En outre, Alger a imposé une condition de subvention à l'utilisation d'intrants locaux pour les constructeurs automobiles, ainsi qu'une limite à la propriété étrangère pour les entreprises qui importent des marchandises en Algérie.
Lors d'une conférence de presse, le porte-parole de la Commission pour les questions commerciales, Olof Gill, a évité de considérer le différend comme une extension du différend entre l'Espagne et l'Algérie, estimant que l'UE dans son ensemble était lésée par les restrictions imposées par l'Algérie. Cependant, l'Espagne est l'un des pays les plus touchés, car le pays nord-africain a fermé l'importation de produits en marbre et en céramique, l'un des principaux aspects du commerce entre les deux pays, et a imposé des restrictions spécifiques sur les mouvements de capitaux avec l'Espagne.
Malgré les belles paroles du porte-parole de l'UE, il est clair que l'ouverture de cette procédure par l'UE à l'encontre de l'Algérie démontre que les efforts pour résoudre les différends à l'amiable ont échoué. Lorsque l'UE prend de telles mesures, elle les justifie toujours par la nécessité de protéger les droits des exportateurs et des entreprises de l'UE opérant dans le pays incriminé, en l'occurrence l'Algérie, et qui subissent un préjudice grave. Aux yeux de l'Europe, les mesures adoptées par le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune portent également préjudice aux consommateurs algériens, dont "l'offre de produits est indûment restreinte".
L'UE est à ce jour le premier partenaire commercial de l'Algérie et représente la plus grande part du commerce international de l'Algérie (50,6 % en 2023). Cependant, les exportations totales de l'UE n'ont fait que diminuer, passant de 22,3 milliards d'euros en 2015 à 14,9 milliards d'euros en 2023. Dans le cas de l'Espagne, la valeur des exportations vers l'Algérie au cours du premier trimestre 2022 était de 472,9 millions d'euros, contre seulement 245 millions d'euros au cours de la même période en 2024.
Il s'agit de la deuxième procédure engagée par l'UE à l'encontre de l'Algérie depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association. En 2020, il n'y a pas si longtemps, Alger a imposé unilatéralement divers droits de douane et a interdit l'importation de voitures. Des pourparlers ont eu lieu entre les deux parties et un accord satisfaisant a été conclu. L'UE préconise qu'il en soit de même aujourd'hui, mais si aucune solution n'est trouvée, Bruxelles demanderait la constitution d'une commission d'arbitrage, ce qui démontrerait clairement l'impossibilité de parvenir à un accord à l'amiable.