Quatrième élection en Israël et personne pour déloger Netanyahou

Benjamin Netanyahu

Eh bien, oui, avec les élections de mardi, il y a maintenant quatre élections générales en Israël en seulement deux ans, et rien n'indique que l'incombustible Benjamin Netanyahu, leader du Likoud conservateur, ne remportera pas à nouveau une victoire au moins insuffisante. Les projets de coalition qui lui font face s'estompent, certaines promesses comme celle du centriste Benny Gantz ont fondu comme un morceau de sucre dans l'eau, et il est à nouveau très improbable que le premier ministre le plus ancien de l'histoire d'Israël puisse être délogé du pouvoir.

Ni ses démêlés avec la Justice pour des délits de corruption présumés, ni les manifestations de protestation hebdomadaires bruyantes et de plus en plus importantes devant son domicile, ni la fatigue de la routine lassante qui consiste à se rendre quatre fois aux urnes avec le même résultat de blocage et à recommencer, ne semblent faire un pli à un Netanyahou qui prend de plus en plus d'ampleur. Malgré tous ses inconvénients, la pandémie a été politiquement rentable pour le chef du gouvernement israélien. Sa campagne de vaccination s'avère un succès, même en comparaison avec la lenteur et les inconvénients des pays de l'Union européenne pour l'administrer. Il a également obtenu le succès diplomatique indéniable de la reconnaissance d'Israël par d'importants pays arabes avec lesquels Israël n'avait jamais été en guerre, et a réalisé des progrès indéniables en termes d'image de pays leader dans la recherche et l'application des technologies les plus modernes à pratiquement tous les secteurs économiques. Un nouveau soft power qui est aussi ou plus décisif pour Israël que sa force militaire incontestable.

En tant qu'animal politique accrédité qu'il est, Netanyahu gagnera à nouveau les élections. Il n'est pas certain qu'il remportera les 61 sièges nécessaires pour avoir la majorité à la Knesset et bénéficier d'une législature stable. Mais il ne se soucie probablement pas de ça. Les cinquièmes élections seront convoquées et, dans l'intervalle, il continuera à gouverner et à remporter de nouveaux succès partiels. Les États-Unis de Joe Biden ne reviendront pas non plus sur la décision de Donald Trump d'installer l'ambassade à Jérusalem, une approbation décisive de la ville trois fois sainte comme capitale éternelle de l'État juif, et les nombreuses colonies de Cisjordanie, par exemple, ne seront pas démantelées. 

Des alternatives passées qui se battent maintenant pour rester sur la touche

Lors des dernières élections, Benny Gantz et sa coalition Bleu et Blanc auraient pu le remplacer, mais il a estimé que face à la pandémie, la chose patriotique à faire était de s'allier à Netanyahou. Le résultat pour lui est que sa coalition s'est désintégrée après avoir déçu ceux qui avaient placé leurs espoirs de changement en lui. Les sondages le placent désormais, lui et son parti, au bord de l'extra-parlementarisme, c'est-à-dire s'il ne parvient pas à franchir le seuil minimum de 3,25 Les sondages ne sont pas non plus généreux avec les trois autres principales forces politiques : le centriste Yesh Atid (Il y a un avenir) de Yair Lapid, et les conservateurs Nouvel espoir de Gideon Saar et Yamina de Naphtali Benet. Il faudrait que ces trois partis connaissent une forte progression et que, dans le même temps, Benny Gantz évite un effondrement total, voire une surprise pour le parti travailliste qui, sous la direction de Merav Michaeli, la seule femme à diriger un parti politique parmi les quatorze susceptibles de se partager les 130 sièges du parlement, tente de renaître de ses cendres. 

Les sondages ne sont pas non plus généreux avec les trois autres principales forces politiques : le centriste Yesh Atid (Il y a un avenir) de Yair Lapid, et les conservateurs Nouvel espoir de Gideon Saar et Yamina de Naphtali Benet. Il faudrait que ces trois partis connaissent une forte progression et que, dans le même temps, Benny Gantz évite un effondrement total, voire une surprise pour le parti travailliste qui, sous la direction de Merav Michaeli, la seule femme à diriger un parti politique parmi les quatorze susceptibles de se partager les 130 sièges du parlement, tente de renaître de ses cendres. 

La campagne de Michaeli est l'une des plus agressives contre Netanyahou, qu'elle accuse sans détour d'avoir mené une campagne de haine pour délégitimer le centre-gauche depuis son intronisation à la tête du Likoud en 1993. Selon lui, ce discours austère et radical a conduit à l'assassinat d'Yitzak Rabin et à la destruction du parti qui avait été déterminant dans la construction de l'État d'Israël depuis sa création en 1948. Au vu des sondages, Michaeli aura assez pour gagner son propre siège et un peu plus, selon les 5 % que les sondages lui donnent, loin des 34 % que Rabin avait obtenus en 1992. 

Il ne semble pas que les Arabes israéliens seront décisifs cette fois-ci non plus. La Liste arabe unifiée, qui, grâce à sa coalition, est devenue la troisième force parlementaire, a subi la scission du Raam islamiste, qui - bonne nouvelle pour Netanyahou - serait prêt à soutenir pour la première fois de son histoire un gouvernement stable présidé par lui.

Il va sans dire que ses partenaires ultra-orthodoxes traditionnels continueront à le soutenir inconditionnellement. Le Shas et le Judaïsme unifié de la Torah ne déplaceront pas leurs votes d'un iota dans une autre direction que celle du soutien à Netanyahou, pas plus que le Parti sioniste religieux, plus ultra-droitier. Par conséquent, que Netanyahou gagne ou non, il restera au pouvoir, même au prix d'un gouvernement en place, et en attendant les nouvelles élections, qui dans ce cas seraient les cinquièmes, qui auront lieu au début de l'été. 

En cours de route, cette édition électorale aura consommé une dépense équivalente à 170 millions d'euros, la plus importante de l'histoire électorale israélienne. Cette forte augmentation est due à l'énorme logistique déployée à l'occasion de la pandémie, afin de garantir que tant les malades de la COVID-19 que les personnes obligées de rester en quarantaine puissent exercer leur droit de vote.